Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Sophonie 3,14-18a ; Cantique Isaïe 12 ;
Philippiens 4,4-7 ; Luc 3,10-18
Avec
toutes les communautés chrétiennes du monde, aujourd’hui, répondons joyeusement
à l’invitation du Pape François. Entrons dans une Année Sainte, une année de
Jubilé de la Miséricorde, ouvrons tout grand la porte de notre cœur.
Année
Sainte – temps favorable pour raviver en nous le don de l’Amour que Dieu nous
fait, et pour le redonner.
Année
de Jubilé - temps favorable de remise à zéro des compteurs, des fautes,
des peines, de ce qui grippe les relations avec Dieu, avec les autres, avec
nous-mêmes.
Année
de miséricorde - temps favorable pour goûter un baume et une bouffée de
tendresse dans la dureté de nos existences et de notre monde.
Année
de renouveau spirituel « pour que le témoignage rendu par les croyants
soit plus fort et plus efficace », dit le Pape François.
Toutes
ces insistances ne sont pas particulières à une année précise. C’est tout le
temps, toutes les années et tous les jours que nous avons à être
« miséricordieux comme notre Père est miséricordieux. »
« C’est
vrai, dit François, mais il y a des moments où nous sommes appelés de façon
plus urgente à vivre et à témoigner de cet amour infini de Dieu. »
C’est
le cas de notre temps. Notre temps est dur, un « temps de brutes »,
me disait encore hier quelqu’un « en galère » ! « Ce temps
a besoin de tendresse, de miséricorde », dit le Pape. Ce qui ne veut pas
dire, de médiocrité, de faiblesse, de laisser tout faire, de gnangnan
gélatineux à la recette du « tout le monde il est beau, tout le monde il
est gentil, alléluia. » Avoir besoin de miséricorde, mais pas d’une
certaine « condescendance de pitié », de ceux qui se croient indemnes
de tout besoin de pardon.
La
miséricorde n’est pas un gommage de la justice et de la vérité : elle est
une force, une énergie intérieure, qui a sa source dans la toute-puissance de
Dieu, une « toute-puissance » qui consiste justement à faire
miséricorde, parce qu’elle est toute-puissance d’amour.
La
Miséricorde, c’est le nom de Dieu, sa carte d’identité, son être, sa qualité
première, qui se manifeste dès l’origine et au cours de l’histoire humaine,
cœur et manière de faire de Dieu rendus visibles dans et par Jésus de Nazareth,
le Christ – et par nous aujourd’hui.
« Miséricorde,
force de révolution de la tendresse pour notre temps », dit encore
François.
Notre
temps est dur – non seulement par les attentats, la guerre et la
violence ; nous le rendons dur aussi par les situations sociales,
familiales, économiques, politiques, aussi dans nos relations toutes proches de
notre quotidien – peut-être dans une Communauté religieuse…
Hier,
à 11 heures, alors que j’essayais d’écrire ces quelques pauvres lignes,
mesurant à la fois la difficulté et la nécessité, l’enjeu, de donner écho à ce
message essentiel, vital, qui nous est adressé aujourd’hui, je décrochai le
téléphone m’annonçant que dans une famille amie très proche, le papa, 50 ans,
venait de se donner la mort : soucis de boulot, de santé, fatigue… mystère
et secret de chaque personne, drame des proches… On se sent bien démuni et
petit.
J’avais
en même temps sous les yeux ces lignes du Pape François annonçant cette année
de Miséricorde : « Il y a des moments où nous sommes appelés de façon
encore plus pressante à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir
nous aussi signes efficaces de l’agir du Père miséricordieux. » Pour les
« miseri » qui ont besoin
de soin, de compassion, de toutes sortes – « cord
– cordis » : un cœur qui bat, qui agit, qui fait vivre, qui
aime : c’est le cœur de Dieu.
Notre
cœur est à son image et à sa ressemblance.
« Soyez
miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »
« Heureux
les miséricordieux » + chaque jour, cette année et toujours, au quotidien.
C’est
une source de joie et de paix intérieure.
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