Carmel de Saint-Maur – P. Maurice Boisson
Textes : Gn 14, 18-20 ; Ps 109 ; 1Co 11, 23-26 ; Lc
9, 11b-17
« Ils s’en donnent
de la peine ! » « Ils se donnent à fond » Et le Bernard, il
ne peut pas être bien disponible… mais c’est important qu’il soit là. Rien que
sa présence, ça a aidé. Etc. Etc. On en connaît des gens et on en fait sans
doute partie, de ces gens dévoués à une cause, à un projet, à une association,
à la paroisse, à la commune, à la famille, à une communauté, bref… aux autres.Malgré les difficultés c’est vital, de donner de soi-même, de ce qu’on est, dans la mesure du possible, bien sûr ! On a tous en nous-mêmes quelques pains et deux poissons, qui peuvent nourrir d’autres s’ils sont partagés, distribués, donnés. C’est vital de sortir de soi, de dépasser la recherche de son propre « je ».
C’est la fête des mamans
aujourd’hui, ça tombe bien pour la fête du don que Jésus nous fait de lui-même,
de ce qu’il est, de son amour, de l’amour de Dieu sur nous.
Les mamans, les papas
aussi, nous rappellent cette dimension fondamentale de l’être humain et de la
vie ensemble : le don de soi. La maternité et la paternité ne sont pas que
physiques. Que de personnes donnent aussi d’elles-mêmes et se donnent elles-mêmes
pour faire naître et grandir un peu plus d’amour dans notre monde… donner de
soi, se donner, c’est dans l’ADN de la vie chrétienne, c’est l’être et l’agir
de Dieu, réalisé en Jésus le Christ et
semé en nous par l’Esprit Saint. C’est ce que nous fêtons aujourd’hui : la
fête du Corps livré, du sang versé du Christ, fête qu’on appelait la Fête-Dieu,
avec tous les souvenirs que les plus anciens parmi nous peuvent en garder.
C’est le récit de Paul,
dans la 2e lecture :
« Jésus prit du
pain, le rompit, et le donna a ses amis : « Ceci est mon corps qui
est pour vous. » Il fit de même avec la coupe : « Ceci est mon
sang versé, pour vous et pour tous « Faites cela en mémoire de
moi. » Jésus, ayant aimé les siens, les aima jusqu’au bout. « Il n’y
a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
Il les aimait, ces gens
qui l’écoutaient, fatigués, ils avaient faim, la nuit tombait, l’endroit était
désert. « Renvoie-les, lui disent ses amis, qu’ils se débrouillent pour
manger et se loger : Mais non, dit Jésus, donnez-leur vous-mêmes à
manger. » « Faites cela en mémoire de moi ! » « Mais
on n’a rien, cinq pains, deux poissons, ils sont 5000 ! C’est trois fois
rien !... mais, trois fois rien, c’est quelque chose, disait un humoriste…
Jésus prend les cinq pains, et les deux poissons, il les bénit, les partage, et
les donne aux disciples pour qu’ils distribuent. Tous ont à manger. Il en est même
resté.
Quand on partage, il en
reste toujours, des fois, on n’arrive même pas à finir. Quand on garde pour
soi, ça s’abîme. Le pain non partagé se rassit. Ce qu’il y a de bon en nous,
s’il n’est pas partagé, moisit. C’est ça le miracle ! Ce n’est pas la
multiplication des pains, mais le miracle du peu de pain, partagé, distribué,
donné. Il ne s’agit pas bien sûr seulement du pain matériel… Il s’agit d’offrir
ce que nous sommes, le peu que nous croyons être, en toute humilité… Jésus
n’aurait jamais pu partager et distribuer à manger a tous ces gens, s’il
n’avait eu dans ses mains quelques pains, et poissons, qu’on lui a apportés… On
ne peut pas distribuer, ni partager, rien. Nous avons tous, qui que nous
soyons, un petit peu de nourriture, ou beaucoup, dans un coin de nous-mêmes,
qui peut nourrir le cœur de beaucoup, si nous consentons à nous en dessaisir,
et à le partager. Ce petit peu, ce trois fois rien, ou ce beaucoup, au lieu de
nous manquer, remplira nos vies, comme un levain, comme une source ; ces
petits geste d’attention, une présence, une écoute qui réconforte, un petit
service qu’on croit banal et dont on s’excuse : « Oh, c’est
rien ! » Un regard, un sourire, du temps donné, peut-être un peu
d’argent partagé, du soi-même donné… alors, comme dit une très belle chanson
« quand on n’a que l’amour à donner en partage, à offrir en prière, quand
on n’a que l’amour, alors sans avoir rien que la force d’aimer, nous aurons
dans nos mains le monde entier : « Vous ferez cela en mémoire de
moi. »
Faisons-le maintenant
dans cette Eucharistie, faisons-le au quotidien de nos vies.
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