P JM Bouhans
La fête de la Présentation nous a détournés de l’épisode
de la libération du possédé de Gérasa et de la perte du troupeau de co-chons.
Et maintenant Jésus revient en Galilée. Et par deux fois, il montre ce qu’il
fait quand la vie s’en va : un chef de synagogue le sollicite pour aller guérir
sa fille. Et une femme souffrant de pertes de sang depuis 12 ans, s’approche et
le touche par derrière. Cette femme n’a plus de statut : impure, elle brave un
interdit pour se mêler à la foule. Elle ne peut plus donner la vie, au
contraire elle la perd. Elle a dépensé tous ses biens, et son état a plutôt
empiré. Bien que vivante, mais elle est déjà morte. Son seul objectif : toucher
Jésus.
C’est aussi le désir du chef de la synagogue pour sa
fille : « Viens lui imposer les mains pour qu’elle vive ». Cette insertion du
récit de la femme pris en sandwich dans le récit qui concerne la jeune fille
est une construction qu’on retrouve quelquefois chez Marc et qui enrichit le
message qu’il veut laisser. Il insiste sur trois aspects : le contact physique.
Le chef de synagogue demande à Jésus d’imposer les mains, la femme veut le
toucher. Jésus sait qu’une force est sortie de lui et demande : « qui m’a
touché ? ». Jésus saisit la main de l’enfant – un geste bien plus simple et
quotidien que l’imposition des mains - et lui dit de se lever. La nature de la
guérison est le deuxième aspect à repérer : la femme perd son sang et se trouve
incapable de donner la vie et la jeune fille morte n’aura jamais cette
possibilité. Et Jésus les rend toutes deux à la vie ; il re-suscite la vie.
Chez la jeune fille, Jésus emmène seulement Pierre, Jacques et Jean – mais il
leur enjoint de garder le secret – Il faut du temps pour comprendre un tel
événement…. Le troisième point c’est la nécessité de la foi pour vivre une
vraie rencontre avec Jésus : Jésus souligne la foi de la femme… et quand on
annonce la mort de la jeune fille, Jésus dit à son père : « crois seulement ».
Quel relief prend alors la lettre aux Hébreux quand son
auteur parle d’endurance et dit d’avoir les yeux fixés sur Jésus. « Jésus est à
l’origine et au terme de la foi ». Jésus ouvre le chemin de la foi chez ceux
qu’il rencontre, le père de la jeune fille et cette femme qui perd son sang…
Leur foi articulée à l’espérance devient endurance. C’est le régime de notre
vie comme c’est celui de la vie du Christ. Avec un mélange de joie et de mépris
de la honte… Jésus ne revendique pas la joie et la victoire éclatante des
orgueilleux, et il « méprise la honte » de la croix où les hommes voulaient le
laisser disparaitre tout autant que cette femme ou cette jeune fille. Pour
Jésus ce qui compte, c’est la foi de cette femme, « ta foi t’a sauvée », et la
nourriture que les parents peuvent donner à cet enfant. Jésus re-suscite la vie
et cette vie se construit aussi avec notre foi et nos actes.
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