Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Daniel 12,1-3 ; Psaume 15 ; Hébreux
10,11-14.18 ; Marc 13,24-32
Les
événements d’horreur et de mort de ces jours derniers secouent notre pays,
plongent dans le deuil et la souffrance beaucoup de familles et de personnes. Ces
événements ne laissent pas insensibles les disciples du Christ - venu apporter
l’Amour et la Paix - et les croyants en un Dieu dont le désir est de rassembler
l’humanité et de la conduire au bonheur.
Ce
n’est pas le moment - ni le lieu - d’ajouter des commentaires, déjà nombreux.
Rassemblés
ce matin pour accueillir, dans l’Eucharistie, le don de l’Amour du Christ, qui
nous fait donnant de cet Amour, assurons cet essentiel service de la prière, au
nom de notre monde ravagé par la violence et le mal, pour le monde, pour notre
pays ; et puis, accueillons la Parole de Dieu qui nous est proposée en ce
dimanche : elle est « lumière
sur nos pas » (Psaume 118,105), elle éclaire nos cœurs, nos
intelligences et notre action.
Dans
la première lecture et l’Evangile, dans un style du temps qui rejoint
étrangement le nôtre - un temps de détresse, un temps d’obscurité où la lumière
a du mal à sa faire voir – une question d’une triste actualité est posée, et un
message d’avenir nous est donné.
La
question, c’est bien la nôtre : le Bien triomphera-t-il un jour ?
Dès
l’origine, des forces, des puissances du mal, sont à l’œuvre dans le monde et
traversent aussi nos cœurs. Elles paraissent parfois dominer la vie du monde
– détresse et obscurité, dit la
Parole de Dieu - elles sont parfois sournoises et cachées, quand les valeurs de
la vie, des relations, de la personne humaine, de la dignité humaine, sont
mises à mal, quand la feuille de route du Créateur s’efface devant les intérêts
de systèmes dont nous pouvons aussi être complices, quand la grammaire
élémentaire de l’humain et de l’humanité est reléguée.
Le
Bien triomphera-t-il un jour, Triomphera-t-il au final ? Quelle est la
perspective d’avenir final de notre humanité ?
C’est
aussi le message de la Parole de Dieu de ce jour : la fin du monde
viendra, la fin d’un monde. La figure d’un monde marqué aux traits du mal sous
toutes ses formes disparaitra. Le monde voulu et désiré par Dieu dès l’origine
et dans son histoire, aura au final le dernier mot : il ne pourra être
qu’un monde où, nous dit Saint Jean, « Il
n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance » (Apocalypse 21,4), le
monde ancien aura disparu -
« Je vis une terre nouvelle » (Apocalypse 21,1).
Il
ne s’agit pas d’un rêve de consolation, utilisé par les prédicateurs, mais il
s’agit de l’avenir réel de notre destinée.
C’est
bien notre foi, notre confiance, notre espérance – nous le disons dans notre
Profession de foi, le Credo : « J’attends la vie du monde à
venir. »
Oui,
mais en attendant, aujourd’hui, qu’est-ce qu’on peut faire ?
C’est
la comparaison du figuier, un arbre précoce : quand sortent les feuilles,
ce n’est pas le signe que l’été est là, mais qu’il est proche – qu’il est déjà là et qu’on est sûr qu’il viendra.
A
nous de donner les signes, concrets, visibles, crédibles - ordinaires, dans le
quotidien - qu’un monde autre, nouveau, vient, qu’il est déjà là… ce mouvement
inauguré par Dieu à la création est devenu irréversible dans la Résurrection du
Christ.
Là
où on est, dans le maintenant et l’aujourd’hui, avec ce qu’on est, nous pouvons
être comme ces petits bourgeons du figuier, ou comme ces crocus qui annoncent
une saison nouvelle.
Nous
pouvons contribuer à faire que ce monde-là, ce monde-ci, de ce temps-là, ce
temps-ci, marche non pas vers la détresse et la mort ou le néant, mais vers la
vie et l’Amour. Ça commence en nous-mêmes et ça peut s’exprimer aussi par des
engagements et des choix de société qui ne sont pas seulement le fait des
hommes politiques.
Ne
laissons pas obscurcir la lumière de Celui qui est la Lumière et la Vie.
Ne
laissons pas obscurcir notre espérance.
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