P JM Bouhans
Dans la première lecture, nous sommes bien dans le livre
d’Ezékiel avec toutes les formules habituelles qui sont l’ADN du livre
d’Ezékiel : « la parole du Seigneur me fut adressée ; ainsi parle le Seigneur,
et Fils d’homme ». Que dire de cette expression ? Un fils d’homme ? C’est un
homme mais avec un accent de petitesse. Le prophète reste le petit, le
serviteur même s’il joue la provocation dans les actes qu’il pose.
Le prophète est encore à Jérusalem dans l’attente d’être
déporté et la communauté reste une engeance de rebelles, parce qu’elle ne
revient pas encore à Dieu. La conversion est un long chemin. Et le prophète
mime 24 heures sur 24 deux situations : le jour, peuple qui obéit aux ordres
des conquérants et prépare son baluchon, son sac d’exilé, ce qui pourra lui
être nécessaire pour le longue marche ; et la nuit, la tentative de fuite du
roi qui sera rattrapé par l’ennemi et aura les yeux crevés. C’est l’aveuglement
du peuple mais aussi le roi aveuglé… Bref ni l’un, ni l’autre ne verront plus
le pays.
Le sujet de l’évangile, c’est le pardon. La question de
Pierre et la remarque finale de Jésus le disent bien. Le pardon est ce qui nous
fait frère ; voilà une belle conclusion pour cette première page du discours
communautaire. Et une parabole étonnante. Un homme qui doit plus de 160 000
années de salaire. Le texte ne dit pas qu’il soit malhonnête : il est
simplement dans une situation sans issue. C’est pour cela que ce premier
serviteur ne demande pas pardon : comment pourrait-il que le roi lui remette sa
dette ; il essaie donc d’obtenir un délai et donc le roi lui donne infiniment
plus qu’il ne demande. C’est l’infinie miséricorde du roi.
Devant la violence du serviteur qui profite de la remise
invraisemblable de sa dette, et sa manière de traiter celui qui lui doit une
somme de rien (trois mois de salaire), ses compagnons sont attristés : ils
s’étaient réjouis du geste du roi et découvrent un compagnon devenu rebelle.
Ils interviennent auprès de leur roi ! Jésus demande de pardonner indéfiniment
jusqu’à 70 fois 7 fois, et sa parabole montre la difficulté de se convertir et
d’aller jusqu’au bout d’un pardon qui porte du fruit.
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