Homélie 22° dimanche C
Carmel de Saint-Maur - P. Maurice Boisson
Lc 14, 1a.7-14
Bien que la météo nous tourne encore vers les vacances, on
dirait que l'on sent comme un petit air de rentrée ! Ça repart, ça reprend !
Comme on dit. Dans une ambiance un peu
difficile, de conflits, de crainte en même temps de désir d'apaisement et de jours
meilleurs dans notre société.
La Parole de Dieu de ce dimanche, comme chaque fois, à quelque
chose à nous dire : elle nous est donnée pour nous aider à vivre.
Invité à un repas, Jésus s'amuse à observer les invités. Il y a
ceux qui cherchent à se placer, en bonne
place bien sûr, ils se poussent et glissent avec ruse ou ostentation vers les
premières places. La maîtresse de maison peut leur dire : "Excusez-moi
mais vous occupez les place de Monsieur et Madame Untel, descendez plus bas...
On n'est pas fier! D'autres invités sont en bout de table, à qui on peut dire :
"Mais voyons, montez donc, votre place est plus haut !
"Quiconque s'élève sera abaissé et qui s'abaisse sera
élevé" conclut Jésus en nous invitant à l'humilité, comme en écho à la
première lecture : " mon fils, accomplis toute chose dans l'humilité et tu
seras plus qu'un bienfaiteur....La condition de l'orgueilleux est sans remède
car la racine du mal est en lui."
Bien sûr, être humble, ne
pas donner prise aux racines de
l'orgueil en nous peut paraitre
aujourd'hui vieux-jeu et dépassé.
Pourtant, ce message d'aujourd'hui attire notre attention sur
une disposition intérieure non d'abord de savoir-vivre mais de savoir-être, une
qualité essentielle pour la vie personnelle et la vie ensemble. Il ne s'agit
pas d'une faiblesse, d'une démission de ce que nous sommes, d'un renoncement à
réussir, à grandir. C'est au contraire une force, une vertu, pour reprendre un
mot un peu ancien, c'est-à-dire un dynamisme, une énergie, une capacité
d'exister, conscient qu'on n'est pas tout seul, qu'on n'est pas le nombril du
monde. L'humilité nous fait grandir, en nous permettant de rejoindre l'autre,
les autres, tandis que l'orgueil nous avilit en dominant, parfois écrasant.
C'est une racine destructrice de la vie sociale.
L'humilité est une qualité de Dieu. Ça ne peut être que bon pour
nous. C'est le mouvement même de Dieu venant nous rejoindre au plus profond de
nous-mêmes. Le Christ, "du rang qui l'évaluait à Dieu" se fait l'un
de nous, "pour que nous devenions comme lui". Être humble nous fait
grands et grandir en humanité, en mettant en œuvre le meilleur de nous-mêmes,
non pas pour dominer "c'est moi je, qui..." mais pour servir et aimer
Le mot vient de humus : la terre, le terreau d'où nous sommes
tirés. C'est le même mot qu'humain, humanité, humilité : la qualité de l'humain
que Dieu rend divin en nous rejoignant.
L'humilité est la règle d'or des relations, dit le Pape
François, car on n'est pas dans les façades, ni le vouloir paraitre en se
glissant aux premières places mais dans la vérité de ce que nous sommes, sans
en rajouter ni en enlever ; dans l'accueil de ce que nous dit celui qui nous a
invités : "monte plus haut, tu peux être meilleur, tu es appelé à toujours
mieux aimer et mieux servir, non pas toi mais les autres, l'autre."
Être humble est inséparable d'aimer : si Dieu est amour, il est humble, c'est le
chemin par lequel il vient nous rejoindre. C'est le seul chemin par lequel nous
pouvons aller à la rencontre de l'autre.
L'humilité est l'aspect le plus radical de l'amour. Un regard
qui signifie je vaux plus que toi ne veut pas dire " je t'aime" il y
a hélas tant de fausses humilités qui consistent à se déprécier, à se
sous-estimer et à croire - mais on n'y croit pas- qu'on ne vaut rien, etc... Ce
qui est souvent un orgueil déguisé ou un prétexte à la paresse ou à la
médiocrité.
Être humble, c'est surtout regarder avec le regard aimant de
Dieu : soi-même, les autres, le monde. Dans la lucidité de reconnaitre que le
bien, le bon est d'abord dû à la grâce de Dieu. Il ne s'agit pas de nous
décourager sur nous-mêmes, ce qui est encore une forme d'orgueil. La vérité est
celle du chant de la Vierge Marie :" il élève les humbles" " il
disperse les orgueilleux" "il comble de bien ceux qui aspirent à être
meilleur.
Laissons le mot de la fin au dernier mot de la première lecture
:"l'idéal du sage (de l'humble) c'est une oreille qui écoute".
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