P JM Bouhans
On a trop présenté Joseph qui suspecte l’attitude de
Marie et flaire un adultère. Comme si Marie et Joseph étaient deux fiancés qui
ne se parlent pas. Suivons l’évangile pas à pas. Marie fut trouvée enceinte par
l’action de l’Esprit Saint. Joseph n’apprend pas que Marie est enceinte mais
qu’elle est enceinte par l’action de l’Esprit-Saint. Et Joseph, homme juste, ne
se met pas en travers du chemin de Dieu. Il cherche à se retirer sur la pointe
des pieds : il veut renvoyer Marie en secret… pour laisser Dieu continuer son
projet en elle.
Mais en s’éloignant, Joseph remet en cause le projet de
Dieu, qui veut enraciner son fils dans la lignée de David. Un messager de Dieu
vient donc lui révéler le projet de Dieu – comme autrefois à un autre Joseph,
le roi des songes - : il commence par lui dire : « Joseph, fils de David, ne
crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse ». C’est bien au fils de David
qu’il s’adresse et la crainte de Joseph n’est pas celle d’un supposé adultère
mais une attitude religieuse devant ce que Dieu est en train de réaliser en
Marie.
La même crainte qui s’emparait de Pierre l’autre jour, après la pêche
d’une grande quantité de poissons : « Eloigne-toi de moi ». La crainte qui nait
devant ce que Dieu est en train de réaliser. Une crainte qui devient bien vite
une mission… « Marie enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus ».
Joseph a bien sa place à tenir.
Matthieu donne ici une double filiation de Jésus : Une
filiation humaine, qui s'exprime à travers la longue généalogie qui précède ce
texte, et qui inscrit Jésus dans la descendance messianique de David. Et une
filiation divine, qui s'accomplit en Marie. Quatre siècles plus tard, le
concile de Chalcedoine parlera des deux natures du Christ. Seulement, ces deux
natures ne s'ajoutent pas l'une a l'autre, ni ne se détruisent. Au contraire,
Joseph reçoit de Dieu le Père le pouvoir d'être vraiment père de Jésus, et
l'origine divine du Christ ne dissout pas son humanité mais au contraire permet
et consacre son enracinement dans la condition humaine. Et aujourd’hui encore,
Dieu ne dissout jamais notre liberté, mais au contraire la consacre, en
révélant a chacun sa vocation dans son dessein du Salut, en nous faisant naitre
à notre mission.
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