Homélie Assomption
de la Vierge Marie 2016
Carmel de
Saint-Maur – P. Maurice Boisson
Textes :
Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab ; Ps 44 ; 1 Co 15, 20-27a ; Lc
1, 39-56
Un jour, Jésus va visiter le Paradis. Il
constate qu’il y a beaucoup de monde. Il en fait la remarque à saint
Pierre : Il faudrait que tu réduises un peu les entrées ! Quelque
temps plus tard, Jésus refait une visite. Il constate que rien n’avait
changé : toujours autant de monde ! Cette fois, il se fâche et dit à
saint Pierre de fermer les portes du Paradis. Jésus revient une troisième fois.
Rien de changé, plein de monde dans le Paradis. Tu ne m’as pas obéi, dit-il à
Pierre, je vais te licencier ! Saint Pierre, tout penaud, lui
répond : Jésus, je t’assure que j’ai fermé les portes du Paradis, je t’ai
obéi ! Mais voilà ! Tu devrais demander à ta maman de ne pas ouvrir
les fenêtres !
Cette petite histoire gentille nous dit un
peu ce qu’est la fête de l’Assomption. La Vierge Marie est entrée avec tout son
être, corps et âme, dans le monde et le cœur de Dieu. Elle a eu accès en direct
au monde ressuscité de son Fils, et elle nous y entraîne avec elle, nous qui
sommes encore en chemin…
Marie n’est pas une déesse, elle est
pleinement humaine comme nous, proche de Dieu et proche de nous. Elle ne garde
pas pour elle cette assomption. Elle est ce que nous deviendrons, C’est la 2de
lecture : nous, et tous les morts dans le Christ, nous aurons notre
Assomption. Assomptés : veut dire prendre avec, assumer. Nous serons nous
aussi assomptés, pris dans l’Amour de Dieu, avec tout notre être. Ça commence
maintenant, si, comme la Vierge Marie, nous accueillons cet amour et le redonnons.
Cette fête du 15 août est la grande fête de
l’été, la Pâques de l’été, fête de l’espérance, qui rassemble beaucoup de
monde, de la petite chapelle aux grands sanctuaires… chacun retrouve en Marie
une raison de vivre, d’espérer, d’aimer, d’être meilleur. On n’est pas dans les
grandes théories, mais dans la proximité de la relation, avec quelqu’un, comme
nous, qui a connu nos misères et nos joies, et de ce fait, peut nous comprendre
et nous montrer un chemin, la première en chemin. Le chemin tout ordinaire de
la vie, pas forcément facile, qui conduit à l’Assomption.
Ce chemin, c’est celui du Magnificat :
qui jaillit d’une présence sur ce chemin. Une présence de tendresse, d’amour,
de miséricorde, une présence qui fait des merveilles, non pas que nous soyons
merveilleux, ni des merveilles, on le sait bien. Mais le don qui nous est fait
de la vie, de l’Amour, au plus profond de nos fragilités, est riche,
merveilleux pour nous, si nous savons l’accueillir et le redonner. C’est la 1e
lecture : l’humble et frêle jeune Myriam est le signe qu’est vaincu la
puissance du dragon, image de l’horreur, de la méchanceté, du mal. Elle a le
soleil pour manteau ; couronnée d’étoiles,
la lumière, la beauté, la chaleur. Le don de l’amour en la Vierge Marie,
et a chacun de nous, si nous le mettons à l’œuvre, gagnera sur les dragons de
toutes sortes, qui détruisent.
Si la Vierge Marie ouvre les fenêtres du
Paradis, c’est maintenant qu’elle le fait, le Paradis, on se le fait
maintenant… avant d’ouvrir les fenêtres, elle ouvre les portes de nos cœurs qui
empêchent la lumière, la chaleur, la rencontre. Ça n’a pas été pour elle sans
questions, sans incompréhensions, sans inconnu, mais c’est la confiance qui a
été plus forte, la disponibilité à autre qu’a elle-même, et l’humilité ;
souvent dans le silence, sur un chemin qui finalement conduira à l’Assomption,
à la réussite de sa vie et de tout son être.
En ces temps troublés et difficiles, cette fête
nous dit qu’il y a dans les cœurs une réussite possible de la vie, une source
dans les déserts, une étoile dans nos cœurs brumeux, une douceur dans la
violence, un endroit où c’est un peu plus clair et où on peut pressentir que le
jour se lèvera. Cette fête nous dit qu’il y a la présence de la grâce dans le
cœur de chacun, parce qu’elle a été en Marie…
C’est pour ça qu’elle peut nous ouvrir les
volets et les fenêtres au don de l’Amour de Dieu.
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