dimanche 15 novembre 2015

Homélie 33e dimanche TO B 2015 -

Homélie 33e dimanche TO B 2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Daniel 12,1-3 ; Psaume 15 ; Hébreux 10,11-14.18 ; Marc 13,24-32

Les événements d’horreur et de mort de ces jours derniers secouent notre pays, plongent dans le deuil et la souffrance beaucoup de familles et de personnes. Ces événements ne laissent pas insensibles les disciples du Christ - venu apporter l’Amour et la Paix - et les croyants en un Dieu dont le désir est de rassembler l’humanité et de la conduire au bonheur.

Ce n’est pas le moment - ni le lieu - d’ajouter des commentaires, déjà nombreux.

Rassemblés ce matin pour accueillir, dans l’Eucharistie, le don de l’Amour du Christ, qui nous fait donnant de cet Amour, assurons cet essentiel service de la prière, au nom de notre monde ravagé par la violence et le mal, pour le monde, pour notre pays ; et puis, accueillons la Parole de Dieu qui nous est proposée en ce dimanche : elle est « lumière sur nos pas » (Psaume 118,105), elle éclaire nos cœurs, nos intelligences et notre action.

Dans la première lecture et l’Evangile, dans un style du temps qui rejoint étrangement le nôtre - un temps de détresse, un temps d’obscurité où la lumière a du mal à sa faire voir – une question d’une triste actualité est posée, et un message d’avenir nous est donné.

La question, c’est bien la nôtre : le Bien triomphera-t-il un jour ?

Dès l’origine, des forces, des puissances du mal, sont à l’œuvre dans le monde et traversent aussi nos cœurs. Elles paraissent parfois dominer la vie du monde – détresse et obscurité, dit la Parole de Dieu - elles sont parfois sournoises et cachées, quand les valeurs de la vie, des relations, de la personne humaine, de la dignité humaine, sont mises à mal, quand la feuille de route du Créateur s’efface devant les intérêts de systèmes dont nous pouvons aussi être complices, quand la grammaire élémentaire de l’humain et de l’humanité est reléguée.

Le Bien triomphera-t-il un jour, Triomphera-t-il au final ? Quelle est la perspective d’avenir final de notre humanité ?

C’est aussi le message de la Parole de Dieu de ce jour : la fin du monde viendra, la fin d’un monde. La figure d’un monde marqué aux traits du mal sous toutes ses formes disparaitra. Le monde voulu et désiré par Dieu dès l’origine et dans son histoire, aura au final le dernier mot : il ne pourra être qu’un monde où, nous dit Saint Jean, « Il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance » (Apocalypse 21,4), le monde ancien aura disparu - « Je vis une terre nouvelle » (Apocalypse 21,1).

Il ne s’agit pas d’un rêve de consolation, utilisé par les prédicateurs, mais il s’agit de l’avenir réel de notre destinée.

C’est bien notre foi, notre confiance, notre espérance – nous le disons dans notre Profession de foi, le Credo : « J’attends la vie du monde à venir. »

Oui, mais en attendant, aujourd’hui, qu’est-ce qu’on peut faire ?

C’est la comparaison du figuier, un arbre précoce : quand sortent les feuilles, ce n’est pas le signe que l’été est là, mais qu’il est proche – qu’il est déjà là et qu’on est sûr qu’il viendra.

A nous de donner les signes, concrets, visibles, crédibles - ordinaires, dans le quotidien - qu’un monde autre, nouveau, vient, qu’il est déjà là… ce mouvement inauguré par Dieu à la création est devenu irréversible dans la Résurrection du Christ.

Là où on est, dans le maintenant et l’aujourd’hui, avec ce qu’on est, nous pouvons être comme ces petits bourgeons du figuier, ou comme ces crocus qui annoncent une saison nouvelle.

Nous pouvons contribuer à faire que ce monde-là, ce monde-ci, de ce temps-là, ce temps-ci, marche non pas vers la détresse et la mort ou le néant, mais vers la vie et l’Amour. Ça commence en nous-mêmes et ça peut s’exprimer aussi par des engagements et des choix de société qui ne sont pas seulement le fait des hommes politiques.

Ne laissons pas obscurcir la lumière de Celui qui est la Lumière et la Vie.

Ne laissons pas obscurcir notre espérance.

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