lundi 30 mai 2016

Homélie Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Homélie Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ
Carmel de Saint-Maur – P. Maurice Boisson

Textes : Gn 14, 18-20 ; Ps 109 ; 1Co 11, 23-26 ; Lc 9, 11b-17
« Ils s’en donnent de la peine ! » « Ils se donnent à fond » Et le Bernard, il ne peut pas être bien disponible… mais c’est important qu’il soit là. Rien que sa présence, ça a aidé. Etc. Etc. On en connaît des gens et on en fait sans doute partie, de ces gens dévoués à une cause, à un projet, à une association, à la paroisse, à la commune, à la famille, à une communauté, bref… aux autres.
Malgré les difficultés c’est vital, de donner de soi-même, de ce qu’on est, dans la mesure du possible, bien sûr ! On a tous en nous-mêmes quelques pains et deux poissons, qui peuvent nourrir d’autres s’ils sont partagés, distribués, donnés. C’est vital de sortir de soi, de dépasser la recherche de son propre « je ».

C’est la fête des mamans aujourd’hui, ça tombe bien pour la fête du don que Jésus nous fait de lui-même, de ce qu’il est, de son amour, de l’amour de Dieu sur nous.
Les mamans, les papas aussi, nous rappellent cette dimension fondamentale de l’être humain et de la vie ensemble : le don de soi. La maternité et la paternité ne sont pas que physiques. Que de personnes donnent aussi d’elles-mêmes et se donnent elles-mêmes pour faire naître et grandir un peu plus d’amour dans notre monde… donner de soi, se donner, c’est dans l’ADN de la vie chrétienne, c’est l’être et l’agir de Dieu, réalisé en Jésus  le Christ et semé en nous par l’Esprit Saint. C’est ce que nous fêtons aujourd’hui : la fête du Corps livré, du sang versé du Christ, fête qu’on appelait la Fête-Dieu, avec tous les souvenirs que les plus anciens parmi nous peuvent en garder.


C’est le récit de Paul, dans la 2e lecture :
« Jésus prit du pain, le rompit, et le donna a ses amis : « Ceci est mon corps qui est pour vous. » Il fit de même avec la coupe : « Ceci est mon sang versé, pour vous et pour tous « Faites cela en mémoire de moi. » Jésus, ayant aimé les siens, les aima jusqu’au bout. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »

Il les aimait, ces gens qui l’écoutaient, fatigués, ils avaient faim, la nuit tombait, l’endroit était désert. « Renvoie-les, lui disent ses amis, qu’ils se débrouillent pour manger et se loger : Mais non, dit Jésus, donnez-leur vous-mêmes à manger. » « Faites cela en mémoire de moi ! » « Mais on n’a rien, cinq pains, deux poissons, ils sont 5000 ! C’est trois fois rien !... mais, trois fois rien, c’est quelque chose, disait un humoriste… Jésus prend les cinq pains, et les deux poissons, il les bénit, les partage, et les donne aux disciples pour qu’ils distribuent. Tous ont à manger. Il en est même resté.

Quand on partage, il en reste toujours, des fois, on n’arrive même pas à finir. Quand on garde pour soi, ça s’abîme. Le pain non partagé se rassit. Ce qu’il y a de bon en nous, s’il n’est pas partagé, moisit. C’est ça le miracle ! Ce n’est pas la multiplication des pains, mais le miracle du peu de pain, partagé, distribué, donné. Il ne s’agit pas bien sûr seulement du pain matériel… Il s’agit d’offrir ce que nous sommes, le peu que nous croyons être, en toute humilité… Jésus n’aurait jamais pu partager et distribuer à manger a tous ces gens, s’il n’avait eu dans ses mains quelques pains, et poissons, qu’on lui a apportés… On ne peut pas distribuer, ni partager, rien. Nous avons tous, qui que nous soyons, un petit peu de nourriture, ou beaucoup, dans un coin de nous-mêmes, qui peut nourrir le cœur de beaucoup, si nous consentons à nous en dessaisir, et à le partager. Ce petit peu, ce trois fois rien, ou ce beaucoup, au lieu de nous manquer, remplira nos vies, comme un levain, comme une source ; ces petits geste d’attention, une présence, une écoute qui réconforte, un petit service qu’on croit banal et dont on s’excuse : « Oh, c’est rien ! » Un regard, un sourire, du temps donné, peut-être un peu d’argent partagé, du soi-même donné… alors, comme dit une très belle chanson « quand on n’a que l’amour à donner en partage, à offrir en prière, quand on n’a que l’amour, alors sans avoir rien que la force d’aimer, nous aurons dans nos mains le monde entier : « Vous ferez cela en mémoire de moi. »

Faisons-le maintenant dans cette Eucharistie, faisons-le au quotidien de nos vies.

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