Homélie du 1er dimanche de l’Avent, année A
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Ça y
est ! C’est parti ! Depuis ces jours, les illuminations et animations donnent
aux villes, bourgs, villages, maisons, un habit de fête ! On peut se réjouir
qu’un peu de tendresse, de chaleur, de lumière, même si c’est extérieur,
éclaire un peu le sombre décor de notre monde, avec ses situations difficiles,
ses incertitudes, ses violences et ses aspirations.
En
marchant hier en fin de journée au centre ville de Lons, je pensais à la fin de
la première lecture : « Marchons à la lumière du Seigneur » et je
rencontre quelqu’un qui me dit : « Ah, ça fait du bien de voir un peu de
joie ! »
À
condition que la lumière ne soit pas qu’extérieur et artificielle… C’est un
appel à éclairer aussi et surtout l’intérieur de nous-même, éclairer la vie de
l’intérieur, c’est le message du temps de l’Avent. « Ce temps est celui
des âmes intérieures » écrit Sainte Élisabeth de la Trinité (lettre 250,4).
L’Avent
n’est pas seulement le temps de l’attente et de la préparation à Noël, ce n’est
pas avant avec un « a » : Jésus est déjà venu, un jour de notre
histoire, dans un pays connu. C’est le premier Noël : Dieu vient habiter parmi
nous. Il y est resté.
Christ
est venu, Christ est né, toujours présent, en nous, avec nous, sur nos chemins,
présent aussi dans l’Eucharistie que nous célébrons ,« Ce pain est mon
corps », présent chaque fois que nous sommes réunis en son nom, chaque
fois que nous posons un geste, une parole de bonté, d’aide : « C’est à moi
que vous l’avez fait !»
Christ
est venu, Christ est là, Christ reviendra. Nous le redisons après chaque
consécration. C’est la signification de ce temps de l’Avent, avec un
« e » : ad-venir.
Ce
monde-ci, à la fin des temps, sera transformé, il sera autre, par le retour du
Christ qui offrira à son Père, sa création, son monde, sa terre nouvelle,
renouvelée dans l’Amour, débarrassée de toutes les pollutions et virus du mal,
quelque soit l’appellation. Ce temps de l’Avent nous met devant cet À-venir,
qui est notre À-venir, dès maintenant.
Dans
cet Évangile, Jésus nous dit que nous ne connaissons ni le jour ni l’heure de
cette fin des temps. Alors, ne faisons pas chauffer inutilement nos esprits :
l’an 2000 est passé, l’an 1000 aussi… Ce qui est réaliste, nous dit Jésus,
c’est l’attention de l’Avent :
Être
prêts : nous sommes renvoyés à la fragilité de notre vie humaine, « on est
peu de chose » comme on dit si bien ! Cette fragilité est exprimée dans
l’Évangile : « Quand l’un est pris, l’autre laissé »
« pourquoi lui, pourquoi pas moi…? » Nous sommes renvoyés à
l’incapacité de maîtriser une création qui, comme le dit Saint Paul, est en
travail d’enfantement et aspire à la révélation finale de Dieu (Rm8,18-30).
Être
prêts : au temps de Noé, c’est-à-dire du déluge, dit Jésus, on ne se doutait de
rien, « on n’a rien vu venir » dit-on encore aujourd’hui, on a été
pris de court…
C’est
un appel à préparer dès maintenant et ici ce monde nouveau. On en revient
toujours à la lumière, dans la 2ème lecture : « Revêtons-nous des armes de
la lumière, rejetons les œuvres des ténèbres, conduisons-nous (…) comme on le
fait en plein jour ». C’est la vision réaliste de la 1ère lecture : ici et
maintenant, de nos épées, forgeons des socs de charrue, de nos lances, faisons
des faucilles pour la moisson, n’apprenons plus la guerre ! C’est facile à
transposer pour nous aujourd’hui : de nos paroles, de nos attitudes, qui blessent
et parfois qui tuent et détruisent, posons des actes, des gestes qui unissent,
réconfortent… nos poignards de méchanceté peuvent devenir ce qui partagent le
pain et l’amitié. Vienne la paix sur notre terre, d’abord en nous-même,
« ce temps est celui des âmes intérieures ».
Alors,
en avant pour un bon Avent ! Avec les deux écritures. Dans la lumière, en
voyant les lumières de nos places, des maisons, pensons à la lumière
intérieure. Il y en a bien besoin. Pour apporter une petite ou une grosse
pierre à la réalisation de ce monde de Dieu que l’on attend et espère :
l’espérance de l’Avent n’est pas une belle parole du dimanche, mais comme
l’écrit Sainte Thérèse d’Avila : Espérer c’est « commencer toujours »
(Fondations 29,32).
Bon
Avent !
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