Homélie 25° dimanche C
Carmel de Saint-Maur – P. Maurice
Boisson
On se croirait au journal télévisé ou
à une revue de presse en écoutant cet Evangile : fraudes, fausses factures,
corruption, affaires, etc...!
Il y a 2000 ans, un gérant malhonnête
falsifie des factures pour se faire des amis, qui lui viendront en aide quand
il sera licencié pour pratiques malhonnêtes. En faisant l'éloge de ce gérant,
Jésus n'admire pas les magouilles et les mensonges. Il constate simplement son
habileté à s'en sortir, provisoirement, d'affaire... Et dans une pointe
d'humour, il dit à ceux qui l'écoutaient : " C'est bien dommage que vous
ne montriez pas autant d'habileté et d'ingéniosité pour faire le bien que cet
homme n'en met pour s'en tirer par la fraude et le mensonge. Toujours actuel !
Il y a environ 2800 ans, c'était déjà
les mêmes pratiques, décrites dans la 1ère lecture, qui provoquent la colère du
prophète Amos : "Vous qui écrasez le malheureux, vous dites : Diminuons
les mesures, faussons les balances, augmentons le prix et nous pourrons acheter
un pauvre gars comme esclave, pour une paire de sandales!"
Le prophète Amos, qui parle au nom de
Dieu, dénonce violemment ces injustices et le mépris des malheureux. "Je
n'oublierai aucun des méfaits de ceux qui agissent ainsi", dit Dieu. Il
s'agit de méfaits, d'actions mauvaises et nuisibles, non seulement pour les
personnes victimes de tels procédés mais pour toute la collectivité et pour
ceux qui pratiquent ces actes mauvais car ils se détruisent, même si,
apparemment et provisoirement, ils semblent prospérer.
Je n'invente pas. C'est la Parole de
Dieu de ce dimanche, on ne la choisit pas. Elle vient toujours nous provoquer,
pour notre bien et le bien de tous et nous dire le désir de Dieu sur
l'humanité, sur chaque personne. Il s'agit aujourd'hui d'un aspect extrêmement sensible
et présent dans la Bible, pour notre vie d'hommes et de femmes chrétiens. La
justice, l'honnêteté, la droiture, la vérité, dans les affaires comme dans les
relations personnelles. Il s'agit du respect, du soutien des plus faibles et
des plus fragiles, c'est-à-dire de ceux qui, malgré leur bonne volonté, n'ont
pas accès non seulement à de l'argent, nécessaire, mais à la dignité et aux
droits inaliénables de toute personne humaine.
A la suite des prophètes d'hier et
d'aujourd'hui, l'enseignement de l'Evangile et de l'Eglise, sur les questions
de la vie sociale est très fort, très actuel et méconnu. Ce n'est pas une
matière à option. Dieu, dès l'origine, dès Caïn et Abel, s'est toujours engagé
lui-même sur ces questions. Ce sera même un critère décisif pour le jugement
définitif.
La justice, la droiture, la vérité,
l'honnêteté, le respect de l'autre ne s'appliquent pas seulement dans les
affaires financières et sociales. Il s'agit surtout, parce que le reste en
découle, de nos relations, dans la vie courante, de nos comportements concrets.
Nous pouvons aussi être tentés de fausser nos propres balances, d'augmenter ce
que nous pensons valoir, nous arranger de malversations, de coups fourrés, de
choses peu claires... Nous, les fils de la Lumière, comme nous appelle Jésus, qui nous demande d'être
clairs, clairs-voyants, clairs-agissants...
La Parole de Jésus est dure mais elle
est vraie : c'est l'expérience. Elle est un repère pour le vivre-ensemble.
"Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance
aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une
grande." C'est la morale de cette histoire du gérant malhonnête et de la
colère du prophète Amos. Cela n'empêche pas que l'on peut se tromper, sans le vouloir,
qu'on peut être trompé, qu'on peut aussi se laisser tenter. C'est la conscience
qui est lumière au cœur de tout homme, la Lumière et la Force de Dieu pour
faire le Bien.
Au fond, la question d'aujourd'hui
rejoint celle de la journée du patrimoine : "Où est la vraie richesse de
l'être humain ? Où sont la beauté, la valeur, la grandeur, la destinée de tout
être humain, de nous-mêmes ? Où est le vrai patrimoine de l'humanité : les
vraies richesses de l'humanité ??
C'est l'oraison de cette messe :
" Tu as voulu que toute la loi consiste à t'aimer et à aimer son prochain,
donne nous de garder tes commandements."
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