P JM Bouhans
Jésus dans l’évangile parle de la Loi et des prophètes
pour dire qu’il n’est pas venu pour les abolir. Il y aurait donc pour lui
quelque chose d’intangible du côté de la Loi et des prophètes ? Est-ce le fruit
de l’expérience d’Israël ? Sans doute pas puisqu’au cœur du dispositif des lois
en Israël, il y a le code de l’alliance, les dix paroles du Sinaï – la première
lecture de dimanche dernier. C’est une loi pour les nomades, les premières
générations du peuple de Dieu. Puis vient une seconde Loi, quand le peuple
s’est installé, - le Deutéronome, la deuxième Loi, nous avons entendu ce mot
dans l’énoncé de la première lecture d’aujourd’hui. –. Il y a donc déjà deux
Lois et on se trouve dans un système qui évolue qui s’adapte à ce que vit le
peuple, quand le peuple est davantage installé, sédentarisé. On se trouve
davantage dans l’époque des prophètes. Evidemment on dit que cette Loi vient de
Moïse : une manière de dire qu’elle est importante.
Et Matthieu est le seul des 4 évangélistes à présenter la
réflexion que pas même le plus petit trait de la loi ne doit pas disparaitre.
Cela s’explique : quand Matthieu écrit son évangile, des tensions sont en train
de grandir dans les communautés de Syrie-Palestine. Les pharisiens sont très
actifs pour restructurer le judaïsme après la destruction du Temple. Il était
important de montrer l’attachement des chrétiens à la Loi juive, de montrer que
Jésus se situe bien dans le prolongement de la Loi juive – c’est l’évangile
d’aujourd’hui - . Et si nous avons la curiosité de poursuivre un peu cet
évangile nous verrons Matthieu affirmer la nouveauté de l’évangile. Dans la
suite du texte, Jésus demande par exemple que la justice des chrétiens dépasse
celle des pharisiens, et puis il affirmera six fois : « on vous a dit… Moi je vous
dis ». La Loi pour Jésus n’a rien d’immobile : elle peut changer, elle cherche
le bien, ; elle est à parfaire toujours, pour un accomplissement plus
véritable.
La manière de vivre Jésus n’a donc rien d’un intégrisme
ou d’un fondamentaliste rivé à ne loi. Et dans l’évangile nous le voyons ne pas
respecter scrupuleusement les commandements surtout ceux qui concernent le
sabbat ou de la pureté alimentaire. Il vaut mieux utiliser ce texte de
l’Evangile d’aujourd’hui pour découvrir le sens d’une tradition vivante. A
chacun(e) de nous de trouver une sagesse et une intelligence de la vie – voilà
ce que nous dit la première lecture – et de donner place à cette sagesse et
cette intelligence pour avancer dans la vie.
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