Synode : un rapport final ouvert et inspirant!
Le Synode des évêques consacré à la famille s’est achevé dans un climat d’espoir. Malgré la délicatesse et la complexité de la tâche qui leur avait été demandée, les pères synodaux ont démontré qu’ils n’entendaient plus se dérober aux questions délicates. Même si certains débats ont été vifs, la rapport final prouve que l’Eglise est aujourd’hui à l’écoute et bien ancrée dans les réalités sociétales.
On ne le niera pas: le synode de la famille a fait des déçus. Ceux qui avaient « limité » les enjeux de cette assemblée aux seules problématiques des divorcés remariés ou de la place des homosexuels dans l’Eglise, comme ceux qui espéraient que les pères synodaux gardent une ligne pure et dure. Mais l’Eglise sort grandie de cette deuxième rencontre consacrée à la famille. Le document final est fidèle à la doctrine mais ils est aussi – et c’est important – bienveillant à l’égard de toutes les familles sans exclusion. Comme l’ont souligné de nombreux observateurs, le rapport se situe pleinement dans l’esprit du pontificat du pape François. Certes, il n’offre pas de solutions toutes faites, et malgré les différences et les diversités il propose des pistes de réflexion et d’action, sous le signe de l’accompagnement et du discernement pastoral, de l’accueil et de la tendresse, sans toucher à la doctrine sur l’indissolubilité du mariage. Attentif aux familles blessées ou en situation irrégulière, le texte ne manque pas de remercier chaleureusement les nombreuses familles chrétiennes qui répondent à leur vocation et mission, y compris lorsqu’elles sont confrontées à des obstacles, des incompréhensions et des souffrances.
Un texte qui se penche sur la vie réelle des familles
En 94 points et une cinquantaine de pages, le rapport final du synode aborde les situations les plus diverses : les mariages mixtes, ou avec disparité de culte, la liberté religieuse, l’éducation des enfants, l’influence des médias, l’importance des écoles catholiques, la protection de la vie à toutes ses étapes, l’avortement, l’euthanasie et la peine de mort, l’adoption, la théorie du genre, la formation des prêtres, la préparation au mariage, l’importance du langage, les migrants, les chrétiens persécutés, les personnes âgées, la pauvreté et l’exclusion sociale, les conflits et les tensions sociales….. Autant de thèmes qui constituent les défis de notre société.
De manière générale, les pères synodaux invitent l’Eglise à adopter une attitude « sagement différenciée ». Par son contenu, notamment son appel à un discernement qu’il convient d’appliquer dans les situations particulières, le rapport final du synode – qui, rappelons-le, a été adopté à une large majorité des deux tiers par les pères synodaux, toutes sensibilités confondues – se révèle particulièrement ouvert et inspirant. Il invite les pasteurs de l’Eglise, mais également les fidèles, à entrer dans la logique de la pédagogie divine, empreinte de patience et de miséricorde, pour avancer, tous ensemble, sur la voie de la vie familiale, telle que rêvée par Dieu. En ce sens, le document invite aussi, entre autres, à une préparation plus soignée au mariage, qui tienne compte de tous les cas particuliers, par exemple celui de couples dont l’un des futurs conjoint est catholique, mais pas l’autre.
Les pasteurs sont donc encouragés à identifier les éléments pouvant favoriser l’évangélisation et la croissance humaine et spirituelle de tous leurs fidèles et à déceler les éléments positifs dans les situations qui ne correspondent pas encore ou qui ne correspondent plus au message évangélique. Toutes les situations doivent être abordées de manière constructive en essayant de les transformer en opportunités de conversion vers la plénitude du mariage et de la famille à la lumière de l’Evangile.
En ce qui concerne, en particulier, la question sensible des divorcés-remariés, le rapport propose une voie de sortie, celle du « for interne ». Avec l’aide d’un prêtre, les fidèles sont invités à prendre conscience de leur situation devant Dieu et à suivre un parcours de discernement. S’appuyant sur l’exhortation de Jean Paul II Familiaris Consortio, le texte souligne en effet que les situations sont très différentes entre elles. Les divorcés remariés doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes en évitant tout motif de scandale. Leur participation peut s’exprimer dans différents services ecclésiaux : il faut donc discerner les formes d’exclusion actuellement pratiquées dans le domaine liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel, qui pourront être surmontées. Cette intégration est nécessaire également pour l’éducation chrétienne des enfants. Pour la communauté chrétienne, prendre soin de ces personnes n’est pas un affaiblissement de sa foi et de son témoignage quant à l’indissolubilité du mariage.
