Homélie du 22ème dimanche A
Carmel de Saint-Maur — Père
Maurice Boisson
On
dirait qu’on sent un petit air de rentrée ! Ça reprend ! Ou c’est repris,
depuis peu : l’école, le travail, la politique, la paroisse, les associations…
le quotidien… Ça reprend… ou ça continue ! Cette période évoque les
changements, les projets, les soucis, les espoirs devant l’avenir.
La
Parole de Dieu nous est donnée, chaque dimanche et chaque jour, comme
« une lampe sur nos pas, lumière sur la route », disons plutôt sur
nos chemins et nos sentiers !
Que
nous dit-elle aujourd’hui ?
La
prière d’ouverture de cette messe nous fait demander à Dieu « de
développer ce qu’il y a de bon en nous ». Quel beau programme ! Positif,
motivant, et surtout bien utile à tous et à la vie ensemble. « Développer
ce qui est bon en nous en resserrant nos liens avec Dieu ». Nous ne
pouvons pas, tout seuls avec nos propres forces et notre bonne volonté, faire
grandir ce qui nous est donné. Celui qui a semé en nous ce qui est bon, est
aussi celui qui le fait pousser, si, bien sûr, nous y consentons. Il y a du bon
en chacun de nous, il y a un meilleur en tout être humain.
Il y a, dans notre
monde, des ferments, des semences, des fruits de ce qui est bon, beau, dans
l’autre, en nous-mêmes, dans le monde. Bien sûr, ce n’est pas vrai que
« tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », à
commencer par nous-mêmes ! Nous sommes toujours menacés par les forces du mal
et du mauvais qui nous tirent vers le bas et agissent dans le monde. Cela
n’empêche pas qu’il y a, en chacun, du bon, du meilleur, parfois caché, que
nous avons à faire grandir. Si nous
développons cette énergie du bien, nous ferons reculer ce qui abime et détruit
la belle oeuvre du Dieu créateur.
Quel
regard posons-nous sur nous-mêmes ? Nous croyons-nous le ou la meilleur ? Nous
considérons-nous comme nul et bon à rien ? On sait bien que l’on ment souvent à
soi-même dans l’un et l’autre cas. Ajustons plutôt notre regard à celui de Dieu
sur nous : un regard aimant qui nous espère - quelque soit notre situation, qui
nous espère dans la patience, dans la capacité de faire grandir et se
développer en nous ce qui est bon. Dieu nous a créés, Il a créé l’être humain
« à son image et à sa ressemblance » (Gn1,27). C’est l’appel de nos
vies : tendre à ressembler à notre modèle. Développer ce qu’il y a de bon en
nous, c’est aussi permettre que grandisse ce qu’il y a de bon et de meilleur en
l’autre. C’est la belle et difficile tâche de tout éducateur et nous le sommes
tous, d’une façon ou d’une autre, ne serait-ce que par notre exemple, tâche des
enseignants, des familles, des communautés, des associations, de tous ceux à
qui sont confiés une autorité, un pouvoir. Le mot autorité vient du latin qui
signifie « faire pousser, faire croître, grandir », l’autorité étant
de donner le premier l’exemple.
Reste
une question : Qu’est-ce qui est bon ? Saint Paul dans la deuxième lettre le
précise : ce qui est bon est ce qui plaît à Dieu, ce qui correspond à ce qui
est inscrit au coeur de l’humain par le Créateur, ce qui est ajusté au désir de
Dieu sur nous. Ce désir est que nous soyons en accord avec la feuille de route
du Créateur, qui veut notre bien, notre bonheur. Ce qui est bon n’est pas
forcément ce qui est tendance, c’est peut-être aussi, au contraire, d’être à
contre-courant : l’Évangile rencontre la Croix… : « Ne prenez pas modèle
sur le monde présent » nous dit Saint Paul. C’était l’attitude de Pierre,
dans notre Évangile, lui qui n’admettait pas que Jésus, le Messie, puisse nous
aimer jusqu’à donner sa vie pour nous ! Non, pas ça ! « Tes pensées, lui
répond Jésus, ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes. » Ce qui
est bon n’est pas forcément dans le vent. Être dans le vent est l’ambition des
feuilles mortes ! Cela va être la saison …
Ce
qui est bon, c’est ce trésor le plus précieux mis dans le coeur de chacun par
le Créateur, un trésor qui lui ressemble. Il n’est pas fait pour être enfoui ou
enfermé dans un coffre. Il nous est donné pour le faire servir, sans
modération. Tout don de Dieu nous rend donnant, donnant de ce qu’il y a de bon
en nous, donnant de ce qu’il y a en nous de meilleur.
Voilà
un beau programme : « Seigneur, resserre nos liens avec toi pour
développer ce qui est bon en nous ! »
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