Homélie du 25ème
dimanche T.O.C 2019
Carmel de Saint Maur
– Père Maurice BOISSON
Am. 8,4-7 ; Tm
2,1-8 ; Lc 16,1-13.
On croirait écouter le informations : malversations
financières, fraudes, corruptions, magouilles.Il y a plus de 2000 ans, un
gérant malhonnête fait de fausses factures pour se faire des amis. C’est l’Evangile
d’aujourd’hui.
Il y a 2800 ans, 800 ans avant Jésus, un prophète s’élève
déjà contre ces pratiques, c’est la 1ère lecture : « Vous écrasez le malheureux en
diminuant les mesures, en faussant les balances, en disant : « Nous
achèterons un pauvre esclave pour une paire de sandales ! Jamais je n’oublierai leurs méfaits dit
Dieu ».
Alors, comment Jésus
pouvait-il faire l’éloge de l’intendant malhonnête dont il raconte
l’histoire ? Il constate simplement que ce monsieur est habile pour se
sortir d’affaire. Et Jésus, avec un sourire ironique, nous fait
remarquer : « C’est bien
dommage que vous ne montriez pas autant d’habileté pour faire le bien que ce
gérant en a mis pour frauder ».
En disant cela Jésus nous invite à
faire preuve de plus d’ingéniosité - d’inventivité, par des moyens justes et
honnêtes pour faire le bien : ça ne concerne pas seulement les biens
matériels et l’argent, mais la droiture, la justice, l’honnêteté dans nos relations.
Suite à cette histoire du gérant malhonnête Jésus enchaîne sur notre
comportement par rapport à l’argent et aux biens et il termine sur cette
affirmation décisive : « Vous
ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». Le mot traduit par « argent »
est « Mamon » qui veut
dire : « ce en quoi ont met sa confiance, sa sécurité ». Jésus
nous met en garde quand les biens et l’argent deviennent des idoles qui nous
possèdent au lieu que nous les possédions.
L’argent est nécessaire à la vie. Jésus n’est pas déconnecté
des réalités. Son équipe d’apôtres avait un porte-monnaie, l’Evangile nous dit
que Judas « tapait dedans ». La veille de la Pâques Jésus envoie 2 ou
3 de son équipe acheter des courses pour le repas de fête. L’argent n’est ni
diable ni ange, c’est un moyen de vivre, de survivre pour certains, d’assurer
les besoins de ceux dont on a la charge. L’argent est un moyen d’assurer les
biens communs, une vie sociale décente, pour arriver au bien véritable dont
vient de nous parler Jésus. Il ne condamne pas ni les riches ni les pauvres, il
nous met en garde personnellement et socialement contre la puissance de
l’argent. Aujourd’hui comme hier cette puissance peut devenir « Mamon » :
idole dominatrice - veau d’or, ou source de fraternité - de meilleure humanité.
L’argent permet-il d’acheter seulement des choses ? Ou comme le dit le
Prophète Amos dans la 1ère lecture : « Nous pouvons acheter le faible pour peu ou beaucoup d’argent.».
2800 ans après c’est la même question qui revient : pouvons-nous avec de
l’argent acheter de la vie, des enfants, comme une marchandise ?
L’Evangile nous renvoie à l’essentiel : peut-on tout se
permettre avec l’argent ? Où est la vraie richesse ? Quelle est la
vraie richesse ? Quels sont les biens véritables ? L’argent est-il
vraiment la clef qui ouvre toutes les portes même celle du Bonheur ? Nous
savons bien que non et nous savons aussi que l’indigence et la pauvreté ne sont
pas des clefs du bonheur sauf si c’est un choix libre de vie.
L’argent, les biens, nous dit Jésus, s’ils sont nécessaires
peuvent être trompeurs. Ils peuvent donner l’illusion que c’est le tout de la
vie. De même qu’une certaine pauvreté peut être une illusion quand il faut être
riche pour paraître pauvre.
Cette Parole de Dieu ne nous
donne pas de solutions de gestion, elle nous indique 3 repères : la droiture, la
justice et la recherche du bien véritable de tous. « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire