Homélie de la
Toussaint 2019
Carmel de Saint-Maur
– Père Maurice BOISSON
Ap 7,2-4.9-14 ;
Ps 23 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a
En allant au funérarium faire une visite pour le décès de
quelqu’un, j’ai lu sur le cahier de condoléances : « On a perdu un saint ». Celui qui a écrit ce mot a sans
doute été marqué par ce que fut la vie de ce défunt. Comme pour cette dame
décédée à 98 ans, Louise, juste avant les obsèques, quelqu’un me dit :
« Mon Père, c’était une sainte ! ».
Chacune, chacun de nous a sûrement des exemples semblables... Oui, ils sont
nombreux ces bienheureux que nous fêtons aujourd’hui, dont les miracles ont été
de vivre la sainteté au quotidien. Ils font partie de « cette foule immense », dont parle
Saint Jean dans la 1ère lecture, « de tous pays... » . Ils ne sont pas allongés dans la
terre mais debout, habillés de lumière et de bonheur, dans la présence et l’Amour
de Dieu.
« Mais d’où
viennent-ils ? » demande un ancien. Ils ont traversé la vie dans
les joies et les épreuves, les turbulences et les moments heureux... Ils
viennent de chez nous, nous les connaissons... Mais pourquoi, disons-nous, « qu’ils sont saints ?... ». Ne
cherchons pas dans l’extraordinaire, mais dans la manière dont ils ont vécu
l’ordinaire, ce qu’ils avaient à faire, leurs relations, leur quotidien, avec
leurs faiblesses et leurs chutes et le pardon de Dieu. C’est là, dans le
quotidien, qu’ils ont laissé une trace, un trait du visage et du cœur de Dieu,
une odeur du parfum de l’Evangile, parfois ou souvent, sans le savoir...
Ce visage, ce cœur de Dieu, ces manières de Dieu, ce parfum
de l’Evangile, Jésus nous l’a montré dans ses paroles et ses comportements.
Devenir saint, c’est tâcher d’essayer, à notre tour, de les réaliser.
« Nous sommes
enfants de Dieu » dit la 1ère lecture, tout simplement,
appelés à ressembler à notre Père, à en avoir les traits, les
« airs », dans notre style de vie quotidien. «Vous êtes appelés à ressembler à notre Père des cieux », dit
Jésus « parce que vous êtes ses fils
et ses filles bien aimés ». Ça nous paraît souvent tellement
inaccessible, loin de nos possibilités, alors qu’il s’agit tout simplement de
vivre sans contorsions, même spirituelles, notre quotidien humain et chrétien.
Sur la colline des Béatitudes, du regard de Jésus posé sur
tous ces visages, jaillissent les plus beaux secrets des désirs d’être heureux
que chaque être humain porte en lui : Heureux ! Heureux si vous êtes
assez désencombrés de vous-même pour faire de la place à l’essentiel, aux
autres, à Dieu, à ce qui vaut la peine. Heureux si vos larmes sont aussi celles
des autres qui sont dans la peine, parce que vous avez « gros au cœur ».
Heureux si vous êtes des faiseurs de paix et non agents de calomnies ou de
divisions, des raccommodeurs et des dépanneurs d’existences abîmées, cassés par
la méchanceté, la bêtise, la jalousie, le pouvoir. Heureux quand vous dites une
parole, quand vous avez un geste de douceur qui apaise, si vous restez droits
dans la vérité même si ça coûte. A cause de votre façon de vivre, on se moquera
peut-être de vous, surtout si vous dites que c’est la manière chrétienne.
« A cause de moi » dit Jésus, « réjouissez-vous, c’est le bon
chemin, celui qui aboutit au bonheur ». Si vous prenez ce chemin de la
sainteté, vous êtes heureux, parce que Dieu est comme ça et que vous ressemblez
à Dieu. Tous ces gens que nous fêtons aujourd’hui ont marqué sur leur visage,
dans leurs yeux, dans leur cœur, quelque chose de Dieu, du Christ « On a perdu un saint », « C’était une sainte .... ». Oui,
ils sont nombreux les bienheureux. Puissions-nous être de ceux-là.
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