P JM Bouhans
Deux histoires de femmes. Dans la première, une femme
accusée injustement d’avoir commis un adultère, et précisément par ceux qui
voulaient de fait abuser d’elle. Le jeune Daniel est bien le sauveur de cette
femme… même s’il prouve seulement le mensonge de ses accusateurs mais non
l’innocence de Suzanne. Dans l’évangile, nous sommes en face d’un flagrant
délit d’adultère. Jésus est là. Les scribes et les pharisiens semblent
davantage intéressés de surprendre Jésus en faute – « de le mettre à l’épreuve
» -que par la faute de la femme elle-même. Elle est devenue un jouet pour leurs
désirs, une excuse, un outil pour viser Jésus. Du côté de Jésus, une phrase
suffit : « celui qui est sans péché qu’il soit le premier à lui jeter la pierre
». Il ne fit rien d’autre. Tous se sentirent pleinement visés. Et aucun ne
trouva courage pour prendre la première pierre.
La première chose à repérer ; dans les deux histoires, la
femme apparait comme mauvaise et jamais, on ne recherche l’homme avec lequel -
nous devons le supposer - a été commis l’adultère. Dans la première lecture, il
convient de châtier la femme et cela suffit. Et c’est pareil dans l’évangile.
Mais la vérité est-elle là ? Pour Jésus, dans le Règne de Dieu, hommes et
femmes sont égaux ; ils sont fils et filles de Dieu. Il n’y a pas entre eux de
différence dans la dignité ou l’autorité, pour des questions de genre ou
n’importe qu’elle autre raison. L’essentiel est de reconnaitre la dignité de la
femme et de toujours la respecter.
Et la seconde remarque : attention aux accusations autant
les fausses que les vraies. Dans ce qu’il a écrit pour le prochain Synode, le
cardinal Kasper a cette réaction : « personne ne peut tomber plus bas que la
miséricorde de Dieu » : c’est une invitation à être miséricordieux et à toujours
donner une chance à nos frères et sœurs. Même si c’est pour que, lorsque que
d’autres nous prennent en faute, en défaut, ils nous donnent aussi une 2°
chance, une 3°, une 4°, une 5° chance : nous ne savons pas de combien nous
pourrions avoir besoin.
Enfin une dernière remarque : Jésus n’accuse personne, ni
la femme, ni ceux qui voudraient que les pierres pleuvent sur le corps de cette
femme pour rendre la justice et rétablir le droit. Des pierres ne peuvent
rendre la justice. Une loi fut-elle de Moïse peut-elle-même rendre la justice ?
A la femme, Jésus dit d’aller en paix et de ne plus pécher. Aux scribes et
pharisiens, il les invite à prendre conscience qu’il reste encore beaucoup à
nettoyer devant leurs propres portes. Nous ne sommes pas là pour accuser les
autres mais pour célébrer avec tous la joie du pardon que Dieu donne.
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