Carmel de Saint Maur TOUSSAINT ANNÉE A 2020.
Homélie Père Maurice BOISSON
Ap 7,2-4.9-14; 1 Jn 3,1-3; Mt 5,1-12a
Dans les évènements brutaux que nous vivons ces jours : évènements qui font mal, qui inquiètent et abiment notre « vivre ensemble », nous avons besoin d’accueillir des paroles et des actes de douceur, de paix, de réconfort. Nous venons de les entendre dans cet Evangile. Ces paroles apaisent, nourrissent notre réflexion et nos comportements, fortifie notre énergie intérieure, notre Foi et notre Espérance. Ces paroles nous font du bien.
Pour autant, ces « Béatitudes » ne nous rendent ni béats, ni naïfs, ni rêveurs ! Elles résonnent, ces jours, jusqu’au plus profond de nous-mêmes et de notre société, pour combattre toutes formes de mal, à commencer par celui qui est en nous. C’est un engagement de notre Baptême : « Renoncez-vous au mal ? ».
- Heureux ceux qui font la paix et la justice : Jésus le Christ s’est anéanti lui-même pour donner au monde la Paix... Il est notre Paix !
- Heureux les doux : Venez à moi, vous qui peinez... car je suis doux et humble de cœur dit Jésus.
- Heureux ceux qui pleurent : Heureux, pas parce qu’ils sont malheureux, mais parce qu’ils sont capables de pleurer avec ceux qui pleurent, comme Jésus pleurant sur son ami Lazare et sur sa ville qui le rejetait.
- Heureux, non pas parce que vous souffrez, mais en suivant ce chemin des Béatitudes vous produisez tout le contraire de ce qui rend malheureux : de l’Amour, de la Fraternité, du Bonheur, de ce qui est bon, juste, et qui apaise. Ce qui rend malheureux, c’est le repli sur soi et sur ses biens, c’est l’indifférence aux autres, c’est la violence, la haine et la méchanceté même si elle paraît banale. C’est l’injustice et tout ce qui brise le bonheur tout simple d’aimer, d’être aimé, de partager, de se respecter, ces petits bonheurs qui prennent leur source dans la 1ère Béatitude : Heureux les pauvres de cœur qui font dans leur cœur un peu plus de place aux autres qu’à eux-mêmes.
- Cette Parole de Jésus : « Heureux », ce n’est pas un mot, c’est une Présence. La Présence même de Dieu dans notre conscience qui nous indique un chemin de bonheur, parce que ce chemin c’est Lui, Dieu. Les Béatitudes c’est le portrait de Dieu, son cœur, son être, qui nous est rendu visible et accessible par Jésus le Christ, son Fils.
Ce portrait, ce cœur de Dieu, sont rendus visibles et accessibles, aujourd’hui, par qui ? Sinon par nous, par celles et ceux qui se réclament de Lui. Ne laissons pas voler et bafouer la réalité de « Dieu Amour » par ceux qui tuent. Le Dieu qui tue n’existe pas. Vivre les Béatitudes montre notre Dieu qui est Vie, Amour, Paix, désirant rassembler tous ses enfants dans une même famille.
Les propositions de bonheur que nous fait Jésus aujourd’hui, c’est tout simplement la réalisation de qui nous sommes en vérité, de ce pour quoi et pour qui nous sommes faits : ressembler à Dieu notre Père. C’est le message de la 2ème lecture : « Dès maintenant nous sommes Enfants de Dieu. Nous lui serons semblables. Nous le verrons tel qu’il est ». La fête de la Toussaint nous ouvre à cet avenir : « Soyez Saints comme votre Père est Saint ! «. Être Saint ne veut pas dire être parfait et sage, comme on l’entend souvent : être parfait et devenir Saint ne vont pas ensemble.
En ce jour de Toussaint, et demain en pensant aux défunts, reviennent à notre mémoire et à notre cœur ces personnes et ces visages proches, ou moins proches de nous, qui nous ont laissé des traces et du levain des Béatitudes. A leur mort nous avons dit ou pensé : « Celui-là, c’était un Saint. Celle-là c’était une Sainte. Ils n’étaient pas parfaits mais, des Saints !... »
Ils sont nombreux ces bienheureux qui n’ont jamais fait parler d’eux... qui ont aimé de leur mieux leurs frères et leur Dieu. Ils font partie de cette foule immense décrite par Saint Jean dans la 1ère lecture : ils sont vêtus de lumière, debout devant la face de Dieu qu’ils ont cherché souvent à tâtons... et qu’ils ont aimé en vivant l’une ou l’autre, ou plusieurs, ou toutes les Béatitudes... Chercheurs de Dieu, ils ont deviné et connu que, là, se trouvaient la clé et le secret du Bonheur. Dieu est Amour, les Béatitudes sont « l’Être » même de Dieu. Accueillis dans le cœur et le monde de Dieu, ils ne sont pas dépaysés. Ils avaient approché ce monde qu’on appelle « le Royaume de Dieu », en essayant d’aimer par le chemin des Béatitudes. Nous penserons à tous ces Saints ordinaires. Quand ils sont arrivés la haut, dans les bras de Dieu, que pensez-vous qu’ils aient dit, sinon : « Ah, je m’en doutais ! ». Puissions-nous, un jour, dire pareil.
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