Homélie 7e Dimanche de Pâques

 

Homélie 7e Dimanche de Pâques

Carmel de Saint-Maur – Père M. Boisson

 (Journée mondiale des communications sociales)

Textes : Ac 7, 55-60 ; Ps 96 ; Ap 22, 12-14.16-17.20 ; Jn 17, 20-26

C’est vraiment une banalité que d’évoquer les immenses changements, dans le domaine des moyens de communication, ces dernières années. Immédiatement défilent à notre esprit tous les outils, toutes les techniques, à notre disposition, pour échanger, communiquer, recevoir et donner des nouvelles, connaître, savoir, acheter, réagir, etc., cela, presque instantanément, d’un bout du monde à l’autre, ou de la pièce d’à côté ! Et on peut se voir !
On est dans le monde de « la Com ! » et c’est bien utile, souvent. Est-ce que, pour autant, on communique mieux ? Est-ce qu’on est plus proche ? Est-ce que nos relations en sont plus solides ? Au fond : est-ce que ça nous fait, non seulement comm/uniquer, mais comm/unier aux autres, c’est-à-dire, être plus unis ?
L’Église n’a pas attendu Facebook, les phones et la Web pour attirer notre attention sur cette réalité qui prend de plus en plus de place dans nos vies et dans la vie sociale.

Ce dimanche est la 50^e journée mondiale des communications sociales… En 50 ans, il s’en est passé des choses en ce domaine. Cette journée, instaurée par Vatican II, a pour but de nous rendre attentifs aux chances et aux risques dans l’utilisation de ces outils de communication.

Ils peuvent contribuer à créer des ponts, des liens, enrichir la fraternité ; ils peuvent aussi isoler, détruire les relations toutes simples, imposer des pouvoirs, de pensée, aussi asservir –comme la toile, c’est l’expression consacrée, faite des fils, des liens sur lesquels on clique pour parcourir des mondes, toile aussi qui peut rendre prisonnier… Cette journée de réflexion et de prière nous invite à être de bons utilisateurs de ces outils destinés à favoriser non seulement la comm/unication, mais la comm/union des personnes et de l’humanité.

C’est la prière que Jésus fait sur nous aujourd’hui, dans cet Évangile :

 « Qu’ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi… »

« Qu’ils soient un comme nous sommes un… »

Etre en relation, en communion, c’est l’être de Dieu et à  cette ressemblance que nous sommes faits. Des personnes en relation, pour être en comm/union.

Pour que le monde croie. C’est une des conditions, avec l’amour et la paix, de la crédibilité de notre foi. On l’a vu ces dimanches passés. « Nul n’est une île » ! Encore bien moins à notre époque. Même un ermite est en relation. C’est ce qui nous constitue humain, créature de Dieu, être en relation pour communier aux autres dans l’amour, la paix et l’unité… comm/uniquer et comm/unier ne sont pas seulement une affaire de paroles, d’écrits, d’images et de son, de tweets, de sms, de mails… Il s’agit de qualité de nos relations, de la capacité d’entrer en comm/union avec les autres, avec l’autre, il s’agit d’une disposition du cœur, qui doit guider nos manières d’être… un petit geste, un regard, un sourire, un petit signe, à celui ou celle qui a le cœur lourd, et qui est tout près de moi, c’est de la vraie communication, c’est de la comm/union, où le cœur est au-delà de la technique.

C’est vrai qu’Internet, avec tout le bien que je peux en dire, comme utilisateur et bénéficiaire, peut nous dispenser de rencontrer tellement de monde ! On peut avoir tous les moyens de communication dernier cri, rien ne remplace le regard de l’être humain. Pour cette 50^e journée mondiale de la communication, le Pape François a écrit un message, en voici quelques lignes : « Les paroles peuvent jeter des ponts entre les personnes, les familles, les groupes. Comme il est beau de voir des personnes choisir avec soin des paroles et des gestes pour dépasser les incompréhensions, construire la paix et l’harmonie. La Parole du Christ, dit François, se propose de faire grandir la comm/union, guérir les relations déchirées, ramener la paix et l’harmonie entre les familles et les communautés. » Le Pape fait le lien, c’est le cas de le dire, entre communiquer et être miséricordieux, en cette année. Notre temps de « Com » met à notre disposition des moyens inédits, pour comm/uniquer et surtout comm/unier. Le Pape continue : « Ce n’est pas la technologie qui décide de cette communication, c’est notre cœur, et notre capacité a bien user de ces moyens… pour que « tous soient un, comme nous sommes un », c’est notre Évangile, « pour que l’Amour dont tu m’as aimé soit en eux ».