Bien entendu, les nombreux fidèles qui ont fait l’expérience d’un échec conjugal seront invités à vérifier la validité de leur mariage. A propos justement des procès en nullité, à la lumière du récent Motu proprio du Pape François, le texte plaide en faveur de la formation de personnes compétentes, clercs et laïcs, qui se consacreraient en priorité à ce service ecclésial
Une invitation à défendre la vie
Le texte encourage les politiques chrétiens à s’engager en faveur de la promotion et de la défense de la vie et de la famille, de la liberté religieuse et du droit à l’objection de conscience. Il rejette de toute ses forces les interventions coercitives des États en faveur de la contraception, de la stérilisation et de l’avortement, et encourage la redécouverte de l’encyclique Humanae vitae du pape Paul VI, et le contrôle naturel des naissances. Tout en encourageant la rencontre avec les cultures, il souligne que les chrétiens ne peuvent se soustraire au devoir de dénoncer les conditionnements culturels, sociaux, politiques et économiques.
En ce qui concerne les familles ayant parmi leurs membres des personnes à tendance homosexuelle, l’Eglise réaffirme que toute personne doit être respectée dans sa dignité. En revanche, elle se prononce résolument contre le mariage entre personnes de même sexe. Les pères du Synode jugent inacceptable que les Eglises locales subissent des pressions dans ce domaine et que des organisations internationales conditionnent leur aide financière aux pays pauvres à l’introduction de lois instituant le mariage entre personnes de même sexe.
Bref, le rapport final du synode ouvre des perspectives, à partir de l’écoute des personnes et des situations concrètes, mais également de la Parole et de l’Esprit de Dieu. Que va-t-il, ou que peut-il se passer maintenant? Bien que les travaux de la 14e assemblée ordinaire du synode sont désormais clôturés, il est clair que le travail, la réflexion sur la vocation comme les difficultés de la famille vont continuer à tous les niveaux de l’Eglise, celui du pape et des évêques, mais aussi des personnes engagées, dans les diocèses, dans la pastorale des couples et de la famille, et finalement des familles elles-mêmes, premières concernées. Comme Mgr Johan Bonny, représentant des évêques belges au synode, l’avait envisagé dès les premiers jours des travaux synodaux, trois semaines d’échanges ne pouvaient régler toutes les questions, mais un travail de maturation attend maintenant l’Eglise, travail qui devra prendre le temps nécessaire pour porter du fruit.
Une décentralisation opportune
Cette maturation pourra prendre plusieurs formes, qui ne s’excluent d’ailleurs pas mutuellement, et dont les contours transparaissent à travers certains discours ou déclarations tenus lors du synode.
D’abord, en remettant leur rapport au pape François ce samedi 24 octobre, les évêques lui ont demandé de s’exprimer à son tour. Expression qui pourra prendre la forme d’une exhortation, et contenir l’une ou l’autre décision. Cependant, et bien que nous ne puissions présager de ce que va écrire le pape, il semble peu probable que ce futur texte contienne des décisions précises et définitives relatives à la pastorale ou la discipline de la famille dans l’Eglise. En effet, au cours du synode, le pape lui-même a plusieurs fois encouragé ses frères évêques à ouvrir les portes de la miséricorde de Dieu, mais aussi à une nécessaire décentralisation de l’Eglise, permettant aux évêques, dans leurs diocèses et leurs conférences épiscopales respectives, de répondre aux situations pastorales qui se présentent dans leurs Egises locales. François a donc encouragé une dynamique, et il est peu probable qu’il y mette un terme en prenant des décisions contraignantes à ce stade de la réflexion de l’Eglise. Il nous semble plus plausible que le Saint-Père, le cas échéant, encourage les évêques et les fidèles à s’engager résolument dans la dynamique inaugurée par le synode.
En appelant à un accompagnement personnalisé, et à un discernement au cas par cas, le rapport du synode va aussi dans ce sens de la décentralisation de la pastorale de l’Eglise, en matière familiale en l’occurrence.
L’avenir nous apprendra comment le dynamisme pastoral, axé sur la miséricorde, tel que voulu par le pape, prendra des formes concrètes dans l’Eglise universelle, qui est essentiellement communion des Eglises particulières autour de l’évêque de Rome.
