« Ne leur donnez pas ce qu’ils veulent »
Cette phrase a été prononcée sur le plateau du journal télévisé de TF1, par une jeune musulmane de 21 ans ayant échappé aux tueries de Paris. Elle résume tout.
Les attaques terroristes perpétrées dans la capitale française nous remettent d’abord en mémoire le fait que de tels actes peuvent se produire n’importe où, n’importe quand. L’ennemi est invisible et sournois: il frappe à un moment où on ne s’y attend pas, avec pour seul objectif de faire une nombre important de victimes. La terreur et l’effroi sont ce que veulent nous imposer ces assassins. Ils veulent nous empêcher de vivre et nous obliger à prendre des mesures sécuritaires, certes nécessaires, mais qui ont comme corolaire une restriction de nos libertés. La sécurité totale, hélas, n’existe pas. Mais, au vu des faits tragiques commis par des assassins qui ne respectent pas la sacralité de la vie, il est logique que la réaction de contrôles aux frontières renaissent. Elle ne peut être que temporaire car c’est déjà une victoire pour ceux qui ont commandité les attentats de vendredi soir à Paris. Un des grands acquis de l’Union européenne est précisément cet espace ouvert, où la libre circulation entre les pays est synonyme de liberté, de renouveau après le conflit mondial qui a ensanglanté le continent il y a 70 ans.
Continuons à vivre
Face à ces attentats, la peur s’installe. Elle est compréhensible car les terroristes peuvent frapper n’importe où. Pourtant, je suis convaincu que cette terreur qui nous confine chez nous, qui nous empêche aussi de faire confiance à l’étranger ou à celui qu’on ne connaît pas, est aussi une victoire pour ces assassins. Leur but est de briser les liens humains qui font de nous des frères et sœurs et des enfants de Dieu. Ces attentats sont des provocations pour nous amener là où ils veulent que nous allions. Ils veulent nous empêcher de vivre. Ne les laissons pas faire. Surmontons la crainte et continuons à vivre. Si nous ne le faisons pas, nous finirons en quelque sorte « leur travail ». Continuer à vivre est le plus bel hommage que nous pouvons rendre à ceux qui vivaient pleinement cette vie et qui l’ont perdue, victimes de la barbarie. La vie est belle, elle est un cadeau. L’obscurantisme ne doit pas altérer sa lumière.
Evitons l’amalgame
Un autre « cadeau » à ne pas faire à ces assassins: celui de faire un amalgame entre terroristes et musulmans. L’objectif est évident: stigmatiser une communauté musulmane considérée par ces fous comme des traîtres parce que ne partageant pas leur « guerre ». Evitons de voir dans chaque frère ou sœur musulmans un criminel ou un terroriste en puissance. Ils sont des milliers à pratiquer leur foi avec conviction et dans le respect des autres religions. Ne parlons plus des musulmans de Belgique ou de France, mais bien des Belges et Français de confession musulmane. Pensons aussi à ceux qui sont des victimes de Daech en Irak, en Syrie, qu’ils soient chrétiens ou musulmans chiites et sunnites. Leur sang a la même valeur que le nôtre.
Restons debout et unis
La tristesse nous envahit, mais aussi la colère. Certains écrits ou discours, même de chrétiens, véhiculent le rejet, brisent la main tendue. N’y cédons pas. Reprenons ceux qui, dans notre entourage, partagent dans leurs propos et sur les réseaux sociaux, la stigmatisation des réfugiés, des étrangers, bref de celui qui nous est différent. Ce que Bernard-Henri Lévy appelle la « pureté dangereuse ». Soyons des partisans convaincus et acharnés du « vivre ensemble ». Un vivre ensemble réel, ce qui implique un « vivre avec » et pas un « vivre à côté ».
Posons-nous les bonnes questions
Il est plus que temps de se pencher sur la manière d’en finir avec Daech. Attendre que la situation pourrisse, notamment en Syrie, n’est pas la solution. Dans l’interview qu’il nous a accordée à la fin du mois d’octobre, Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’œuvre d’Orient de France, nous interpelle: « Pourquoi voulez-vous que les sunnites, aujourd’hui, se débarrassent de Daech s’ils se sentent menacés par les gouvernements centraux de Bagdad ou de Damas? Il faut bien leur proposer une alternative. Il faut apprendre à respecter les populations et à ouvrir des chemins d’espérance. »
Par ailleurs, vouloir empêcher des jeunes de partir en Syrie pour revenir ensuite et se transformer en assassin est essentiel. Mais, en amont, il faut faire notre examen de conscience: comment expliquez-vous que des jeunes Européens partent combattre aux côtés de Daech? Comment ces jeunes adultes, pas tous issus de familles musulmanes, peuvent avoir envie de rejoindre ce groupe aussi cruel? Qu’avons-nous raté? Notre société ne donne-t-elle aucune perspective d’avenir à notre jeunesse? Comme le disent nos évêques dans leur communiqué: « Colère et tristesse peuvent l’emporter aujourd’hui. Demain, nous devons, tous ensemble, réfléchir pour dynamiser les lieux de dialogue qui contribuent déjà à évaluer le passé et à préparer l’avenir, et peut-être à en créer de nouveaux. »
Agir pour la paix!
