Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Genèse 2,18-24 ; Psaume 127 ; Hébreux
2,9-11 ; Marc10,2-16
Je
ne sais pas si c’est une coïncidence, mais ce n’est pas anodin que ce dimanche
nous offre cette Parole de Dieu, le jour où reprend la deuxième mi-temps du
Synode sur la Famille.
C’est
difficile, et ce ne serait pas très honnête, de prétendre aborder en quelques
minutes d’homélie ces situations délicates et complexes touchant le mariage, le
divorce, la famille, les relations homme-femme, etc. On est à la rencontre de
ce qu’il y a de plus profond et de plus fort, aussi de plus difficile dans le
cœur humain : l’Amour donné par Dieu, et la feuille de route proposée par
le créateur pour bien vivre cet Amour.
Dès
l’origine, et c’est vrai pour nous, il y a toujours une distance entre le désir
de Dieu pour nous ajuster à ce désir, et ce que nous vivons réellement. Dieu le
sait bien. Il n’a jamais cessé, dès l’origine, d’accompagner, dans toute
l’histoire de l’humanité, cette marche à la recherche de l’Amour à sa
ressemblance, ce pourquoi nous sommes faits, dit la première lecture.
C’est
un chemin, quel que soit notre état de vie, de chercher à nous ajuster à cette
feuille de route de Dieu pour l’humanité. Si ce chemin est difficile, parsemé
d’échecs et de souffrance, il croise aussi ce bonheur profond d’aimer et d’être
aimé.
Alors,
on pourrait très rapidement traiter ces questions, comme voudraient le faire
les Pharisiens de cet Evangile, en posant une question piège à Jésus :
« Est-ce que c’est permis, ou est-ce que c’est défendu ? …à un mari
de renvoyer sa femme. » Il n’est pas question de la réciproque !
Seule la femme pouvait être renvoyée.
Jésus
ne rentre pas dans ce piège du permis et du défendu. Il nous entraîne plus loin
que vers un code de morale. Il nous conduit à la source, à la direction
indiquée par le créateur, en faisant appel à notre responsabilité.
« Au commencement… Dieu les fit
homme et femme (Marc 10,6) (« Ish / Isha », dit la
première lecture (Genèse 2,23), indiquant la même origine, la même égalité - ce
qui ne veut pas dire être pareil) pour que, s’attachant l’un à l’autre, ils
deviennent un, à l’image de Dieu » ; non pas confondus, mais unis
dans la diversité et la richesse de chacun.
Dieu
n’est pas seul : en lui, chacune des Personnes est distincte, mais unie
dans l’Amour, qui est une source.
L’Amour
- c’est vrai pas seulement dans le mariage mais aussi dans la vie religieuse et
le célibat - s’il est don, est toujours source pour les autres.
« Si
ça ne se passe pas comme ça, répond Jésus, si Moïse a permis que… c’est à cause
de la dureté de votre cœur », du mal qui existe dans l’être humain :
égoïsme, domination, oubli de l’autre…
Jésus
ne traite pas ces situations, douloureuses, à la façon des Pharisiens, à coup
de permis et de défendu. La Croix peut être parfois au rendez-vous de nos
existences. Etre Pharisien, c’est penser qu’on peut être immunisé contre les
morsures de la vie et les blessures des relations.
Jésus
marche avec nous pour nous montrer le vrai chemin de l’Amour, pour nous y
accompagner, soigner les blessures, nous aider à nous relever, à repartir, à
tenir, nous indiquer où sont le bonheur et la joie d’aimer. Il en a
l’expérience.
En
indiquant le GPS de Dieu, et malmené par la dureté de notre cœur, nous invitant
à recalculer sans cesse la direction, Jésus met en lumière notre capacité à
aimer, à durer, à prendre soin des liens qui nous font vivre, à nous ajuster au
désir de Dieu.
Précisément,
sur ce chemin, tous, nous avons besoin de l’énergie, de la source, de celui qui
est Amour et miséricorde.
Prions
pour que le Synode, à la manière de Jésus le Christ, fasse entendre non
seulement du permis et du défendu, mais l’appel de Dieu au meilleur du cœur
humain : aimer en vérité.
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