Homélie Jour des défunts
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
« On a beau
avoir la foi ! » me disait quelqu’un hier, revenant du cimetière.
« Ça remue, ça ravive plein de souvenirs et de questions. Qu’est-ce que la
vie ? Qu’y a-t-il après ? …»
Ça remue aussi
parce que nous sommes remis devant notre propre destinée, notre fragilité, le
sens de notre existence, devant les grandes questions de la vie, de la mort, de
l’après, du pourquoi… Ce sont de lourdes questions ! jusqu’à celle de cet
enfant : « Dis, Maman, quand est-ce que Papy il arrêtera d’être mort
? »
En tout cas, ce
jour ne laisse pas indifférent. Quoi qu’on fasse ou quoi qu’on dise, la
Toussaint évoque toujours les défunts. D’ailleurs, ce sont bien les deux
facettes d’une même réalité : notre destinée et le sens de cet avenir et sa
réalisation. Il n’y a pas que les Saints du calendrier, les grands, qui sont
près de Dieu; ceux-là, on les fête chaque jour. Mais les autres ?
Nous avons la
chance, non pas d’avoir des solutions ni des réponses, mais de croire et de
faire confiance en quelqu’un qui a fait l’expérience de la mort et qui a été
relevé de la mort : le Christ. Le Dieu en qui nous croyons est le Dieu des
vivants. C’est la lecture d’Isaïe « Le Seigneur fera disparaître la mort pour
toujours. » On dira « Voici notre Dieu en qui nous espérions, il nous
a sauvés! » (Is 25,8)
Parler de la mort
exige la plus grande humilité car on n’a jamais fait l’expérience, on a
pu accompagné des proches mais on n’a pas fait l’expérience, nous-mêmes.
Comme me disait un prêtre âgé que j’aidais : « Si tu parles de la mort,
n’en dis pas trop ! ». Comme Moïse devant le buisson ardent, il nous faut
retirer nos chaussures, nos gros sabots, nos grandes théories, pour nous
laisser porter par une seule attitude : la confiance, l’espérance, la prière.
L’Évangile vient de nous en dire un mot : « Tous ceux que me donne le
Père, je ne vais pas les jeter dehors, dit Jésus, la volonté de Celui qui
m’a envoyé est que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donné, mais que je les
ressuscite au dernier jour. » (Jn 6,39) Pour que nous ayons la vie
éternelle, pleine et entière pour toujours.
Alors, les
« comment ça se fera, comment on sera… » Ne laissons pas trop courir
notre imagination ! Remettons-nous dans les mains et le coeur de Dieu, comme le
Christ, avec la plus grande confiance.
On demandait à un
prêtre de notre diocèse, connu pour ses bons mots et sa parole facile :
« Tu feras le malin maintenant mais quand tu arriveras là-haut, qu’est-ce
que tu diras ? » « Ah, je m’en doutais ! » répondait-il. Une
belle parole de confiance et d’espérance, qui nous ouvre à la communion des
Saints, célébrés hier.
Le monde de Dieu
et l’humanité d’ici-bas ne sont pas deux mondes, c’est un monde où tout se
tient dans et par son Amour :
- Les vivants que nous sommes, en marche comme des pèlerins vers une terre nouvelle,
- Les vivants qui sont déjà arrivés sur cette terre de Dieu,
- Ceux qui, plus cabossés par la vie, plus atteints par les virus du mal et qui sont soignés dans l’infirmerie de Dieu,
- Ceux qui par le passage difficile et incontournable de la mort accostent sur le rivage de cette terre des vivants.
« Je mets mon
espoir et ma confiance dans le Seigneur, je suis sûr de sa Parole. » (Ps
129)
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