vendredi 17 juillet 2015

CARMEL DE SAINT MAUR 16 JUILLET 2015, Homélie de Mgr Bouilleret

NOTRE DAME DU MONT CARMEL
CARMEL DE SAINT MAUR 16 JUILLET 2015, Homélie de Mgr Bouilleret

Chères carmélites, frères et sœurs, tout au long de notre vie de croyant nous orientons,  notre personne vers Dieu. Si nous écoutons l’Esprit qui agit au sein de toute créature, nous sommes sans cesse à la recherche de ce Dieu en quête de l’homme. Nous remettons sur le métier à tisser de nos vies, cette attention à tendre vers la communion avec Dieu. Nous savons que cette communion avec Dieu passe par la communion que nous avons avec nos frères et sœurs particulièrement avec les plus proches.

Cette recherche incessante de Dieu à laquelle nous sommes appelés s’origine dans la recherche de Dieu lui-même. Dieu se fait connaître à l’homme.  Il nous cherche encore et toujours. Rappelons-nous la première parole de Dieu dans le livre de la Genèse : « Où es-tu ? ». Il s’adresse à l’homme. Aujourd’hui encore, Dieu dit à chacun et chacun d’entre nous : « Où es-tu ? ». Habites-tu ta vie ou es-tu ailleurs ? Es-tu dispersé ou unifié ? Es-tu sans cesse hors de toi ou nourri de ton humanité ?

Nous nous posons souvent la question : « Qui donc est Dieu ? » Aujourd’hui, nous pouvons aussi nous poser cette question : « Où donc est Dieu ? »  L’habitation de Dieu et l’habitation de l’homme sont des révélations de Dieu et de nous-mêmes. Où donc est Dieu ?

En cette fête de Notre Dame du Mont Carmel, les lectures nous ouvrent des chemins de compréhension.

« Elie monta sur le sommet du Carmel, il se courba vers la terre et mit son visage entre ses genoux… »

Dans la tradition biblique, la montagne est le lieu de l’apparition de Dieu. C’est un lieu retiré où les bruits du monde s’estompent. C’est un lieu propice à la méditation et à la contemplation. Quand nous parlons du ciel comme lieu de la présence de Dieu, nous levons la tête comme si Dieu était présent uniquement là-haut ! Certes,  Moïse reçoit la loi sur la montagne. Le mont Carmel est le lieu source de la tradition d’Elie et du Carmel. Jésus annonce les Béatitudes sur le mont. Il est transfiguré sur la montagne. Il meurt sur le mont du Crâne.

 

Dans l’attitude d’Elie, l’intériorité se donne à entendre dans la position qu’il prend. « Il se courba vers la terre et mit son visage entre ses genoux… »  Si Dieu se cherche en haut, il se cherche aussi dans l’attitude humble de celui qui se plie pour mieux être disponible.

J’aime bien entendre qu’Elie insiste auprès de son serviteur pour scruter l’horizon et regarder si la pluie arrive : sept fois. Au-delà de la symbolique du chiffre sept, c’est la foi et la persévérance d’Elie dont nous rendons grâce. Elie sait que son Seigneur ne lui fera pas défaut. L’attente de la réponse de Dieu est aussi un chemin de purification.

« Femme, voici ton fils… Voici ta mère. »

L’Evangile nous ouvre le chemin de la donation. Nous sommes sur la montagne de la croix. Jésus livre sa vie pour que nous ayons la vie. Quelques femmes fidèles sont là avec la mère de Jésus et le disciple bien-aimé. En confiant le disciple à la femme et la femme au disciple, c’est toute l’humanité qui est confiée dans une attention réciproque. Le don de l’incarnation se poursuit dans cette révélation de la maternité universelle de la mère de Jésus et dans la filiation universelle du disciple. Jésus offre sa filiation et sa fraternité à l’humanité toute entière. Jésus se retire et fait exister le don mutuel nécessaire à toute vie humaine.

« Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme […] pour faire de nous des fils. »

C’est l’Esprit du Fils qui est dans nos cœurs. Où donc est Dieu, si ce n’est dans nos cœurs. L’incarnation et la rédemption s’accomplissent quand l’Esprit fait naître Dieu en nos cœurs. Dieu devient plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes pour reprendre les termes de Saint Augustin.

Frères et sœurs, en ce jour où nous fêtons Marie, notre Dame du Carmel, tournons sans cesse les yeux et le cœur vers Dieu. Laissons-nous toucher par sa prévenance infinie comme Il l’a manifesté sur la croix envers sa mère et envers le disciple.

+ Jean-Luc BOUILLERET

   Archevêque de Besançon

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