C.H./J.J.D. (avec Romilda Ferrauto de Radio Vatican)
On ne le niera pas: le synode de la famille a fait des déçus. Ceux qui avaient « limité » les enjeux de cette assemblée aux seules problématiques des divorcés remariés ou de la place des homosexuels dans l’Eglise, comme ceux qui espéraient que les pères synodaux gardent une ligne pure et dure. Mais l’Eglise sort grandie de cette deuxième rencontre consacrée à la famille. Le document final est fidèle à la doctrine mais ils est aussi – et c’est important – bienveillant à l’égard de toutes les familles sans exclusion. Comme l’ont souligné de nombreux observateurs, le rapport se situe pleinement dans l’esprit du pontificat du pape François. Certes, il n’offre pas de solutions toutes faites, et malgré les différences et les diversités il propose des pistes de réflexion et d’action, sous le signe de l’accompagnement et du discernement pastoral, de l’accueil et de la tendresse, sans toucher à la doctrine sur l’indissolubilité du mariage. Attentif aux familles blessées ou en situation irrégulière, le texte ne manque pas de remercier chaleureusement les nombreuses familles chrétiennes qui répondent à leur vocation et mission, y compris lorsqu’elles sont confrontées à des obstacles, des incompréhensions et des souffrances.
Un texte qui se penche sur la vie réelle des familles
En 94 points et une cinquantaine de pages, le rapport final du synode aborde les situations les plus diverses : les mariages mixtes, ou avec disparité de culte, la liberté religieuse, l’éducation des enfants, l’influence des médias, l’importance des écoles catholiques, la protection de la vie à toutes ses étapes, l’avortement, l’euthanasie et la peine de mort, l’adoption, la théorie du genre, la formation des prêtres, la préparation au mariage, l’importance du langage, les migrants, les chrétiens persécutés, les personnes âgées, la pauvreté et l’exclusion sociale, les conflits et les tensions sociales….. Autant de thèmes qui constituent les défis de notre société.
De manière générale, les pères synodaux invitent l’Eglise à adopter une attitude « sagement différenciée ». Par son contenu, notamment son appel à un discernement qu’il convient d’appliquer dans les situations particulières, le rapport final du synode – qui, rappelons-le, a été adopté à une large majorité des deux tiers par les pères synodaux, toutes sensibilités confondues – se révèle particulièrement ouvert et inspirant. Il invite les pasteurs de l’Eglise, mais également les fidèles, à entrer dans la logique de la pédagogie divine, empreinte de patience et de miséricorde, pour avancer, tous ensemble, sur la voie de la vie familiale, telle que rêvée par Dieu. En ce sens, le document invite aussi, entre autres, à une préparation plus soignée au mariage, qui tienne compte de tous les cas particuliers, par exemple celui de couples dont l’un des futurs conjoint est catholique, mais pas l’autre.
Les pasteurs sont donc encouragés à identifier les éléments pouvant favoriser l’évangélisation et la croissance humaine et spirituelle de tous leurs fidèles et à déceler les éléments positifs dans les situations qui ne correspondent pas encore ou qui ne correspondent plus au message évangélique. Toutes les situations doivent être abordées de manière constructive en essayant de les transformer en opportunités de conversion vers la plénitude du mariage et de la famille à la lumière de l’Evangile.
En ce qui concerne, en particulier, la question sensible des divorcés-remariés, le rapport propose une voie de sortie, celle du « for interne ». Avec l’aide d’un prêtre, les fidèles sont invités à prendre conscience de leur situation devant Dieu et à suivre un parcours de discernement. S’appuyant sur l’exhortation de Jean Paul II Familiaris Consortio, le texte souligne en effet que les situations sont très différentes entre elles. Les divorcés remariés doivent être davantage intégrés dans les communautés chrétiennes en évitant tout motif de scandale. Leur participation peut s’exprimer dans différents services ecclésiaux : il faut donc discerner les formes d’exclusion actuellement pratiquées dans le domaine liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel, qui pourront être surmontées. Cette intégration est nécessaire également pour l’éducation chrétienne des enfants. Pour la communauté chrétienne, prendre soin de ces personnes n’est pas un affaiblissement de sa foi et de son témoignage quant à l’indissolubilité du mariage.
