Homélie du dimanche
de la fête du Saint Sacrement C 2019
Carmel de Saint Maur
- Père Maurice BOISSON
Gn 14,18-20, 1Co
11,23-26; Lc 9,11b-17.
"Faites cela en
mémoire de moi".
C'est bien ce que
nous faisons ensemble ce matin dans cette Eucharistie. Non seulement la
commémoration d'un évènement passé : le dernier repas de Jésus avec ses amis,
par lequel il donne sens à sa vie et à sa mort. "Ce pain, ce vin, c'est
moi, ma vie donnée pour vous. Prenez, mangez ce pain, buvez ce vin...
Nourrissez-vous de ma présence, de mon amour, de ma vie donnée, afin que vous
fassiez comme moi j'ai fait pour vous".
"Faites
cela", ce n'est pas : pensez à moi, recueillez vous dans le souvenir et
l'admiration mais faites, agissez aujourd'hui comme j'ai agi moi-même envers
ceux que j'ai rencontrés.
Comme Jésus a nourri
tous ces gens, qui, à la nuit tombante, dans un endroit désert, continuaient de
se nourrir de ses paroles, de retrouver goût à la vie, de fortifier leur
courage et leur espérance. Même les paroles de Jésus ne les empêchaient pas de
sentir la faim dans leur corps. "Renvoie-les", disent les apôtres,
"qu'ils aillent dans les environs chercher de quoi se loger et
manger". Qu'ils aillent!... Nous, on a rien, sinon un petit pique-nique de
quelques pains et poissons. Qu'est-ce que c'est pour des milliers de gens!
Qu'ils aillent voir ailleurs! L'ailleurs, c'est là, ici, dit Jésus, entre vos
mains, en vous. "Donnez-leurs vous même à manger". La participation à
l'Eucharistie nous nourrit de la force et de la présence du Christ. Ce n'est
pas pour conserver cette nourriture dans un frigo ou un congélateur intérieur,
pour nous. C'est pour partager cette nourriture avec d'autres. Ce pain, ce vin,
c'est moi, c'est ma présence, ma vie, mon amour, ma force, dit Jésus, pour que
vous soyez à votre tour nourriture les uns pour les autres.
Ce repas auquel nous
invite Jésus le Christ, à la messe, est un repas pris ensemble, où les absents
ont aussi leur place. "Heureux les invités au repas du Seigneur" et
pas seulement "Heureux nous qui sommes invités". Tous sont invités.
"Prenez, mangez-en tous, buvez-en tous". Communier au corps et au
sang du Christ fait de nous une présence réelle du Christ auprès des autres.
"Donnez-leur
vous mêmes à manger". Mais on a rien, répondent les apôtres. Jésus pris
"le peu" qu'ils avaient, trois fois rien, le béni t et le donna aux disciples pour qu'ils distribuent
"ce peu". Ce trois fois rien est devenu trois fois Saint. Tous furent
rassasiés et il en est resté. Jésus n'aurait jamais pu partager et distribuer à
manger à tous ces gens, s'il n'avait eu dans ses mains "le peu" qu'on
lui a apporté. C'est le sens de l'offertoire de la messe. "Le peu"
que nous avons et que nous sommes, devient "le beaucoup" de Dieu qui
nous est redonné en nourriture intérieure. Il ne s'agit pas seulement du pain
matériel mais des faims et des soifs intérieures, pas toujours exprimées,
lorsque la nuit vient, lorsque l'endroit est désert, même si on est plusieurs.
"Prenez et
mangez". C'est possible pour le Christ si chacun apporte "le
peu" qu'il a dans son cœur et "le peu" qu'il croit être, pour
être partagé, donné, offert. Un petit rien, un regard, un sourire, un bonjour,
une parole agréable, un service qu'on croit banal et dont on s'excuse :
"Oh, ce n'est rien". C'est quelque chose!
Le miracle des pains
n'est pas la multiplication mais le don, le partage, la distribution de ce que
nous sommes et de ce que nous avons, devenu "corps et sang du
Christ". "En mémoire de lui, comme lui-même à fait".
"Prenez et mangez-en tous", c'est moi, c'est ma vie donnée en nourriture
pour que nous soyons nourriture les uns pour les autres. "Faites cela en
mémoire de moi". Faisons-le maintenant dans cette Eucharistie. N'oublions
pas de le faire dans notre quotidien.
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