Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Apocalypse 7,2-4.9-14 ; Psaume 23 ; 1 Jean
3,1-3 ; Matthieu 5,1-12a
Bonjour
Tristesse ! Ou bonjour Espérance !? En cette fête de la Toussaint,
ces deux sentiments sont sans doute mêlés dans notre esprit et dans notre cœur.
Ces jours ravivent des souvenirs, des questions, un peu de mélancolie.
« J’aime
pas ce jours », me disait quelqu’un hier ; et une autre personne
ajoutait : « Ça nous fait réfléchir à notre vie, et c’est bien qu’on
ait l’occasion de penser à l’essentiel. »
La
liturgie de cette fête de Toussaint ouvre la porte sur : « Bonjour
Espérance » - ouverture sur notre destinée finale et celle de notre monde
- un avenir promis, déjà là maintenant et ici, promesse à accueillir et à mettre
en œuvre.
La
première lecture nous indique le terme de cet avenir. Saint Jean voit une foule
immense, de partout, des gens de toutes conditions, de toutes nations, de
toutes langues, vêtus de blanc : revêtus de lumière après la grisaille et
les brouillards de la vie ; ils se tiennent debout devant le Dieu vivant.
Debout : l’attitude du Vivant, du Ressuscité. Relevés de ce qui les a
écrasés et mis à terre à un moment ou à un autre, d’une manière ou de
l’autre ; debout, relevés de la mort. Mais d’où viennent-ils ? Ils
viennent de « la grande épreuve »
(Apocalypse7,14), celle de la vie. Ils ont traversé par gros temps et moments
calmes et paisibles (comme dans la Transat naviguant vers le Brésil).
Dans
cette foule immense, nous en connaissons et reconnaissons, de ces visages, de
nos proches, de nos familles, de nos amis - Bonjour Espérance ! Nous
croyons, dans notre foi, qu’ils n’ont pas sombré à tout jamais dans cette
traversée. Pour eux comme pour nous, se réalise une promesse qui habitait leur
vie, leur cœur, même s’ils ne le savaient pas.
Une
promesse, comme un germe qui grandit malgré l’hiver, comme une source qui se
fraie un passage dans les pierres et la terre sèche de nos cœurs ; une
promesse chuchotée comme un secret à partager : le GPS intérieur qui
indique l’arrivée de cette traversée et le chemin qui y conduit, plus sûrement
que nos GPS de voiture.
« Heureux serez-vous si
vous… »
« Heureux êtes-vous quand
vous… »
Jésus,
dans l’Evangile d’aujourd’hui, nous montre un chemin - plutôt un sentier, pas une
autoroute ! Sentier parfois difficile à marcher, mais sur lequel on peut
être un peu - ou beaucoup – heureux, et qui conduit à cette plénitude de vie et
de bonheur qui sont bien sûr en avant de nous, mais qui dès maintenant
soufflent sur nos vie pour les apaiser, les aérer, leur donner le bon air d’un
bonheur !
« Heureux », dit Jésus - non pas parce que vous êtes malheureux
maintenant – ce n’est pas du tout dans le désir ni dans le cœur de Dieu que
nous soyons malheureux… on sait faire. « Heureux quand vous imprimez en
vous quelques traces du visage et du cœur de Dieu » - c’est pour ça que
nous sommes faits : être des consolateurs et être poreux aux autres.
Qui
n’a pas, caché dans un coin de lui-même, quelques raisons de pleurer… « Heureux ceux qui pleurent »
- on ne voit bien, souvent, qu’avec des yeux qui ont pleuré.
« Heureux les doux » - pas les mous : les démineurs de violence par
la bonté et la douceur. Qui peut dire qu’il n’a jamais souffert de la
méchanceté ?
« Heureux les miséricordieux » - les faiseurs de paix, de justice ; les
raccommodeurs, rapiéceurs, réparateurs d’existence déchirée et déniapée par la bêtise ou les événements
de la vie.
Il
y a du bonheur à ne pas se prendre pour le nombril du monde, à avoir le cœur
gros de la peine des autres.
« Heureux êtes-vous » - un jour, déjà maintenant.
« Heureux
serez-vous totalement à l’arrivée, si vous prenez ce sentier, dit Jésus, qui
conduit au vrai bonheur, à la vraie vie. » Il a pris départ dans l’Amour,
il conduit à l’Amour, il passe par l’amour.
Ceux,
celles, que nous fêtons aujourd’hui, qu’ils soient au calendrier ou pas, sont
déjà arrivés : ils ont fait ce bout de sentier, à leur manière, parfois
sans savoir où ça les mènerait.
Avec
un secret dans le cœur, qu’il nous partage maintenant, Jésus, voyant les
foules, gravit la montagne. Il s’assit. Il disait : « Heureux, vous
qui prenez le sentier de l’Amour, c’est celui du Bonheur ! C’est celui de
Dieu qui vous attend ! »
Toussaint :
Bonjour Espérance !
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