Bien entendu, les nombreux fidèles qui ont fait l’expérience d’un échec conjugal seront invités à vérifier la validité de leur mariage. A propos justement des procès en nullité, à la lumière du récent Motu proprio du Pape François, le texte plaide en faveur de la formation de personnes compétentes, clercs et laïcs, qui se consacreraient en priorité à ce service ecclésial
Une invitation à défendre la vie
Le texte encourage les politiques chrétiens à s’engager en faveur de la promotion et de la défense de la vie et de la famille, de la liberté religieuse et du droit à l’objection de conscience. Il rejette de toute ses forces les interventions coercitives des États en faveur de la contraception, de la stérilisation et de l’avortement, et encourage la redécouverte de l’encyclique Humanae vitae du pape Paul VI, et le contrôle naturel des naissances. Tout en encourageant la rencontre avec les cultures, il souligne que les chrétiens ne peuvent se soustraire au devoir de dénoncer les conditionnements culturels, sociaux, politiques et économiques.
En ce qui concerne les familles ayant parmi leurs membres des personnes à tendance homosexuelle, l’Eglise réaffirme que toute personne doit être respectée dans sa dignité. En revanche, elle se prononce résolument contre le mariage entre personnes de même sexe. Les pères du Synode jugent inacceptable que les Eglises locales subissent des pressions dans ce domaine et que des organisations internationales conditionnent leur aide financière aux pays pauvres à l’introduction de lois instituant le mariage entre personnes de même sexe.
Bref, le rapport final du synode ouvre des perspectives, à partir de l’écoute des personnes et des situations concrètes, mais également de la Parole et de l’Esprit de Dieu. Que va-t-il, ou que peut-il se passer maintenant? Bien que les travaux de la 14e assemblée ordinaire du synode sont désormais clôturés, il est clair que le travail, la réflexion sur la vocation comme les difficultés de la famille vont continuer à tous les niveaux de l’Eglise, celui du pape et des évêques, mais aussi des personnes engagées, dans les diocèses, dans la pastorale des couples et de la famille, et finalement des familles elles-mêmes, premières concernées. Comme Mgr Johan Bonny, représentant des évêques belges au synode, l’avait envisagé dès les premiers jours des travaux synodaux, trois semaines d’échanges ne pouvaient régler toutes les questions, mais un travail de maturation attend maintenant l’Eglise, travail qui devra prendre le temps nécessaire pour porter du fruit.
Une décentralisation opportune
Cette maturation pourra prendre plusieurs formes, qui ne s’excluent d’ailleurs pas mutuellement, et dont les contours transparaissent à travers certains discours ou déclarations tenus lors du synode.
D’abord, en remettant leur rapport au pape François ce samedi 24 octobre, les évêques lui ont demandé de s’exprimer à son tour. Expression qui pourra prendre la forme d’une exhortation, et contenir l’une ou l’autre décision. Cependant, et bien que nous ne puissions présager de ce que va écrire le pape, il semble peu probable que ce futur texte contienne des décisions précises et définitives relatives à la pastorale ou la discipline de la famille dans l’Eglise. En effet, au cours du synode, le pape lui-même a plusieurs fois encouragé ses frères évêques à ouvrir les portes de la miséricorde de Dieu, mais aussi à une nécessaire décentralisation de l’Eglise, permettant aux évêques, dans leurs diocèses et leurs conférences épiscopales respectives, de répondre aux situations pastorales qui se présentent dans leurs Egises locales. François a donc encouragé une dynamique, et il est peu probable qu’il y mette un terme en prenant des décisions contraignantes à ce stade de la réflexion de l’Eglise. Il nous semble plus plausible que le Saint-Père, le cas échéant, encourage les évêques et les fidèles à s’engager résolument dans la dynamique inaugurée par le synode.
En appelant à un accompagnement personnalisé, et à un discernement au cas par cas, le rapport du synode va aussi dans ce sens de la décentralisation de la pastorale de l’Eglise, en matière familiale en l’occurrence.
L’avenir nous apprendra comment le dynamisme pastoral, axé sur la miséricorde, tel que voulu par le pape, prendra des formes concrètes dans l’Eglise universelle, qui est essentiellement communion des Eglises particulières autour de l’évêque de Rome.
C.H./J.J.D. (avec Romilda Ferrauto de Radio Vatican)
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