Homélie 31ème
dimanche TOC 2019
Carmel de Saint-Maur
– Père Maurice BOISSON
Sg 11,23 à 12,2 ;
Ps 144 ; 2 Th 1,11 à 2,2 ; Lc 19, 1-10
Quand deux regards se croisent ça peut changer la
vie !... Comme une rencontre au bord d’un puits, le long d’un lac ou sur
un chemin d’Emmaüs ou ailleurs, quand Dieu croise notre regard.
Monsieur Zachée sur son arbre, croise le regard de Jésus
traversant Jéricho ! Qui était Zachée ? Le directeur des Impôts de la
ville, chargé de collecter les taxes pour les occupants, les Romains. Ceux-ci
lui demandaient une somme forfaitaire et, libre à lui de demander ce qu’il
voulait aux contribuables, généralement plus que le dû.
« C’était
quelqu’un de riche » dit Luc, très mal vu de la population et
considéré comme un pécheur. Mais Zachée avait un désir secret : « Il cherchait à voir qui était Jésus »,
pas « à quoi il ressemble » comme on dit, ni dans « quelle
voiture il était »... mais « qui il était ... ». Chercher à
voir « qui est quelqu’un », au-delà des apparences, des étiquettes et
des « on dit que... ».
Zachée, il n’était pas que voleur. C’est le mystère de
chacun d’exister au-delà des réputations...
c’est le regard de Dieu. Monsieur Zachée, grand notable mais petit de taille
et de considération, grimpe sur un arbre... Il suffit à Jésus, passant à
proximité, de lever les yeux. Deux regards se croisent, deux désirs se
rejoignent... Zachée voulait voir, c’est lui qui est vu. Ça arrive ! Son
désir de voir le « Qui est
Jésus » et pas seulement le « Comment il est »... va être
comblé : Jésus va au delà des apparences. Le désir de Zachée se
réalise : tout regard est un itinéraire vers une profondeur intérieure.
Zachée n’est pas habitué à ce regard bienveillant sur lui, ni à la douceur de
cette voix qui l’appelle : Zachée ! (pas Monsieur Zachée, ni
« voleur de Zachée») mais « Zachée
descends vite je vais dans ta maison », chez toi... surtout
jusqu’à l’intérieur de toi-même.
Son pain quotidien, à Zachée, c’était les regards qui
se détournent de lui, ou comme dit la chanson « les yeux révolvers ». Et voici posé sur lui le beau
regard de Dieu, le regard de Jésus accompagné de sa douce voix apaisante ...
Zachée sent qu’il se passe quelque chose en lui. Le regard de Jésus, croit non
seulement en « ce que nous sommes » mais « en qui nous sommes »
et « en celui que nous sommes capables de devenir ». Il nous invite à
avoir le même regard. Cette rencontre de Jésus avec Zachée est l’expression de
la confiance et de l’espérance dans l’autre, non de classification en fichier
ni de comparaison. Dieu nous aime tant, non parce qu’on est digne d’être aimés
mais pour qu’on le devienne, aimable,
aimant... Ce que ne comprennent pas ceux qui s’offusquent de cette attitude de
Jésus : « Il est allé loger
chez un pécheur ! ». C’est le regard mauvais de ceux qui
ricanent, qui ont tranché. Ce n’est pas le regard de Dieu. Jésus dira
d’ailleurs : « Votre regard est
l’expression de ce qu’il y a dans votre cœur... Si votre regard est méchant, votre cœur est mauvais. Si votre cœur est
bon, votre regard sera bon ».
Quand deux regards se croisent, ça peut changer la vie... Un
appel à un meilleur ou à un blocage sur des apparences. Ce petit récit, très
dans la vie, très actuel, nous montre comment une parole, une attitude, un
regard peuvent réveiller en chacun ce qu’il y a de mieux en lui et rejoindre un
désir profond d’être meilleur : « Zachée,
debout » s’adresse à Jésus : « Si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre 4 fois plus »
dit Luc. Zachée est descendu non seulement de son arbre mais de sa suffisance
et de ses erreurs... C’est depuis « le bas » que Jésus l’a regardé. Il ne l’a pas regardé « d’en haut »
mais « d’en bas ». C’est pourquoi les deux regards ont pu se croiser. Pour le meilleur.
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