P JM Bouhans
Un rabbin du 3° siècle avant JC écrivait « le monde tient
sur trois pieds : sur la Torah, sur le culte et sur les œuvres ». Nous
retrouvons dans l’évangile d’aujourd’hui ces trois dimensions mais dans l’ordre
inverse : aumône, prière et jeune. L’idée centrale de ce discours de Jésus, le
discours sur la montagne, le premier enseignement de Jésus dans l’évangile
selon Matthieu c’est que les œuvres traditionnelles de justice doivent plaire à
Dieu et seulement à Lui. L’aumône, la prière, le jeune ne peuvent alimenter
notre ego, notre satisfaction personnelle ou notre image sociale. Elles restent
dans le secret de Dieu. Au temps de Jésus l’aumône était l’œuvre de justice par
excellence mais on lui donnait une certaine publicité pour inciter les
bienfaiteurs à accomplir leurs promesses et susciter l’émulation. La prière
était souvent publique. Le jeune n’était pas très pratiqué dans le judaïsme
officiel mais les sectes le pratiquaient fréquemment et avec un souci de propagande,
de publicité. La question à se poser : « est-ce bien pour Dieu ? pour servir
l’homme ? ou bien est-ce pour moi ? »
Il fut aussi repérer que l’évangile d’aujourd’hui est
amputé de 9 versets : il s’agit du Notre Père… C’est dommage mais maintenant
que nous le savons : au long du carême nous mettrons le « Notre Père » au cœur
de ce qui fera notre carême. Il donnera sens à tout geste de partage, tout
moment de prière, ou toute pratique du jeune. Mettre le « Notre Père » au cœur
de notre carême, c’est un engagement à ne pas faire du carême une pratique
individualiste : chacun(e) s’y engage personnellement mais pour devenir famille
de Dieu.
Le début du livre de Joël raconte une invasion de
sauterelles qui a tout ravagé. Dans une telle catastrophe, ses contemporains
voyaient un châtiment de Dieu. Joël se méfie des pratiques extérieures. «
Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements ». Alors tout peut changer. Ce que
Joël espère c’est une véritable rencontre entre Dieu et son peuple. Revenez au
Seigneur… car le Seigneur pourrait revenir… Un retour qui n’est à sens unique.
Comme le retour de l’enfant de l’évangile où le père court à la rencontre du
fils qui revient.
Deux mots colorent le texte de Paul : ambassadeurs du
Christ et coopérateurs de Dieu. Paul regarde cela comme deux missions, deux
services de Dieu et des hommes : service de la réconciliation, mise en valeur
du don reçu de Dieu. Paul vit cela non pour lui mais parce que c’est le moment
favorable, le jour du salut. Dieu nous interpelle sans cesse, les évènements du
monde aussi… Vivons ce Carême comme un temps favorable, un jour du salut en
ambassadeurs du Christ et coopérateurs de Dieu.
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