Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Jérémie 31,7-9 ; Psaume 125 ; Hébreux
5,1-6 ; Marc 10,46b-52
« Avec
cette heure d’hiver, on est toujours dans la nuit ! La nuit vient
tôt. »
Les
réflexions ne manquent pas ! On n’aime pas être dans la nuit ! On a
peur de la nuit ! Ce n’est pas notre milieu naturel. On est fait pour la
lumière. La lumière est source de vie.
Bartiméee,
lui aussi, aspirait à la lumière.
Non-voyant,
mendiant, assis au bord du chemin, enveloppé des ténèbres et de son vieux
par-dessus râpé… « Que veux-tu que
je fasse pour toi ? » - lui demandera Jésus (v.51). « Que je retrouve la vue ! »
… « Que je voie la lumière ! Que je te voie ! »
Comme
Bartimée, nous ne désirons pas seulement la lumière extérieure, mais ce qui
peut nous éclairer intérieurement sur notre vie, nos choix, sur nous-mêmes, sur
ce qui arrive, sur les événements du monde : « Je n’y vois plus
clair ! Je suis dans le brouillard ! – ou dans la nuit. » Mais
aussi : « Telle rencontre, telle personne, m’ont éclairé. »
On
pourrait tous s’appeler Bartimée : des chercheurs de lumière, des
mendiants de lumière.
Si
Bartimée était non-voyant, il avait l’oreille fine ! C’est souvent comme
ça ! Dans le brouhaha d’une foule, il entend que c’est Jésus de Nazareth
qui passe. Il avait entendu parler de lui, bien sûr, et un grand désir s’était
fait jour dans son cœur : le voir en vrai, ce charpentier de Nazareth, le
voir de ses yeux de chair. Alors il crie, pour se faire entendre au milieu de
cette foule – non pas : « Rends-moi la vue ! » -
mais : « Prends pitié de
moi ! » (v.47) « Arrête-toi – regarde-moi –
écoute-moi ! »
Ces
appels qui précisément sont en pleine consonance avec le cœur de Dieu, ces
appels que beaucoup de suiveurs de Jésus voulaient étouffer, ils gênent :
« Faites-le taire ! »
Jésus,
lui, s’arrête – il a entendu. Il fait appeler le gêneur, malgré ceux qui
veulent empêcher cet homme d’accéder à la lumière. Bartimée est la priorité.
Quelle
belle leçon d’attention, d’écoute, de compassion, vis-à-vis de cet empêcheur
d’être bien entre nous, tout près de Jésus !
« Appelez-le ! » (v.49) Cette attitude de Jésus fait réagir.
« Confiance, lève-toi, il
t’appelle. »
Trois
mots qui se propagent à travers une foule auparavant fermée, jusqu’à Bartimée.
Jésus
fait bouger, changer.
Un
appel pour nous à être de ceux qui encouragent, qui redonnent confiance et
espérance ; un appel à être relai de l’attention, de l’écoute et du regard
du Christ, lui-même à contre-courant.
Nous
pouvons relayer ce regard aimant et attentionné de Jésus, ou relayer celui de
la foule qui veut faire taire et laisser dans les ténèbres.
Parce
qu’il se sait entendu, vu, reconnu, notre Bartimée bondit à la rencontre de
Jésus, après avoir jeté son vieux manteau – signe d’un passé, d’un rejet, d’un
repli. Il court sans encore voir, mais les yeux du cœur sont plus voyant, qui
vont à la source : la confiance, la foi, met en route, fait se relever,
quitter ses vieux habits de ténèbres pour laisser jaillir le désir du cœur, de
l’être tout entier.
« Rabbouni, que je retrouve la
vue ! » - « Va, ta foi t’a sauvé » – dit Jésus
(v.52).
Notre
ami, assis au bord de la route, cette fois il prend la route : il suit
Jésus sur le chemin, les yeux grands ouverts, les yeux du corps et les yeux du
cœur.
Il
est regardé avec amour, il peut voir du même regard.
Nous
sommes tous des Bartimée, chercheurs, mendiants de la lumière : « Aie
pitié de moi ! Que je retrouve la vue ! »
« Jésus
le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas la nuit m’habiter, ni me parler.
Aide-moi à ne pas être un obstacle pour ceux qui cherchent la lumière, mais un
relai de ton regard, de ton écoute, de ta parole, de ton geste qui relève,
appelle, encourage et éclaire.
Jésus
le Christ, lumière intérieure, donne-nous d’accueillir la lumière de ton cœur
pour en renvoyer quelques rayons. »
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