Arrêtons les discours matamoresques du style « nous anéantirons Daech ». C’est de la musculation verbale. Ce qu’il faut, ce sont des actes. L’humanité est en guerre, non contre un peuple ou une religion, mais contre le mal à l’état pur! Stoppons-le. Pas en se laissant prendre au piège des discours guerriers et de rejet. Que nos autorités cessent de voir dans les religions, des facteurs de conflits. Au contraire, elles sont facteurs de paix. Aucune religion ne tolère que l’on porte atteinte à la sacralité de la vie! Aucune cause ne justifie que l’on supprime cette vie. Ceux qui croient combattre au nom de Dieu se trompent: ils ne sont pas des guerriers de la foi, mais bien des assassins. Mais, nous ne pouvons nous empêcher d’avoir une pensée pour ces jeunes terroristes. Au moment d’agir, n’étaient-ils pas convaincus de la justesse de leur action, endoctrinés par des « maîtres à penser », qui restent bien à l’abri? C’est eux qu’il faut empêcher de nuire.
Il y a urgence
Oui, il est impératif de ne plus attendre. Nécessaire aussi de protéger nos acquis de liberté, de solidarité, de fraternité pour paraphraser la devise nationale de la France. Tous ensemble, là où nous sommes, nous pouvons faire en sorte que la terreur recule. N’entrons pas dans cette spirale de haine et de violence que certains veulent installer. Ne laissons pas la peur guider nos choix. Ne leur donnons pas ce qu’ils veulent. N’écoutons pas ceux qui nous prophétisent des lendemains encore plus terribles. Ne nous laissons pas impressionner par les menaces de Daech et d’Al-Qaïda. Certes, ne soyons pas naïfs, cela peut arriver. Mais, en nous levant, en disant « non » au rejet, à la discrimination, au racisme, nous gagnerons. Nous gagnerons parce qu’à l’inverse de ce qu’affirmait Oussama Ben Laden, « nous aimons la vie plus que la mort ». Parce que nous avons cette espérance qui surmonte le désespoir. Et comme croyants, nous gardons dans le cœur, au-delà de la peine et de la colère, deux phrases: « Ce que vous faite au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » et « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix, là où est la haine, que je mette l’amour. » Car, nous en sommes sûrs, Dieu pleure avec nous.
La rédaction et l’équipe des Médias Catholiques
Les attaques terroristes perpétrées dans la capitale française nous remettent d’abord en mémoire le fait que de tels actes peuvent se produire n’importe où, n’importe quand. L’ennemi est invisible et sournois: il frappe à un moment où on ne s’y attend pas, avec pour seul objectif de faire une nombre important de victimes. La terreur et l’effroi sont ce que veulent nous imposer ces assassins. Ils veulent nous empêcher de vivre et nous obliger à prendre des mesures sécuritaires, certes nécessaires, mais qui ont comme corolaire une restriction de nos libertés. La sécurité totale, hélas, n’existe pas. Mais, au vu des faits tragiques commis par des assassins qui ne respectent pas la sacralité de la vie, il est logique que la réaction de contrôles aux frontières renaissent. Elle ne peut être que temporaire car c’est déjà une victoire pour ceux qui ont commandité les attentats de vendredi soir à Paris. Un des grands acquis de l’Union européenne est précisément cet espace ouvert, où la libre circulation entre les pays est synonyme de liberté, de renouveau après le conflit mondial qui a ensanglanté le continent il y a 70 ans.
Continuons à vivre
Face à ces attentats, la peur s’installe. Elle est compréhensible car les terroristes peuvent frapper n’importe où. Pourtant, je suis convaincu que cette terreur qui nous confine chez nous, qui nous empêche aussi de faire confiance à l’étranger ou à celui qu’on ne connaît pas, est aussi une victoire pour ces assassins. Leur but est de briser les liens humains qui font de nous des frères et sœurs et des enfants de Dieu. Ces attentats sont des provocations pour nous amener là où ils veulent que nous allions. Ils veulent nous empêcher de vivre. Ne les laissons pas faire. Surmontons la crainte et continuons à vivre. Si nous ne le faisons pas, nous finirons en quelque sorte « leur travail ». Continuer à vivre est le plus bel hommage que nous pouvons rendre à ceux qui vivaient pleinement cette vie et qui l’ont perdue, victimes de la barbarie. La vie est belle, elle est un cadeau. L’obscurantisme ne doit pas altérer sa lumière.
