Homélie du 22ème
dimanche du T.O.C. 2019
Carmel de Saint-Maur
– Père Maurice BOISSON
Si
3,17-18.20.28-29 ; He 12,18-19.22-24a ; Lc 14,1.7-14
C’est un fait divers comme on peut en voir. Des invités à un
repas de groupe se poussent pour se mettre en bonne place, proches des chefs.
Il s’agissait d’un repas chez le chef d’un groupe religieux de pharisiens, un
repas du vendredi soir ouvrant le sabbat. En plus, Jésus vient d’entrer dans la
maison pour y prendre son repas. Quand on connaît les relations de Jésus avec
ces groupes, tous les ingrédients étaient réunis. Jésus, fin connaisseur de ce
qu’il y a dans le cœur humain, bon observateur, ne peut s’empêcher de parler
aux invités. Il dit des paroles qui dérangent, à contre-courant, il pointe du
doigt des manières de faire contraires aux bons usages religieux. On vient
d’entendre ses propos.
Chacun s’estime digne des meilleures places, sans penser que
quelqu’un puisse être plus honorable que lui. Notre suffisance peut nous
aveugler sur la qualité des autres, nous empêcher de reconnaître, et surtout d’accepter,
qu’ils peuvent être dignes d’être plus reconnus que nous-mêmes. « Un autre invité est plus considéré que toi,
cède-lui la place ». Jésus renverse les façons de penser et surtout
d’agir.
Dans le monde de Dieu, le Royaume, ceux
qui ont rang aux yeux de Dieu, sont à la première place alors que la
société dont nous sommes les place en bout de table. Ils sont choisis par Dieu
qui invite parce que personne ne les choisis et surtout ne les invite à monter
vers le haut de la table. Jésus les cite, ces gens, dans cet Evangile et dans
d’autres passages : les pauvres, les boiteux, les aveugles, les estropiés,
ceux qui ne peuvent pas rendre l’invitation. A nous aujourd’hui de voir à qui
correspondent tous ces gens sans vouloir copier littéralement ce que dit Jésus.
Il ne s’agit pas de les inviter à un repas, mais de ne pas considérer moins que
nous celles et ceux qui ne partagent pas notre avis, nos modes de vie, ceux qui
sont estropiés, boiteux, aveugles, non pas physiquement mais qui ne marchent
pas à notre rythme, dont on dit qu’ils sont aveugles parce qu’ils ne voient pas
comme nous, etc.
L’attitude que Jésus dénonce, c’est l’orgueil. L’attitude
que Jésus met en valeur s’appelle l’humilité. C’est le message que donne la
première lecture : « Accomplis
toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. Plus tu
es grand, plus il faut t’abaisser ». C’est le comportement du
Christ : « Du rang qui
l’égalait à Dieu il se fait l’un de nous pour que nous devenions comme
Lui » (Lettre aux Philippiens), « Lui, le Christ, doux et humble de cœur ».
Aujourd’hui, l’humilité peut être considérée comme une
faiblesse, dans une mentalité où il faut être le plus fort, le meilleur même si
on écrase les autres. L’humilité est une vertu, une force intérieure, celle de
considérer l’autre comme « autre que moi » mais pas inférieur à
moi. « La condition de
l’orgueilleux, dit la première lecture, est sans remède, car la racine du mal
est en lui ». « L’humilité
est une qualité de Dieu » dit le Pape François, donc, c’est bon pour
nous. « C’est la règle d’or des
relations » dit encore François. On n’est pas dans les façades, les
paraîtres, mais dans la vérité de ce que nous sommes sans en rajouter, ni en
enlever. Cette vérité nous permet de rejoindre l’autre, les autres, en
profondeur, dans ce que nous sommes vraiment les uns et les autres. L’orgueil,
contraire de l’humilité, « est une
racine destructrice des relations et de la vie sociale ». C’est le
chant de la Vierge Marie, le Magnificat, « Dieu élève les humbles, il disperse les orgueilleux ». Etre
humble est la manière la plus radicale d’aimer, c’est celle de Dieu qui a pris
ce chemin pour nous faire monter aux bonnes places. Sainte Thérèse d’Avila
exprime clairement le message de cet Evangile : « Je ne puis comprendre, écrit-elle, qu’il
puisse y avoir humilité sans amour, ni amour sans humilité » (Chemin
de Perfection 16,2).
Laissons le mot de la fin au mot de la fin de la première
lecture : « L’idéal du sage (de
l’humble), c’est une oreille qui écoute ».
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