Carmel de Saint-Maur – P. Maurice Boisson
Textes: Ac 2, 1-11; Ps 103; Ro 8, 8-17; Jn 14, 15-16.23b-26
Passant chez des amis
pour prendre des nouvelles du papa militaire en opération au Moyen Orient,
j’arrive juste au moment où le grand garçon parlait à son papa au téléphone que venait de lui
passer la maman : « On sait que tu es bien avec nous, tu es là, on
est bien prés de toi… tiens, y a Maurice qui vient prendre de tes nouvelles…
s’adressant à moi…il te dit de prier pour eux, et qu’il est bien proche,
etc. » Une absence présente…
Je me disais que
parfois, je suis à côté de gens, tout près, je leur parle… c’est comme s’ils
n’étaient pas là, absents. C’est pas
votre cas, bien sûr… une présence absente !
Une expérience de la Pentecôte
est celle d’une absence visible, physique, qui devient une présence plus
intense encore- 50 jours après Pâques, Jésus, ayant disparu visiblement au
regard de ses amis, il leur est présent, il nous est présent autrement, plus
intensément, plus efficacement –une présence qui passe à travers les frontières
intérieures et extérieures, qui déverrouille non seulement les portes de la
maison où étaient enfermés, par peur, les apôtres, mais déverrouille les cœurs.
L’événement de Pentecôte
est la réalisation aujourd’hui d’une promesse, celle du don de l’Esprit Saint,
une manière autre pour le Christ ressuscité, d’être avec nous… « Avec mon
Père, dit Jésus, nous viendrons vers lui, et chez lui nous ferons notre demeure »,
c’est notre évangile. L’Esprit habite en vous (c’est la 2de lecture). Cette
présence remplit l’univers, on le chante… « L’esprit Saint que le Père
vous enverra vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit… » Ils
furent remplis de l’Esprit Saint… une manière nouvelle pour le Christ
ressuscité de nous être présent, d’une présence réelle. « Vous êtes le
temple de l’Esprit », dira saint Paul.
D’accord, mais le Saint
Esprit, ça se voit pas, me disait un garçon au caté… est-ce que tu vois l’amour
de ton papa et de ta maman ? En fait… c’est quand ils me consolent, qu’ils
prennent soin de moi, qu’ils me font un bisou, même quand j’ai pas été gentil
et que je me cale contre leur épaule ! Oui, Yann, tu vois l’amour de tes
parents à ce qu’ils font, et surtout à ce qu’ils sont pour toi. L’Esprit Saint
tu le vois à ce qu’il fait.
Une maman qui essayait
de parler un peu de la Pentecôte à ses enfants, me disait, ma petite fille m’a
dit « Maman, tu sais, je crois que j’ai reçu l’Esprit Saint… en ce moment
j’ai toujours envie de faire du bien et d’être gentille avec les autres. On reconnaît
l’Esprit Saint à ce qu’il produit. C’est
le récit de la 1e Pentecôte. Un grand coup de vent… tu ne vois pas
le vent, tu vois ce qu’il fait, il décoiffe ! C’est le souffle ! Le
souffle de Dieu de l’origine qui a donné la vie. Le souffle qui fait tenir
quand on est à bout de souffle. « Je ne sais pas comment j’ai pu supporter
une telle épreuve !, me disait un ami… Il y a en nous un souffle, une
énergie, qui ne vient pas toujours de nous-mêmes. L’Esprit de Pentecôte c’est
aussi comme le feu : « Des langues, qu’on aurait dit de feu, se
partageaient et se posaient sur chacun. » il y a en chacun un peu de
braise qui réchauffe, qui éclaire, qui donne chaleur, qui assouplit nos
arthroses intérieures…
L’Esprit de Pentecôte,
c’est l’anti-tour de Babel, où on ne se comprend plus, Babel, avec ses cloisons
intérieures, isolantes, insonorisées, ces blindages de nos cœurs. « Ceux
qui parlent, ils sont Galiléens… on les entend dans notre propre langue.
Pourtant, ils n’ont pas la traduction simultanée, pour une vingtaine de pays…
Tout le monde peut comprendre le langage du cœur, de la vie, de l’amour. Tout
le monde comprend le regard d’un enfant vers sa mère et le geste des mains qui
s’unissent, de deux jeunes qui s’aiment, comme chez un couple âgé qui se
soutient. Tout le monde comprend les gestes et les attitudes de la prière quand
ils sont vrais. On connaît et reconnaît l’Esprit à ses fruits, comme on reconnaît
un cerisier à ses cerises, Saint Paul nous dit clairement quels sont les fruits
de l’Esprit Saint… ce qui nous évite de mettre et de voir l’Esprit à tout bout
de champ, même dans nos erreurs. « Ce que l’Esprit produit, dit Paul dans
sa Lettre aux Galates, 5, 22, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la
bonté, la bienveillance, la douceur et la maîtrise de soi », des attitudes
simples, qui ne vont pas faire dans les grandes théories, qui sont la présence
réelle du Christ ressuscité aujourd’hui
et qui le disent. J’aime bien redire sur la Pentecôte ce que disait un jeune de
seize ans au cours d’une retraite de préparation à la confirmation: pour
toi, qu’est-ce que c’est, l’Esprit Saint ? Pour moi, l’Esprit Saint, c’est
comme un aspirateur à brouillard
Que nos brouillards intérieurs fassent place à la clarté et à la lumière !
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