Homélie
du 25ème dimanche A
Carmel
de Saint-Maur — Père Maurice Boisson
Dans
cette histoire que raconte Jésus, on imagine bien ces vendangeurs défiler avec
les manifestants de ces jours, levant une pancarte : « A travail égal,
salaire égal ». À leurs yeux, et peut-être aux nôtres, le patron du
domaine viticole a commis une injustice : il donne aux derniers ouvriers
embauchés, qui n’ont travaillé qu’une heure et à la fraîche, le même salaire
que ceux qui ont fait 8 heures en pleine chaleur, à savoir une pièce d’argent
par jour, le salaire habituel. « Tu les traites à égal de nous, ce n’est
pas juste ! » dit l’un d’entre eux. Qu’en est-il ? Il s’agit d'une
parabole. « Comme la parabole qui permet de regarder la TV ! » répondait
un enfant au caté. Les paraboles de Jésus sont des comparaisons, des petites
histoires prises dans la vie, qui nous permettent de voir quelque chose de
Dieu, inaccessible en direct par nos petits cerveaux. Cette histoire n’est pas
à prendre au pied de la lettre, ni à comparer au dernier code du travail.
Cette
parabole nous dit quelque chose de Dieu et de nous-mêmes et nous invite à
ajuster notre façon de penser et d'agir à ceux de Dieu. « Ton regard
est-il mauvais parce que je suis bon ? » Dis le maître à l'ouvrier qui
contestait. « Es-tu jaloux parce que je suis bon ? »
En fait,
dans cette histoire, il n'y a aucune injustice, le contrat est respecté.
Ouvriers et patron se sont mis d'accord pour une pièce d'argent la journée, le
salaire habituel. « Prends ce que je te dois et dont nous étions
convenus et va-t'en ! » Non seulement le maître ne lèse pas les premiers
arrivés mais il embauche même à la fin de la journée des gens qui étaient sans
travail. « Personne ne nous a embauchés. » Ces hommes de la dernière
heure, comme on dit, avaient besoin de cette pièce d'argent pour faire vivre
leur famille une journée. « Je veux donner au dernier venu autant qu'à
toi… parce que je suis bon. Pourquoi es-tu mauvais et jaloux ? Parce que je
suis bon, pourquoi être autrement ? Pourquoi être méchant, mauvais, jaloux
avec tout ce que cela engendre, alors que tu es fait pour être bon comme moi je
suis bon » dit le Seigneur. Pourquoi être autrement que bon ? Si c'est
comme ça, ça ne vaut pas le coup de se donner de la peine pour essayer de mener
une vie honnête, charitable, en bon chrétien. Si ce mécréant de Léon avec la
vie qu'il mène, arrive au paradis en même temps que moi !
Pourquoi
ton regard est-il mauvais et jaloux ? La pièce d'argent donné aux derniers
embauchés n'a rien enlevé aux autres. Ils ont eu ce qui était convenu. Nous
nous rappelons, quand nous étions enfants, nos parents et nous,,. Si un enfant
était plus difficile, comme on dit, nos parents ne disaient pas
: « on t'aime moins que tes frères et sœurs parce que tu le mérites
moins. On t'aime autant, voire plus, parce que, pour le moment, tu as plus
besoin de cette pièce d'argent qu’est notre amour et notre soutien. Cela
n'enlève rien de notre amour pour les autres. » Au contraire, les plus
d'attention, de soutien, d'aide à ceux et celles qui ont le plus besoin
enrichissent tout le monde.
« Pourquoi as-tu un regard mauvais, alors
que tu peux être bon, comme moi je suis bon » dit le Seigneur. « La bonté du
Seigneur est pour tous » nous dit le psaume de ce jour. C'est un don infini qui
dépasse tout calcul, un don inconditionnel pour tous parce que gratuit. Même si
l'on a plein de mérites, on ne le mérite pas ! L'amour est gratuit ou ce n'est
pas de l'amour. « Je veux donner autant qu'à toi parce que je suis
bon. » Au larron, repenti au dernier moment, au fils parti est revenu, à
Marie-Madeleine qui pleure sur ses péchés, à Pierre qui renie et redit son
amour… à toi, à moi, à nous, à chacune et chacun, Dieu donne autant qu’au Saint
le plus célèbre.
«
Les derniers seront les premiers » Il n'y aura jamais un exclu dans le
cœur de Dieu, sauf celui qui, librement, refuse d'aller à la vigne. Quoique !
C'est son secret, celui du maître, de Dieu.
«
Pourquoi ton regard est méchant alors que je suis bon ? » dit le Seigneur.
Pourquoi être autrement ?
Seigneur, aide nous à accommoder notre vue,
nos pensées, nos manières d'être sur ta bonté.
Pourquoi
être autrement ?
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