dimanche 1 février 2015

Homélie 4e dimanche TO B 2015 -

Homélie 4e dimanche TO B 2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Deutéronome 18,15-20 ; Psaume 94 ; 1 Corinthiens 7,32-35 ; Marc 1,21-28

Quand on ouvre les « infos » ou le journal, ce sont souvent les événements négatifs qui sont présentés et qu’on retient. Ils ne manquent pas : bagarres, vols, crimes, la guerre, violence en tout genre… Et on se dit que le monde va mal, qu’il est pris par des forces mauvaises, contraires à ce qu’on souhaite : paix, justice, bonté, etc.

Et on se dit que nous aussi, à l’intérieur de nous-mêmes, nous sommes tiraillés entre le bien et le mal, entre ce qui nous fait plus humains et ce qui nous rabaisse.

Saint Paul lui-même exprime très bien ce combat intérieur que nous ressentons : « Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas » (Romains 7,9).

Diviser et accuser, c’est l’action et le nom de l’esprit mauvais : diable – diabolos, ce qui divise, contrairement à symbolos - ce qui unit ; comme le Symbole des Apôtres. Celui qui divise – celui qui accuse (cf. Apocalypse 10,10). Il nous divise à l’intérieur de nous-mêmes, d’avec les autres, d’avec Dieu, et aussi la création, la nature.

Le combat intérieur entre l’esprit du mal et l’Esprit tout court est en nous-mêmes et dans le monde : Jésus nous en libère. C’est l’Evangile que nous venons d’entendre.

Dès le début de sa mission au désert, Jésus lui-même est confronté au tentateur, à qui il ne donne pas prise. Dans l’Evangile de ce matin, en pleine assemblée de prière du Sabbat, alors que Jésus enseigne, un homme sous l’emprise de l’esprit mauvais l’interrompt en criant : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? » (Marc 1,24)

Cet homme dit nous parce qu’il n’est pas seul en lui-même ; il en héberge un autre : l’esprit mauvais. Celui-ci s’est senti contrarié, dérangé par la Parole de Jésus et sa présence. Ça l’a mis hors de lui, c’est le cas de le dire. Si le Bien arrange, souvent il dérange parce qu’il révèle les zones du mauvais. Le diviseur-accusateur voulait faire échouer Jésus, le discréditer, l’accuser, diviser sur son identité à lui - Jésus.

Les gens qui étaient là n’étaient pas prêts à reconnaître qui était vraiment Jésus. Ils ne connaissaient que le charpentier de Nazareth, à quelques vingtaines de kilomètre de Capharnaüm.

Jésus répond avec fermeté à cet esprit diviseur et accusateur ; le texte original dit : « Muselle-toi ! » - « Ferme-la ! » et « Déguerpis de là ! » (Marc 1,25)

Jésus identifie cet esprit et le distingue de l’homme qui en est la victime.

Personne ne peut être complètement identifié au mal, au mauvais. « Sors de cet homme ! »

Chaque être humain est plus que le mal qu’il fait. Une partie de ce qu’il est est peut-être prise en otage par le mal, prisonnière du mal, mais pas tout ce qu’il est.

Jésus libère cet homme de cette pression intérieure qui squattait une partie centrale de lui-même et qu’il avait peut-être laissée entrer par faiblesse ou connivence.

Qu’est-ce que nous laissons entrer en nous ? « Ne laisse pas le Prince des ténèbres me parler. »

A quoi fermons-nous la porte ? Un jeune moine dit un jour à un moine âgé – Abba Antoine : « Moi, je n’ai pas de combat. » Abba Antoine lui explique : « Tu n’as pas de combat parce que tu n’as pas de porte ; mets une porte à ton cœur : tu verras que tu as un combat. »

L’esprit du mal cherche à entrer dans le cœur humain.

« L’être humain est beau parce qu’il vient du désir de Dieu » (Saint Catherine de Sienne). Il est beau et il est désiré par l’esprit du mal, pour le détruire, parce qu’il ne le supporte pas. Il le voudrait à son image – à lui – le diviseur-accusateur.

Mais la première image qui est en nous, c’est celle de Dieu, celle de l’Amour, celle du bien, celle du bon. Ce qui est en premier en nous, c’est la grâce, à tous les sens du mot : beauté, bonté, paix, vérité, et grâce : don de Dieu.

Avant le mal, il y a la grâce. Le mal, si radical qu’il soit, ne sera jamais aussi profond que l’Amour, et ne prendra jamais, au bout du compte, la place de l’icône que nous sommes : l’icône de Dieu.

On ne peut jamais vaincre le mal par le mal, on est victorieux du mal par le bien.

C’est le combat pascal du Christ qu’il revit en nous.

Mais, comme notre pauvre homme de cet Evangile, on résiste à cette libération. On y tient encore bien à nos démons ! A nos vieux démons ! Qui nous font agir contre notre bien en nous montrant que c’est pour notre bien !

« Veille, Seigneur, sur la porte de mon cœur et de mes lèvres » (Psaume 141,3).

 

Aucun commentaire: