P JM Bouhans
Le texte de l’Exode suscite bien des controverses… Je ne
vais pas entrer dans les détails. Ce texte tel que nous l’avons est construit à
la manière d’un patchwork qui met ensemble des expériences historiques diverses
et d’époques différentes tant en Egypte qu’en Babylonie ; les premières
ébauches partent d’une critique du pouvoir des oppresseurs. Puis le récit prend
des formes d’épopée grandiose pour soutenir l’espérance du peuple ! Enfin la
rédaction finale essaye de faire découvrir quelque chose du mystère de Dieu.
Et même arrivé à ce point, beaucoup de questions
subsistent. Dieu peut-il envisager un tel massacre dans la mer ? Certains
commentaires disent qu’il pleure au bord de la mer en voyant les eaux rougies
par le sang des égyptiens. Quand quelque chose nous gêne dans la Bible, il faut
peut–être se déplacer vers un autre endroit pour adopter un autre regard, un
autre point de vue. L’auteur n’offre–t-il pas dans ce récit épique un sorte de
miroir pour que chacun regarde sa propre vie sans accaparer Dieu ; les fils
d’Israël auront du mal à vivre la fidélité à Dieu : le pharaon s’entête, a le
cœur endurci ; les fils d’Israël aussi auront la nuque raide... Des 600 000
sortis d’Egypte, un chiffre aux dimensions de l’épopée, il restera deux hommes
seulement au moment d’entrer dans la terre promise. Dieu aura fait mourir le
peuple du désert. Un massacre plus grand que celui des Egyptiens ! Cela nous
sort d’une vision d’un Dieu qui chouchoute un peuple et oublie les autres.
L’auteur de la Bible essaye de nous montrer un Dieu juste qui agit avec tous de
la même manière. Ses manières d’écrire ne sont pas les nôtres mais l’auteur est
souvent plus universel que ce que nous en pensons.
Cette question rejoint l’évangile : la famille de Jésus
voudrait l’accaparer, le tirer de son côté. Et Jésus élargit le cercle : il
étend la main comme pour ouvrir un espace plus large. Le texte commence par des
possessifs : sa mère et ses frères, ta mère et tes frères puis Jésus
questionne, remet en cause : « qui sont ma mère et mes frères ? ». Celui fait
la volonté de mon Père, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère ?
Les possessifs ont disparus, et vivre comme frère, sœur, mère avec Jésus ou
tout autre, est accessible à tous.
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