Homélie 32ème dimanche C
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
La
veille de la Toussaint, un journal titrait ainsi : « La mort ? Et après
? Et après tout ! »… Bien des gens s’interrogent sur l’au-delà.
Et après ? Et puis, après, peu importe après tout ! Si les questions sont
nombreuses, les réponses qui sont données sont diverses.
Et
après ? Il n’y a rien, néant, terminus…
Il y
aurait quand même bien quelque chose, on ne sait pas quoi, une vague
destination vers un inconnu.
Certains
aussi croient qu’ils vont se réincarner dans une ou plusieurs existences
successives, dans le monde animal, végétal…
Un
courant de pensée voit le jour actuellement montrant que l’être humain
pourrait, ou pourra ne pas mourir par la grâce de la science et de la
technique, qui iront au-delà des limites humaines.
Il y
a notre foi chrétienne au Christ ressuscité : nous croyons que la mort est un passage
vers la Vie, une vie autre, heureuse, totale, remise à neuf, pour toujours.
Ce
n’est pas le moment de développer tous les essais de réponses à ces questions
de l’après.
Cet
Évangile est tout à fait d’actualité. Y-a-t-il une résurrection ?
Il n’y en a
pas, disent les sadducéens à Jésus. « Ils soutiennent qu’il n’y a pas de
résurrection » nous dit Luc. Mais pour le démontrer, ils présentent un cas
complètement farfelu à Jésus : cette histoire de la femme aux 7 maris
successifs qui meurent l’un après l’autre sans laisser de descendance. La Loi
de Moïse demandait que si un homme a un frère qui meurt en laissant son épouse
sans enfant, il doit épouser cette veuve pour assurer une descendance. On sait
toute l’importance que représentait le fait d’avoir une descendance. Les 7
maris meurent. La femme aussi. Ouf ! Alors, disent les sadducéens qui veulent
piéger Jésus : s’il y a une résurrection, duquel des 7 sera-t-elle la femme ?
On est en plein délire ! En fait, ce n’est pas très loin de certaines questions
actuelles ! Et après ? Est-ce que je vais ressusciter avec mes rhumatismes ?
Faudra-t-il que je me retrouve avec ce voisin ou cette voisine qui m’énerve ?
Surtout pour l’éternité !
Jésus
ne se laisse pas piéger en apportant des précisions sur la situation de cette
femme ou si nous continuerons de porter des lunettes… Il réaffirme que nous
vivrons : Nous aurons « part au monde à venir et à la résurrection d’entre
les morts, nous serons semblables aux anges ». Ça, c’est une bonne
nouvelle ! On va respirer un peu ! Notre vie sera autre, nous serons nous-mêmes
autrement. Ce sera du neuf et pas seulement une simple prolongation de notre
vie ici-bas. Pour prendre quelques exemples : le beau papillon ressemble-t-il à
la chenille dont il est issu ? Pourtant, c’est le même dynamisme de vie. Sainte
Thérèse d’Avila a de très belles pages sur ce thème. La belle tulipe qui sort
au printemps, est-elle la même que le bulbe mis en terre à l’automne ?
Pourtant, c’en est la continuité. Le bel épi de blé, bien doré de juillet,
a-t-il quelque chose à voir avec le grain pourri en terre de l’hiver ?
Pourtant, c’est la même puissance de vie !
Aux
sadducéens refusant la résurrection et se référant à la Loi de Moïse, Jésus
répond en s’appuyant sur Moïse, disant : « Le Seigneur n’est pas le Dieu
des morts mais des vivants. » L’être humain, nous, nous sommes faits pour
la vie et non pour la mort ! Dieu est la source de la Vie, il la donne ! Ce
n’est pas pour la reprendre ou la détruire, mais pour l’accomplir pleinement,
totalement. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant » dit Saint
Irénée de Lyon. La question de l’après, c’est celle de maintenant et d’ici. Que
fais-tu de la vie qui t’est donnée ? Aujourd’hui et ici, qu’est-ce que tu
sèmes, qu’est-ce que tu cultives, en toi, avec les autres, avec Dieu, qui ne
pourra jamais mourir, qui fera que tu ne mourras pas ? Que tu ne pourras plus
mourir, dit notre Évangile, même si tu dois faire le passage incontournable
d’une certaine mort.
Et
après ? Ça dépend de nos choix de vie : Dieu nous dit: « Je mets devant
toi la vie et la mort. Choisis la vie et tu vivras. » (Dt 30,19) Choisir
la vie, c’est choisir d’aimer, comme le Christ, mort et ressuscité. Mourir, ce
n’est pas cesser de vivre, c’est cesser d’aimer. On peut déjà être mort en étant
vivant.
Puissions-nous
dire, comme Thérèse de Lisieux : « Je ne meurs pas, j’entre dans la
Vie », confiants en cette parole de Jésus : « Je suis venu pour
qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » (Jn 10,10)
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