P JM Bouhans
« Pour qui tu te prends ? » La question des Juifs à Jésus
est peu respectueuse mais radicale et logique. En effet Jésus vient de faire
une promesse que Dieu seul peut accomplir : « Amen, amen, je vous le dis : si
quelqu’un garde ma parole, jamais il ne verra la mort. ». Et cela sème le
trouble chez ses auditeurs. Amen, je vous le dis est déjà une déclaration forte
: le mot amen indique un label divin sur ces paroles. Et avec un double amen
c’est une déclaration plus forte encore, doublement divine Or pour les auditeurs de Jésus, tous meurent
: c’est la constatation la plus courante ! A des êtres mortels, Jésus ne promet
pas autre chose que la victoire définitive sur la mort. « Pour qui tu te prends
?» Es-tu vraiment Dieu en personne et en personne humanisée ? ou bien, es-tu un
charlatan ?
Cette seconde possibilité, nous pouvons l’oublier : nous
avons si souvent admiré sa bonté, son humilité, son respect de la vérité, son
authenticité – comme on le dirait en langage d’aujourd’hui -. Alors cherchons à
comprendre vraiment : en vérité, l’homme Jésus est Fils de Dieu ; il l’affirme
avec force « Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham fût, moi, JE SUIS ».
Là Jésus emploie la double déclaration forte - Amen, amen, je vous le dis.-
mais il va très loin en disant : « moi, JE SUIS ». C’est le nom divin, révélé
par Dieu à Moïse au Sinaï. Il est vraiment Dieu. D’ailleurs il parle de Dieu en
disant « mon Père » et c’est lui qui le glorifie, lui donne du poids.
Alors, les juifs ont encore plus de mal à comprendre :
Eux, ils se disent fils d’Abraham, ses héritiers : leur histoire s’arrête là et
Jésus les invite à remonter plus haut encore… « avant Abraham, moi, JE SUIS ».
Là les juifs ne comprennent plus : pour eux, Jésus est encore jeune – il « n’a
pas cinquante ans »… il ne peut plus vieux qu’Abraham. Pourtant, il parle de
Dieu comme son égal, et il dit « mon Père » quand il parle de lui. Ils ne
comprennent pas ce que Jésus leur propose : vivre maintenant, actualiser les
qualités spirituelles d’Abraham et sa belle utopie d’un peuple libre, dans les
circonstances qui sont celles de chacun(e) et de marcher comme lui vers une
terre où ils pourront vivre. C’est cela vivre en fils et filles d’Abraham. Le
plus sûr dans la vie d’Abraham, c’est qu’il ne comprenait sans doute pas tout
dans les promesses de Dieu. Les juifs qui rencontraient Jésus, eux croyaient
tout connaitre et tout comprendre. De là vient leur difficulté. Relisons la
première lecture mais aussi le psaume et découvrons les promesses faites par
Dieu à ceux et celles qui cherchent aujourd’hui la terre où vivre, en vrais
fils et filles d’Abraham... Vivons pleinement de cette Eucharistie où Dieu nous
confie sa parole et son pain pour notre route.
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