P JM Bouhans
« J’ai obtenu cet enfant en réponse à ma demande. Je le
donne à la demande du Seigneur pour qu’il en dispose ». Voilà ce qu’explique
Anne, la maman de Samuel au grand prêtre qui, quelques années auparavant,
l’avait humiliée, lui disant d’aller cuver son vin ailleurs alors qu’elle
pleurait et priait le Seigneur pour avoir cet enfant. Elle n’était pas saoule
et me saoulait pas Dieu avec ses prières ! Elle avait confiance tout
simplement. Et la traduction liturgique a beaucoup simplifié les choses parce
dans le texte original, on ne sait plus qui d’Anne ou du Seigneur a demandé cet
enfant. Que retenir ? Samuel est donné à cette femme pour qu’elle le donne à
Dieu. Il ne s’agit pas ici de sentiment, ni de mainmise sur la carrière du fils
mais d’une attitude devant Dieu. Samuel est accueilli comme une grâce pour le
restituer au Seigneur. Anne ouvre un long chemin… qui va de Silo à Jérusalem et
bien d’autres cœurs s’y engagent à travers l’histoire. Le dernier verset : «
ils se prosternèrent devant le Seigneur », c’est selon les manuscrits : au
pluriel comme ici, au singulier dans d’autres manuscrits, au féminin ailleurs
encore ou même quelquefois inexistant. Se prosterner devant le Seigneur : une
grande liberté, aucune obligation, à chacun d’en décider. Le psaume qui a
suivi, c’est précisément le cantique d’Anne : pour cela aussi, elle nous ouvre
le chemin de la prière.
Marie s’est mise en route sur ce chemin ouvert par Anne :
attente d’un enfant pour le Seigneur, louange et prière devant Dieu… Et elle le
reconnait : « Le Seigneur a regardé l’humiliation de sa servante ». Là, Marie
parle vrai ; son humiliation vient des circonstances de sa grossesse : porteuse
hors mariage d’un enfant conçu de père inconnu, elle est déchue de ses droits
civils et religieux. Mais Dieu s’est penché et a vu… - et aurait-il pu ne pas
voir ?- alors tout n’est pas perdu.
Marie se trouve alors chez Elisabeth et le sursaut de confiance suscité par
l’accueil d’Elisabeth… - et l’exemple d’Anne leur ancêtre de jadis - les place
toutes trois sur le même chemin de la louange et une louange à la mesure de la
crainte, de l’humiliation première. C’est l’expérience aussi de ce matin : tout
remettre à Dieu… avec le pain et le vin, la petitesse, l’humilité de l’offrande
pour une grande louange !
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