P JM Bouhans
Trente versets plus haut, Jésus disait une parole
essentielle : « Amen je vous le dis : celui qui n’accueille pas le Royaume de
Dieu comme un enfant n’y entrera pas ». Je ne sais si Zachée a entendu cette
parole de Jésus et ce qui a pu éveiller en lui le désir de voir Jésus ? Rien ne
permet de l’affirmer. Mais comme un enfant, il monte aux arbres. C’est
d’ailleurs beaucoup plus pratique pour lui, non seulement parce qu’il est de
petite taille mais c’est aussi une manière de rester à l’écart de ceux qui le méprisent.
Et précisément Jésus passe et lève les yeux. Non seulement leurs deux regards
se croisent mais Jésus l’appelle par son nom : « Zachée »… Et il lui dit
quelque chose d’extraordinaire : « Aujourd’hui, il me faut… ». Ce n’est plus le
mépris habituel mais une urgence, une nécessité, une parole qui ouvre le chemin
de tous les possibles… Et l’accueil de Zachée est à la hauteur. Il est debout
et prêt pour une démarche de vérité, quand il parle à Jésus de la vie nouvelle
qu’il veut entreprendre. Ce n’est pas le propos de table de quelqu’un qui est
couché pour manger et parle parce qu’on a trop bu et ne sait plus trop ce qu’il
dit.
Pour Eléazar, les choses sont claires : il fait la
différence entre la comédie et le témoignage. Il choisit le témoignage ; la
comédie certes le laisserait en vie mais comme déjà mort. Son attitude
tromperait tout le monde : et le roi qui croirait qu’il a changé et se trouve
de son côté : et son peuple qui serait dérouté par son attitude et ne pourrait
pas comprendre. Eléazar ne veut tromper personne et rester vrai jusqu’au bout.
Cette vérité le conduit à la mort – il le sait et ne l’évite pas - mais son
témoignage demeure pour les générations futures. Il sait que la vie demeure
au-delà du mépris, des menaces de mort…
La première lecture nous place aussi dans un repas et
certains veulent justement utiliser ce repas pour le mensonge ; on propose à
Eléazar une tentation subtile : il prépare lui-même les aliments qu’il a le
droit de manger et qui respectent les lois de la cacherout juive mais on laisse
croire au roi qu’il a répondu aux obligations royales.
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