dimanche 6 décembre 2015

Homélie 2e dimanche Avent C 2015 -

Homélie 2e dimanche Avent C 2015 -
 Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Baruc 5,1-9 ; Psaume 125 ; Philippiens 1,4-6.8-11 ; Luc 3,1-6

« Tu prêches dans le désert, mon pauvre Maurice ! »

Je ne dis pas ça pour vous, que je vois bien attentifs. C’est ce que m’avait dit un bon Père Curé, déjà âgé et très gentil, qui m’avait invité à prêcher la fête patronale de sa paroisse.

« Tu prêches dans le désert ! »

Ça n’était pas très encourageant pour le jeune prêtre que j’étais ! Mais je me suis dit : « C’est comme ça qu’on apprend le métier ! »

Ce souvenir m’est revenu en lisant cet évangile : ça arrive à tous de parler dans le désert !

Jean-Baptiste, non seulement il prêche, mais il crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur ! » (Luc 3,4)

Qui pouvait bien l’entendre dans le désert ? Et comprendre ses paroles : « Redressez les virages, comblez les ravins, aplanissez les bosses, enlevez les cailloux – pour faciliter la venue du Seigneur, venant nous rejoindre, et apporter son message de bonheur : « Tout être verra le salut de Dieu ! » (Luc 3,6)

Ce message que nous adresse Jean-Baptiste, il l’a reçu dans le désert ; il nous le transmet dans nos déserts.

Le désert est un lieu difficile, aride ; c’est aussi et surtout un état intérieur de sécheresse, de traversée, où on se trouve face à soi-même, à ses choix, face à sa fragilité et à sa générosité.

Le désert nous dépouille de l’accessoire, du superflu, des désirs superficiels, pour creuser un désir plus profond et plus vrai : celui d’accéder à un point d’eau - d’eau vive -, le désir de nous réaliser selon le cœur de Dieu.

« Nous irons trouver la source, dit Saint Jean de la Croix, même de nuit. » (Poésie IX) Seule la soif peut nous éclairer. Seul le désir peut nous faire trouver le chemin de la source, pour un plus, un mieux, une vie ensemble, un ajustement de nos existences toujours mieux accordées au désir de Dieu sur nous.

Sur ce chemin, le Christ nous rejoint, si nous lui ouvrons la route, et la porte !

« Préparez le chemin du Seigneur ! »

Ecoutons la voix de Jean-Baptiste dans nos déserts - déserts propices à percevoir une voix intérieure, loin des multiples bruits.

Redresse en toi ce qui est tordu, ça ira mieux pour se rejoindre, se comprendre ! Comble en toi les ravins et les ornières des discordes qui coupent la route des relations ; nivèle en toi les bosses – ou les montagnes – d’égoïsme et d’orgueil qui isolent ; enlève en toi les cailloux des jalousies, de la méchanceté, qui font trébucher et tomber.

Quitte en toi tes sentiments de tristesse, pour te laisser envelopper du manteau d’amour de Dieu - source de paix et de joie intérieures. C’est la première lecture et notre chant d’entrée.

Mais c’est vrai que bien souvent nous aimons encore bien nos vieux habits, comme nos vieilles chaussures – on est tellement bien dedans ! Ils se sont faits à nous !

Alors que l’Evangile fait toujours du neuf en nous : « Voici que je fais toutes choses nouvelles », dit le Seigneur. Se laisser « rhabiller » intérieurement par la grâce du Seigneur, le laisser réaménager notre intérieur pour sa venue, c’est le temps de l’Avent, le temps du grand désir de l’attente… le temps de nous laisser conduire par Dieu, dans la joie, à la lumière, avec sa miséricorde. C’est aussi la première lecture, et l’étoile de notre semaine.

Prions avec cette très belle prière qui a ouvert notre Eucharistie et qu’on peut redire cette semaine : « Ne laisse pas le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton Fils. »

On ne demande pas d’être débarrassés des soucis – on en a toujours – mais qu’ils ne soient pas un obstacle à notre désir et à notre marche.

« Eveille en nous l’intelligence du cœur » - une des plus belles qualités intérieures : pas un paquet de connaissances, mais un cœur qui comprenne, qui aime, qui s’éveille au désir d’une source dans nos déserts et les déserts du monde.

Le Seigneur vient ; ne lui barrons pas la route ! 

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