Homélie Christ
Roi de l’Univers (Solennité)
Carmel de
Saint Maur - Père Maurice BOISSON.
2 S
5,1-3 ; Col 1,12-20 ; Lc 23,35-43
Un Roi, un Royaume, à notre époque, dans
notre pays, ça ne correspond guère à la mentalité actuelle.
Par contre, les rois et les reines sont
nombreux : dans le sport, dans la mode, dans les concours de beauté, dans
les affaires etc... Sans compter que ces titres actuels de rois et de reines
peuvent avoir aussi des qualificatifs injurieux... Bref ! Comment alors
parler du Christ Roi que nous fêtons aujourd’hui ? Il n’habite ni château,
ni palais... Une crèche d’animaux est son berceau, une croix est son podium, sa
couronne est-elle en pierres précieuses ? : Elle est tressée avec des
branches d’épines... Un petit âne gris lui sert de carrosse... Et ses
gardes ? Ils ne sont ni casqués, ni armés : quelques amis pêcheurs un
peu froussards... Quel est son sceptre royal ? : Ses mains qui
guérissent, consolent, pardonnent, relèvent... Et sa devise ? :
« Le plus grand, c’est le
serviteur ».
Ce jour-là, sur la colline du Calvaire, le
soleil s’était obscurci : il faisait sombre au dehors et surtout au dedans
des cœurs : la violence, les moqueries, les injures, la dérision avaient
pris le pouvoir et se déchainaient sur « un homme qui était passé en faisant le bien ». « Sauve-toi,
toi-même ! Si tu es le Roi des Juifs ! ». Ces moments
sont toujours actuels, non seulement dans certains pays du monde mais dans
notre propre environnement, d’une manière ou de l’autre.
En ces moments les plus noirs où le pouvoir
semble être entre les mains du mal, quelle qu’en soit la forme et les effets,
un nouveau pouvoir se mettait en place, et se met en place pour toujours :
la puissance de l’Amour. En 3 actes :
1er
acte, la veille de ce vendredi : « Ce pain partagé, ce sang versé, c’est ma vie
donnée, par Amour pour vous, tous mes frères et sœurs humains ». « Il
n’y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
2ème
acte de cette prise de pouvoir : c’est
l’entrée du larron au Paradis. Ce larron est le 1er d’entre nous,
larron chacun à sa manière. Entre 2 soupirs, il ose des mots de tendresse et de
supplication : « Jésus ! »
( le prénom !) ... » Tu te
rappelleras de moi... J’étais sur une croix à côté de la tienne... Tu n’as rien
fait de mal, ce qui n’est pas mon cas, mais souviens-toi de moi quand tu
viendras dans ton Royaume... » La réponse jaillit du cœur de Dieu : « Aujourd’hui, avec moi, tu
seras dans le Paradis ».
3ème
acte, c’est le dimanche matin : le tombeau
est vide. Dieu a redonné la vie à son Fils Jésus, parce qu’il lui a donné
raison. La prise de pouvoir de la Vie, de l’Amour, de la Miséricorde et de la
fraternité sur la méchanceté, sous toutes ses formes, est enclenchée... Il nous
appartient de réaliser concrètement, ici, maintenant, ce monde de Dieu appelé
le Royaume dont le Christ est Roi... La Préface nous dira, dans quelques
minutes, les réalités essentielles de ce Royaume : « Un Règne sans limite et sans fin, Règne de
Justice, d’Amour et de Paix »; en écho aux dernières lignes de la 2ème
lecture : « Dans le Christ,
tout lui sera réconcilié, il fait la Paix par le sang de sa croix, la Paix pour
tous ». La Révolution de l’Amour, de la Paix, de la Justice, du Bon et
du Bien est en route. Si nous avons l’impression que le Royaume est loin d’être
réalisé, « Il est tout près de vous »,
dit Jésus, « Au milieu de vous ».
A vous de la faire exister.
Aurons-nous, personnellement et ensemble, les
gestes, les actes, mêmes les plus petits, qui rendent présente cette Révolution
de l’Amour où prend corps, dès maintenant et ici, ce monde, Royaume de Dieu... « Amour qui nous attends au terme de l’histoire, Royaume qui s’ébauche à
l’ombre de la croix dont la Lumière déjà traverse nos vies », Lumière
que nous avons à rendre présente, comme une présence de ce Royaume de Dieu.
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