Homélie du 25ème
dimanche T.O.C 2019
Carmel de Saint Maur
– Père Maurice BOISSON
Am 8,4-7 ; 1 Tm
2,1-8 ; Lc 16,1-13
Ce dimanche, l’Eglise universelle pour la 105ème
année célèbre la journée du migrant et du réfugié : « Migrants et réfugiés pour un monde
meilleur ».
Être migrant ou réfugié est une situation qui existe depuis
l’origine de l’humanité et depuis l’origine de notre religion. Nous sommes en
2019, les temps, les civilisations ont changé. Ces situations toujours
actuelles se vivent aujourd’hui à l’échelon mondial, elles sont toujours plus
complexes et difficiles. Les opinions, les analyses, les solutions sont objet
de débat, d’oppositions, de confrontations et de recherches.
Le message de la Parole de Dieu de ce dimanche et celui du
Pape François pour cette journée peuvent apporter non pas des solutions
politiques mais peut-être quelques lumières dans le choix de chacun, du moins
dans notre attitude intérieure.
La situation des migrants et réfugiés n’est pas d’abord un
problème mais des personnes concrètes : « Migrants et réfugiés ne sont pas des pions sur l’échiquier de
l’humanité ». Ce qui peut nous interroger, comme chrétiens, c’est
lorsque les réactions de peur, de repli, de refus, pouvant être légitimes,
conditionnent nos façons de penser et d’agir au point de nous rendre fermés,
repliés, sans dire plus, ce qui peut atteindre notre manière de voir, d’accueillir
et de considérer l’autre comme un autre, dans une situation difficile... On
peut exprimer, partager nos façons de voir, mais la pire attitude nous dit
l’Evangile de ce matin c’est l’indifférence. Être indifférent à l’autre, aux
autres, au proche comme au plus loin, c’est notre Evangile : un riche,
dont on ne dit pas le nom mais qui est désigné par ses richesses, ses beaux
habits et ses repas somptueux, un pauvre qui a un nom, le bien nommé
« Lazare », qui veut dire « Dieu aide ». Il est un
malade, indigent, allongé devant le portail de la maison du riche. Il ne
demande rien, il est là. Le riche ne lui fait pas de mal, il n’appelle pas la
police pour le déloger, il ne le voit pas ! Si, il est obligé de le
voir : Lazare est à sa porte mais ça ne le touche pas, il est indifférent,
aveugle intérieurement à la situation de Lazare. L’indifférent ne porte aucun
intérêt à quelqu’un sauf à lui-même.
Ça ne concerne pas seulement les situations de difficultés
matérielles ou de santé, comme celles de Lazare, mais l’état intérieur, les
besoins, les soutiens moraux, les épreuves, les maux intérieurs des proches. Le
Bon Samaritain a vu l’homme blessé, il s’est fait proche, prochain de lui...
Savons-nous nous rendre proches, attentifs, parce que nous savons voir celles
et ceux qui sont en difficulté ! Ça engage notre avenir éternel, c’est la
fin et le message de cet Evangile : ces fossés nés des aveuglements et des
indifférences peuvent devenir des abîmes infranchissables jusqu’après la mort,
où la communication devient impossible. C’est dans la logique. Dieu ne nous
force pas à aimer, à voir, à être attentifs à secourir. Il nous indique la
direction. Notre avenir éternel se joue dans nos relations, ici et
maintenant : ce que tu as fait, ou pas fait, déterminera ton avenir, c’est
le chapitre 25 de Saint Matthieu. La vie éternelle c’est pas du tout cuit... C’est
la belle exclamation de Paul à Timothée dans la 2ème lecture :
« Empare-toi de la Vie
Eternelle » : la Vie Eternelle, il faut la faire, s’en
emparer !...
Dans son message, le Pape François nous dit qu’il ne s’agit
pas seulement des migrants. Il s’agit de la manière dont nous sommes humains
dans nos relations de proximité ou plus éloignées : faire place à la
tendresse (contraire de l’indifférence), « s’ouvrir
aux autres » dit François, « n’appauvrit
pas mais enrichit. Ça aide à être plus humain... » et du coup plus
divin... » .
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