Carmel de Saint-Maur - P. Maurice Boisson
Textes: Ac 15, 1-2.22-29; Ps 66; Ap 21, 10-14.22-23; Jn
14, 23-29
On est gâtés, en ce
temps de Pâques ! Chaque dimanche nous offre un cadeau, un Présent, pas un
gadget, mais un bien vital, essentiel à la vie personnelle et collective.
« Je vous donne un
commandement nouveau : ‘Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai
aimés’ », c’était dimanche dernier : le don de notre signe
distinctif. Ce matin c’est le don de la Paix qui nous est donné, dimanche
prochain celui de l’unité, du vivre ensemble. Autant de facettes d’un même don
qui nous sera fait à la Pentecôte : celui de l’Esprit Saint, le don de
l’Amour, de la lumière, de l’énergie, de la santé de Dieu. Ces dons sont le
testament de Jésus, et les signes de sa présence de ressuscité aujourd’hui.
C’est sérieux, ça nous engage. Ces dons de l’Amour, de la Paix, de l’unité, de
l’Esprit Saint, ne sont pas des idées, ni des considérations, même mystiques.
Ils sont ce qu’est Dieu lui-même. C’est le Père Noël qui nous donne des choses,
Jésus le Christ nous donne ce qu’il est, et ce qu’est Dieu.
« Je vous donne, je
vous laisse ce que je suis, le cœur même de Dieu : Amour, Paix, unité, mon
Esprit… « C’est lui, le Christ, qui est notre paix », dit Paul.
Un don, un cadeau, s’appelle aussi un Présent, c’est le même mot que Présence.
Un Présent rend présent celui ou celle qui le donne. Les dons, les Présents que
Jésus nous fait, sont sa Présence, réelle. Où sont Amour et charité, Dieu est
présent. Ces présents atteignent tout notre être, et la vie ensemble, pour les
transformer en Présence : « Si quelqu’un accueille ces dons, mon Père
l’aimera. Chez lui nous ferons notre demeure. Chez lui nous habiterons »,
on vient de l’entendre. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma
paix. » C’est le don de ce dimanche, de chaque heure, de toujours. C’est
le grand bienfait de Dieu pour son peuple, commente toute la Bible. Qui ne
souhaite pas la paix ? Qui n’a pas envie d’un certain bien-être intérieur
en lui-même, et extérieur, dans la vie sociale, des pays et des groupes
humains, des familles ? Pensons par exemple, aux habitants d’Alep, et de
Syrie, dont a pu voir ces derniers jours les terribles images de guerre, de
destruction, jusque d’hôpitaux et de cliniques… d’habitants, de grands
quartiers de grandes villes de chez nous, saccagés par les violences ; les
victimes de quelques terrorismes que ce soit, proches ou lointains, les gens
obligés de quitter leur pays…
En passant par les
familles déchirées, les blessés des injustices, des jalousies, des méchancetés.
Et qui ne souhaite pas sentir en lui-même une certaine paisibilité, une paix du
cœur. Les conflits intérieurs sont aussi difficiles. La Paix est au cœur de nos
aspirations, de l’être humain, et de l’humanité ; et en même temps, pour
la paix on est prêts à souffler sur la première braise de discorde, pour la
moindre chose on peut déclencher des séismes dignes de la fin du
monde !... « Que votre cœur ne
soit pas bouleversé, ni effrayé »… Je vous donne ma paix, dit Jésus, mais
pas une paix à la manière du monde ; qui serait une recherche de tranquillité´,
qu’on me fiche la paix, de repli sur soi ; de déni des conflits et des
diversités. La « Paix du christ, la Paix de Dieu, est une énergie
intérieure, une Présence intérieure d’un Présent, d’un don qui nous met sur un
chemin de ne plus nous laisser submerger
ou envahir par la violence, mais de chercher, difficile, c’est vrai, le
respect, le bien de tous, la justesse, l’ajustement de nos relations, avec
Dieu, avec les autres, avec nous-mêmes. Ce don de la paix nous engage. C’est le
premier et le dernier mot de la Messe. On le chante au « gloire à Dieu »,
c’est le premier mot du Notre Père, « notre » : si on a le même
Père, on est normalement frères et sœurs, appelés à vivre en harmonie. Au moins
cinq fois, avant de communier, on demande la paix, on l’accueille et on se la
donne… c’est la démarche et l’attitude logiques, cohérentes, demandées par
Jésus lui-même, pour communier, être en communion, en union avec Dieu… non
seulement avec lui, mais avec le Corps du christ que nous recevons, le Corps du
Christ qui sont nos frères et sœurs, pour être le Corps du christ.
Ce présent de la Paix
est la présence réelle du Christ, le signe distinctif, comme d’aimer les
autres, ce signe dit et réalise cette présence du Christ ressuscité et en
témoigne. C’est vital et essentiel. Pour aujourd’hui. Le pape François, dans le
document sur «la joie de l’amour », nous rappelle que le premier lieu de
l’annonce de la bonne nouvelle de l’Évangile, ce ne sont pas les églises, si
belles soient-elles, mais les gens, nous-mêmes, qui dans ce monde si violent
avons besoin de paix intérieure et extérieure, fruit de miséricorde, de ce don
du Christ ressuscité.
Au risque de me répéter,
je resterai toujours marqué par ces paroles plusieurs fois entendues de Frère
Roger de Taizé : « Tu veux la paix, et être un artisan de Paix,
commence par te pacifier toi-même… cherche en tout la paix du cœur, la vie
devient plus belle, tu pourras pacifier les autres. »
« Je vous laisse la paix, je vous donne la paix. »
Accueillons le Présent
de ce dimanche, qui nous rend donnant à notre tour la Paix du Christ.
Allez dans la Paix du Christ.
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