Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Jérémie 33,14-16 ; Psaume 24 ; 1
Thessaloniciens 3,12 à 4,2 ; Luc25,25-28.34-36
Ça
peut paraître provocant et décalé d’accrocher le mot « joie » à une
étoile, pour guider notre chemin de l’avent ! alors qu’on a des raisons
d’être tristes et que notre cœur n’est pas forcément en joie !
« Quand on voit ce qui se passe ! » - comme on dit.
Non
seulement les attentats, mais aussi le nombre croissant de personnes qui
cherchent du travail, ou l’état de santé de notre monde, qui mobilise ces jours
gouvernants, experts, associations, à COP 21, et, plus proches, les épreuves et
soucis qui peuvent toucher les uns et les autres.
Alors
« La joie quand même » ? …et surtout !
La
Parole de Dieu pour ce beau temps de l’Avent nous est particulièrement
précieuse, non seulement pour notre vie chrétienne et liturgique, mais pour
vivre ce temps – tout court – qui est le nôtre, et les événements de ce temps.
C’est
ce temps-ci que nous vivons, et pas en ce temps-là !
La
Parole de Dieu est toujours connectée à la vie, à l’histoire, à notre propre
histoire ; elle rejoint « ce qui arrive » et nous arrive, pour
éclairer, indiquer la bonne direction, nous donner la force de prendre les bons
chemins, nous soutenir, et vivre en sorte que s’accomplisse la promesse de
bonheur de Dieu. On y croit parce que Dieu ne peut pas manquer à sa promesse,
sinon il n’est pas Dieu… Quand on est sûr de quelqu’un, on le croit, on fait
confiance qu’il tiendra parole, et on fait tout pour que se réalise cette
promesse.
Dieu
n’est pas en campagne électorale. Sa Parole fait ce qu’elle dit. Elle féconde
la terre.
En
fait, on risque de perdre de vue le terme (la finale du match !), quand
les soucis, la peur, les malheurs et épreuves prennent le dessus. On a le nez
sur le guidon, alors qu’il nous faut regarder plus loin.
C’est
l’Evangile de ce dimanche, qui ouvre une perspective d’avenir : la
réalisation, si petite soit-elle au quotidien, de la promesse d’un monde
renouvelé.
Il
y a une face cachée des événements, de l’histoire, de nos propres existences,
que nous ne pouvons reconnaître qu’avec les yeux de la foi, la confiance en ce
qu’on ne voit pas – une promesse – qui est encore voilé, mais dont le voile
découvre peu à peu la réalité.
C’est
l’invitation de Jésus ce dimanche à lire les signes des temps ! à être
vigilant, à guetter les couleurs du jour qui se lève, à être attentif aux
premiers bourgeons du printemps, aux petits gestes, aux paroles qui font du
bien, à ce qu’on croit être les petits riens du quotidiens et qui sont gros de
la réalisation de la promesse d’un monde selon le désir de Dieu.
Ce
temps de l’Avent est un beau et bon temps pour notre temps, si nous avons les
yeux et surtout le cœur ouverts, à la fois sur le monde, sur le présent, et sur
l’invisible, la promesse… C’est dans l’aujourd’hui que nous faisons que quelque
chose de la promesse se réalise.
« Ce
qui embellit le désert, c’est qu’il cache un puit, un oasis, une source »
- dit le Petit Prince.
Ce
n’est pas toujours visible en marchant dans le désert, et il y a aussi les
mirages qui nous font croire que !... La confiance courageuse et réaliste
en la promesse de bonheur nous permet de marcher.
« Redressez-vous, relevez la tête…
pour vous tenir debout devant le Fils de l’homme » (Luc 21,28.36) – devant le Christ qui est la réussite
de l’humanité.
Ne
craignons pas d’accrocher dans notre cœur l’étoile de la joie ; c’est
comme un secret que nous prions et que nous ne pouvons pas taire. Loin du
bruit, ce secret se murmure, comme une petite source se frayant un chemin dans
les souterrains de nos terres et les irrigue.
« Joie
discrète, belle étincelle de Dieu », dit l’Hymne à la joie !
Alors,
en Avent ! pour un Avent qui ouvrira des portes sur la présence de Dieu à
notre monde.
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