Evitons l’amalgame
Un autre « cadeau » à ne pas faire à ces assassins: celui de faire un amalgame entre terroristes et musulmans. L’objectif est évident: stigmatiser une communauté musulmane considérée par ces fous comme des traîtres parce que ne partageant pas leur « guerre ». Evitons de voir dans chaque frère ou sœur musulmans un criminel ou un terroriste en puissance. Ils sont des milliers à pratiquer leur foi avec conviction et dans le respect des autres religions. Ne parlons plus des musulmans de Belgique ou de France, mais bien des Belges et Français de confession musulmane. Pensons aussi à ceux qui sont des victimes de Daech en Irak, en Syrie, qu’ils soient chrétiens ou musulmans chiites et sunnites. Leur sang a la même valeur que le nôtre.
Restons debout et unis
La tristesse nous envahit, mais aussi la colère. Certains écrits ou discours, même de chrétiens, véhiculent le rejet, brisent la main tendue. N’y cédons pas. Reprenons ceux qui, dans notre entourage, partagent dans leurs propos et sur les réseaux sociaux, la stigmatisation des réfugiés, des étrangers, bref de celui qui nous est différent. Ce que Bernard-Henri Lévy appelle la « pureté dangereuse ». Soyons des partisans convaincus et acharnés du « vivre ensemble ». Un vivre ensemble réel, ce qui implique un « vivre avec » et pas un « vivre à côté ».
Posons-nous les bonnes questions
Il est plus que temps de se pencher sur la manière d’en finir avec Daech. Attendre que la situation pourrisse, notamment en Syrie, n’est pas la solution. Dans l’interview qu’il nous a accordée à la fin du mois d’octobre, Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’œuvre d’Orient de France, nous interpelle: « Pourquoi voulez-vous que les sunnites, aujourd’hui, se débarrassent de Daech s’ils se sentent menacés par les gouvernements centraux de Bagdad ou de Damas? Il faut bien leur proposer une alternative. Il faut apprendre à respecter les populations et à ouvrir des chemins d’espérance. »
Par ailleurs, vouloir empêcher des jeunes de partir en Syrie pour revenir ensuite et se transformer en assassin est essentiel. Mais, en amont, il faut faire notre examen de conscience: comment expliquez-vous que des jeunes Européens partent combattre aux côtés de Daech? Comment ces jeunes adultes, pas tous issus de familles musulmanes, peuvent avoir envie de rejoindre ce groupe aussi cruel? Qu’avons-nous raté? Notre société ne donne-t-elle aucune perspective d’avenir à notre jeunesse? Comme le disent nos évêques dans leur communiqué: « Colère et tristesse peuvent l’emporter aujourd’hui. Demain, nous devons, tous ensemble, réfléchir pour dynamiser les lieux de dialogue qui contribuent déjà à évaluer le passé et à préparer l’avenir, et peut-être à en créer de nouveaux. »
Agir pour la paix!
Arrêtons les discours matamoresques du style « nous anéantirons Daech ». C’est de la musculation verbale. Ce qu’il faut, ce sont des actes. L’humanité est en guerre, non contre un peuple ou une religion, mais contre le mal à l’état pur! Stoppons-le. Pas en se laissant prendre au piège des discours guerriers et de rejet. Que nos autorités cessent de voir dans les religions, des facteurs de conflits. Au contraire, elles sont facteurs de paix. Aucune religion ne tolère que l’on porte atteinte à la sacralité de la vie! Aucune cause ne justifie que l’on supprime cette vie. Ceux qui croient combattre au nom de Dieu se trompent: ils ne sont pas des guerriers de la foi, mais bien des assassins. Mais, nous ne pouvons nous empêcher d’avoir une pensée pour ces jeunes terroristes. Au moment d’agir, n’étaient-ils pas convaincus de la justesse de leur action, endoctrinés par des « maîtres à penser », qui restent bien à l’abri? C’est eux qu’il faut empêcher de nuire.
Il y a urgence
Oui, il est impératif de ne plus attendre. Nécessaire aussi de protéger nos acquis de liberté, de solidarité, de fraternité pour paraphraser la devise nationale de la France. Tous ensemble, là où nous sommes, nous pouvons faire en sorte que la terreur recule. N’entrons pas dans cette spirale de haine et de violence que certains veulent installer. Ne laissons pas la peur guider nos choix. Ne leur donnons pas ce qu’ils veulent. N’écoutons pas ceux qui nous prophétisent des lendemains encore plus terribles. Ne nous laissons pas impressionner par les menaces de Daech et d’Al-Qaïda. Certes, ne soyons pas naïfs, cela peut arriver. Mais, en nous levant, en disant « non » au rejet, à la discrimination, au racisme, nous gagnerons. Nous gagnerons parce qu’à l’inverse de ce qu’affirmait Oussama Ben Laden, « nous aimons la vie plus que la mort ». Parce que nous avons cette espérance qui surmonte le désespoir. Et comme croyants, nous gardons dans le cœur, au-delà de la peine et de la colère, deux phrases: « Ce que vous faite au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » et « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix, là où est la haine, que je mette l’amour. » Car, nous en sommes sûrs, Dieu pleure avec nous.
La rédaction et l’équipe des Médias Catholiques
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire