P JM Bouhans
Le livre de Daniel est complexe, fait de morceaux écrits
en hébreu, araméen ou grec. Les Juifs classent ce livre dans les Ecrits de la
Bible. La tradition chrétienne le place plutôt parmi les prophètes.
L’interprétation de ce livre prend des orientations bien différentes.
La première lecture est le début d’une prière et
confession de Daniel, un texte en « nous » qui concerne tout le peuple : « nous
avons péché, nous avons commis l’iniquité, nous avons fait le mal, nous n’avons
pas écouté les prophètes ». Le texte souligne aussi le contraste entre Dieu et
son peuple : « A toi la justice, à nous la honte, hommes de la Judée, de
Jérusalem et de tout Israël… Au Seigneur, la miséricorde et le pardon parce que
nous nous sommes révoltés contre lui ». Un cheminement de la pensée tout à fait
clair et simple : Dieu est fidèle, il tient à son alliance. Il est juste et
miséricordieux, il sait pardonner. Son peuple est rebelle, n’écoute pas les
prophètes, ne pratique pas la Loi. Le seul pont qui peut permettre à nouveau la
rencontre, c’est l’aveu de son péché du côté de l’homme et le pardon du coté de
Dieu. Et l’histoire peut reprendre : Dieu peut nous pardonner, rendre possible
en nous le bien qui est en lui.
L’évangile nous parle de la miséricorde de Dieu. Un
regard sur Dieu qui ressemble à celui de Daniel. Pourtant Luc n’oriente pas ses
auditeurs vers eux-mêmes mais vers les autres. Il place tous ceux qui suivent
Jésus devant un défi vital : cet enseignement se trouve dans le discours dans
la plaine de s. Luc, au moment où Jésus vient de choisir les Douze. Jésus ne
leur propose pas seulement de ne pas faire le mal mais de faire à tous le bien
tel que chacun le désire pour lui-même. Il les invite à le suivre , à vivre
dans la surabondance de l’amour.
Le temps du Carême est un temps propice pour réviser
notre façon de vivre en relation avec les autres, et nous offre comme une carte
routière de l’amour : Dieu est passé sur cette route avant nous : « soyez
miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». Mais il ne prend pas
notre place. Bien plus, il nous fait responsables et nous donne toute notre
place sur ce chemin. Notons les panneaux routiers : « Ne jugez pas… ne
condamnez pas… pardonnez… Donnez… ». Le carême est le temps propice pour
avancer dans notre capacité d’aimer, pour comprendre ceux et celles qui vivent
dans notre famille; notre communauté ou la société en général. Pour ce qui est
du pardon nous savons combien il est difficile de l’offrir ou de le demander.
Et le monde d’aujourd’hui a grand besoin d’amour et de pardon. Cela commence en
chaque personne, chaque famille, chaque communauté qui ose quelque pas vers la
réconciliation.
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