dimanche 27 novembre 2016

Homélie du 1er dimanche de l’Avent, année A



Homélie du 1er dimanche de l’Avent, année A
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson  

                Ça y est ! C’est parti ! Depuis ces jours, les illuminations et animations donnent aux villes, bourgs, villages, maisons, un habit de fête ! On peut se réjouir qu’un peu de tendresse, de chaleur, de lumière, même si c’est extérieur, éclaire un peu le sombre décor de notre monde, avec ses situations difficiles, ses incertitudes, ses violences et ses aspirations. 
                En marchant hier en fin de journée au centre ville de Lons, je pensais à la fin de la première lecture : « Marchons à la lumière du Seigneur » et je rencontre quelqu’un qui me dit : « Ah, ça fait du bien de voir un peu de joie ! »
                À condition que la lumière ne soit pas qu’extérieur et artificielle… C’est un appel à éclairer aussi et surtout l’intérieur de nous-même, éclairer la vie de l’intérieur, c’est le message du temps de l’Avent. « Ce temps est celui des âmes intérieures » écrit Sainte Élisabeth de la Trinité (lettre 250,4).
                L’Avent n’est pas seulement le temps de l’attente et de la préparation à Noël, ce n’est pas avant avec un « a » : Jésus est déjà venu, un jour de notre histoire, dans un pays connu. C’est le premier Noël : Dieu vient habiter parmi nous. Il y est resté.

                Christ est venu, Christ est né, toujours présent, en nous, avec nous, sur nos chemins, présent aussi dans l’Eucharistie que nous célébrons ,« Ce pain est mon corps », présent chaque fois que nous sommes réunis en son nom, chaque fois que nous posons un geste, une parole de bonté, d’aide : « C’est à moi que vous l’avez fait !»
                Christ est venu, Christ est là, Christ reviendra. Nous le redisons après chaque consécration. C’est la signification de ce temps de l’Avent, avec un « e » : ad-venir.


                Ce monde-ci, à la fin des temps, sera transformé, il sera autre, par le retour du Christ qui offrira à son Père, sa création, son monde, sa terre nouvelle, renouvelée dans l’Amour, débarrassée de toutes les pollutions et virus du mal, quelque soit l’appellation. Ce temps de l’Avent nous met devant cet À-venir, qui est notre À-venir, dès maintenant. 

                Dans cet Évangile, Jésus nous dit que nous ne connaissons ni le jour ni l’heure de cette fin des temps. Alors, ne faisons pas chauffer inutilement nos esprits : l’an 2000 est passé, l’an 1000 aussi… Ce qui est réaliste, nous dit Jésus, c’est l’attention de l’Avent :
Être prêts : nous sommes renvoyés à la fragilité de notre vie humaine, « on est peu de chose » comme on dit si bien ! Cette fragilité est exprimée dans l’Évangile :  « Quand l’un est pris, l’autre laissé » « pourquoi lui, pourquoi pas moi…? » Nous sommes renvoyés à l’incapacité de maîtriser une création qui, comme le dit Saint Paul, est en travail d’enfantement et aspire à la révélation finale de Dieu (Rm8,18-30). 
Être prêts : au temps de Noé, c’est-à-dire du déluge, dit Jésus, on ne se doutait de rien, « on n’a rien vu venir » dit-on encore aujourd’hui, on a été pris de court…
C’est un appel à préparer dès maintenant et ici ce monde nouveau. On en revient toujours à la lumière, dans la 2ème lecture : « Revêtons-nous des armes de la lumière, rejetons les œuvres des ténèbres, conduisons-nous (…) comme on le fait en plein jour ». C’est la vision réaliste de la 1ère lecture : ici et maintenant, de nos épées, forgeons des socs de charrue, de nos lances, faisons des faucilles pour la moisson, n’apprenons plus la guerre ! C’est facile à transposer pour nous aujourd’hui : de nos paroles, de nos attitudes, qui blessent et parfois qui tuent et détruisent, posons des actes, des gestes qui unissent, réconfortent… nos poignards de méchanceté peuvent devenir ce qui partagent le pain et l’amitié. Vienne la paix sur notre terre, d’abord en nous-même, « ce temps est celui des âmes intérieures ».
                Alors, en avant pour un bon Avent ! Avec les deux écritures. Dans la lumière, en voyant les lumières de nos places, des maisons, pensons à la lumière intérieure. Il y en a bien besoin. Pour apporter une petite ou une grosse pierre à la réalisation de ce monde de Dieu que l’on attend et espère : l’espérance de l’Avent n’est pas une belle parole du dimanche, mais comme l’écrit Sainte Thérèse d’Avila : Espérer c’est « commencer toujours » (Fondations 29,32).

Bon Avent !

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