Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Isaïe 52,7-10 ; Psaume 97 ; Hébreux 1,1-6,
Jean 1,1-18
Ce
souhait résonne ces jours dans toutes les langues du monde - ou presque -, dans
toutes les situations.
Joyeux Noël !
…au
cœur même des épreuves, des guerres, de la violence, de ceux qui travaillent et
veillent sur les autres, comme au cœur de la fête, des rencontres familiales et
des réjouissances.
En
cette fête, ce souhait qu’on voudrait voir se réaliser est un signal fort,
comme un souffle qui traverse le monde - nos cœurs -, et qui nous
dépasse ; il vient d’ailleurs et il vient de nous.
Joyeux Noël !
…sans
qu’on en connaisse toujours l’origine et le pourquoi.
« C’est
quoi, pour toi, Noël ? » - Je faisais cette question, avant-hier, à
un jeune garçon, en rencontrant ses parents. La réponse a été difficile :
« Ben, en fait… c’est la fête, on a des cadeaux, on est tous invités chez
la Mamy… »
« Et
encore ? » - « En fait, ma Mamy, elle m’a dit que Noël, c’est
quand Jésus est né, et que depuis ce temps-là, Jésus, il est toujours avec
nous… »
J’ai
osé demander : « Et toi, tu y crois ? » - « Ben oui,
des fois je fais une prière. » - « Très intéressant !... »
On
s’est arrêté là - les courses pressaient !
A
Noël, c’est comme dans la crèche, à l’étable - tout se mêle : douceur
de l’enfant, présence, sourire et tendresse de Dieu, soin et disponibilité de
Marie et Joseph, les garnements de bergers qui ont un cœur d’or, les animaux
qui soufflent et grognent, le monde de Dieu qui chante la paix… bientôt, des
savants qui vont arriver de loin.
Comme
dans la vie, comme dans nos vies ; la crèche, c’est nous, c’est ce monde,
disions-nous cette nuit.
« Le Verbe s’est fait chair » (Jean 1,14). C’est là que Dieu prend corps, c’est là
qu’il demeure, dans nos demeures de chair et de sang, d’esprit et de désir, de
lumière, de paix, d’un peu de bonheur, mêlés à la paille de nos égoïsmes, à la
mauvaise herbe de nos méchancetés, aux obscurités de nos cœurs parfois en panne
de lumière et de chaleur.
Dieu
se fait chair, humanité, charnel, pour que nous devenions un peu lui.
Il
y a plein de Dieu en nous. « Nous sommes nés de Dieu », vient de nous
dire Saint Jean (cf. 1,13). Dans cette humanité, faite de ce qu’il y a de
meilleur en nous, et du moins bon, Dieu a plongé, par son Fils - le Christ -,
pour la guérir et en faire ce qu’elle est vraiment et ce qu’elle est appelée à
être : la semence de Dieu où sa famille pourrait se reconnaître frères et
sœurs, parce que tous nés de Dieu, dans la grande diversité de ce que nous
sommes.
Jésus
- de la crèche, de la Croix, et d’Emmaüs - est le visage humain de Dieu.
« En lui est la vie, et la vie est la lumière qui éclaire tout
homme », répète Saint Jean qui en avait fait l’expérience.
Cette
vie nous fait sans cesse naître et re-naître à du neuf en nous, à de nouvelles
pousses, plus fortes et plus belles que les épines ou le chiendent. Cette
lumière éclaire et réchauffe les obscurités et les froidures de nos existences,
de la vie du monde. Elle n’éblouit pas, elle n’aveugle pas - elle balise le
chemin, elle indique la sortie, elle rassure d’une présence.
« Je suis la lumière… » (Jean 8,12). Notre monde, souvent, veut éblouir, et
il éclaire peu…
L’enfant
dans la crèche n’éblouit pas – il éclaire, il réchauffe par sa seule présence.
C’est
peut-être tout ça qu’il y a au fond des cœurs – des nôtres – à Noël, comme une
source qui jaillit des profondeurs de ce que nous sommes, de ce que nous sommes
appelés à être - source qui jaillit de la vie et de la lumière de Dieu en
nous. Cette source voudrait irriguer nos existences, notre être, nos relations,
notre monde, pour un meilleur, pour le meilleur.
Désensablons
cette source, laissons-la jaillir. C’est une grâce de Noël.
Nous
sommes nés de Dieu – il habite en nous. Il est la vie et la lumière.
Alors :
Joyeux Noël !
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