Homélie du 15 Septembre 2016
Carmel de Saint-Maur - P. Guillaume Dehorter ocd
« A
Jésus par Marie » : on connait la formule de Grignon de Montfort.
Théologiquement très juste, elle résiste aux objections qui verraient en Marie
un obstacle à Jésus ou en la dévotion mariale quelque chose de suspect ou déplacé.
Elle reflète bien aussi la pratique de tant de chrétiens que le chapelet,
l’angelus ou d’autres pratiques mariales conduisent à Jésus. « Faites tout
ce qu’il vous dira » : comme à Cana, Marie renvoie à Jésus.
Pourtant
certaines personnes – même catholiques et dont le catholicisme justement peut
donner mauvaise conscience – ne sont pas malgré tout pas très à l’aise avec ces
perspectives : elles ont Jésus sans nécessairement recourir à Marie, dont elles
éprouvent davantage sa présence de manière discrète. Leur vie est plus « mariforme »
que « marilogue ». Il n’y a peut-être pas à s’en troubler. C'est
souvent quand surviennent les épreuves ou la nuit, qu’alors, au pied de la
croix, elles peuvent entendre Jésus leur dire : « prends-la chez
toi ».
« A Marie par Jésus » pourrions-nous résumer cette
dévotion ! Dans l’expérience de la nuit, la lumière de Jésus qui semble
s’éteindre, laisse alors paraître celle de Marie, plus pâle mais toujours là – même
quand survient la nuit. C'est un peu comme la lune et le soleil : durant
le jour, on ne voit pas en général la lune alors que durant la nuit l’absence
de lumière solaire laisse place à celle de la lune. C'est l’expérience que
décrit le père Marie-Eugène dans les sixièmes demeures : « la lumière de
la Vierge ne brille jamais plus douce que dans les ténèbres. Sa mission
providentielle lui impose d'être l'astre qui éclaire la nuit de l'esprit. Marie
remplit son rôle et intervient efficacement en ces périodes de la vie
spirituelle ».
C'est peut-être
ce qui nous est donné de méditer en cette mémoire de Marie, mère des douleurs
pour croire et nous réjouir de cette présence, plus discrète mais non moins
forte. Stabat mater c'est-à-dire se
tenant debout, sans défaillir, tenant son fils entre ses bras, soutenant ses
fils qui défaillent : oui, il est alors l’heure de prendre Marie chez soi
voire de laisser Marie nous prendre chez elle et nous porter. Puisse cela nous
soutenir notre espérance dans la nuit. Amen
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