dimanche 14 août 2016

Homélie 20e Dimanche Temps Ordinaire



Homélie 20e Dimanche Temps Ordinaire
Carmel de Saint-Maur – P. Maurice Boisson
Textes : Jr 38, 4-6.8-10 ; Ps 39 ; He 12, 1-4 ; Lc 12, 49-53
« Je suis venu apporter un feu sur la Terre ! »
Ces paroles que nous venons d’entendre peuvent choquer et paraître déplacées, alors que les incendies ont ravagé terres et maisons dans le Sud ces derniers jours.
Je ne suis pas venu mettre la paix sur la terre, mais la division : ces paroles nous choquent aussi, alors que nous sommes sous la menace terroriste et que nous prions ces jours pour la paix.
Comme me disait ma grand-mère : « On n’y comprend plus rien ! On nous change la religion ! »
En fait, reportons-nous quelques instants au temps où Jésus dit ces paroles qui nous déroutent aujourd’hui :
La tension était grande entre ceux qui tenaient à garder la religion juive et ses pratiques et ceux qui adhéraient avec enthousiasme à la nouveauté libératrice du message de Jésus. Ces divisions traversaient les familles. Quand un membre de la famille se convertissait, on le dénonçait et on le mettait au tribunal. C’était un temps aussi où la religion ne faisait qu’un avec la politique et sociale. Ces situations restent bien actuelles.
Non, Jésus n’est pas un pyromane incendiaire, semeur de divisions. Il constate une réalité : le fait de croire en lui, de vivre selon l’Évangile, est une source de conflit.
C’est toujours d’actualité. Sans que ce soit poussé à l’extrême : on connaît bien cette incompréhension, ces désaccords dans les familles, les communautés, au sujet des enfants, des jeunes, entre époux aussi, entre amis, entre générations. Par exemple, se marier ou pas, faire baptiser, ou pas, ou les sujets actuels de société… Les jeunes vivent aussi ces situations de tension, parfois durement, dans leur lycée, avec les copains, copines, dans les lieux de travail.
Se dire chrétien, et poser des actes en conséquence, demande du courage, d’affronter les moqueries… sans parler, bien sûr, des événements douloureux actuels, de tueries ou de persécution. Dans ces paroles, Jésus constate que de fait, vivre à la chrétienne, selon l’Évangile, est source de confrontations. Il ne s’agit pas d’être dans le vent d’aujourd’hui, c’est l’ambition des feuilles mortes, mais d’être dans le vent de l’Esprit, comme un feu…
Le feu que Jésus apporte sur la Terre, c’est un tout autre feu que celui des armes, de la violence, de la méchanceté ; de ce qui abîme sans cesse les relations, et la fraternité… Ça, c’est le feu du diviseur, du séparateur, le diable.
Le feu qu’apportent le Christ et l’Évangile, c’est un feu passion, passion d’aimer, de bâtir la fraternité, là où on est : « Fleuris là où tu es planté ! » C’est un feu intérieur, qui claire, comme disait encore ma chère grand-mère ! Est-ce que le feu claire ? Est-ce qu’il éclaire pour savoir où on est, où on va… est-ce qu’il chauffe ? nos arthroses intérieures, nos frilosités ? Est-ce qu’il rassemble ? Faites un feu et des gens viendront… Ce feu, est-ce qu’il attire ? On aime bien aller près du feu… Est-ce qu’il nettoie en brûlant les saletés de nos cœurs ? Est-ce que le feu claire ? Remets du bois, surtout ne le laisse pas s’éteindre…
C’est à nous d’entretenir ce feu qu’apportent le Christ et l’Évangile, il nous est confié, sinon il devient quelques tisons et cendres fumantes avant de s’éteindre. C’est souvent hélas, l’image qui est perçue. Le christ ressuscité allume en nous, au plus intime de nous-même, un feu : une présence intérieure, une présence est toujours comme un feu. Il rend nos cœurs tout brûlants, souvenez-vous, sur nos chemins d’Emmaüs, chemins de misère et chemins d’espérance, quand tout semble sombre, froid, et pourtant une petite flamme, une douce petite chaleur, une présence… claire !
Ce feu du Christ n’est pas un immense incendie destructeur, ni des cendres mourantes, il est vie et amour. C’est à nous de l’entretenir tant bien que mal, ce feu qui éloigne les bêtes, mais qui attirent les âmes qui ont froid, disait Mauriac. Ne laissons pas mourir le feu. Il peut s’éteindre tout seul, si nous ne faisons pas attention. Je suis venu apporter le feu de l’amour, à ne pas confondre avec « les feux de l’amour » de la T.V.
Me reste toujours à la mémoire, et surtout dans mon cœur, et dans ma vie, l’appel de ma grand-mère, du bout de la maison « est-ce que le feu claire ? » Laisse-le pas s’éteindre. Remets un bout de bois. Ainsi nos vies, habitées du feu de l’amour du Christ ressuscité. Nous avons à le communiquer, pour que personne n’ait pas froid au cœur, personne ne soit dans la nuit, personne ne soit seul, est-ce que le feu claire dans nos cœurs ?


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