Carmel
de Saint-Maur - P Maurice Boisson
Textes: Ex 3, 1-8ª.10.13-15; 1Co 10,
1-6.10-12; Lc 13, 1-9
Un jour… des gens…on cause des événements ! L’Evangile commence comme
ça. Un jour, des gens-on est sur la place du village, le parking d’un
supermarché, peut-être la récréation des sœurs – Jésus est là, avec tout le
monde- tu sais la nouvelle ? Pilate a fait massacrer des Galiléens en
train de faire leurs prières… ! Et à Jérusalem, ajoute Jésus, la tour de
Siloé, elle s’est écroulée : dix-huit morts.
Et qu’est-ce que vous pensez de tout ça , vous vous dites, c’est
surement une punition de Dieu parce que ces gens ont péché.
Vous pensez que toutes ces victimes étaient de plus grands pécheurs que
tout le monde, pour subir ces malheurs. Pas du tout ! Non. Ces gens
massacrés par Pilate, ou tués sous la tour de Siloé, et les autres, ne sont ni
plus, ni moins pécheurs que tout le monde. Ce qui arrive n’est pas une punition
de Dieu… Dieu ne nous punit pas. Il souffre lui-même du mal qui nous
arrive : j’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple, c’est la 1e
lecture, j’ai entendu ses cris, je vais le délivrer, le conduire vers un pays
de bonheur,- on croirait participer à cette conversation : s’il y avait un
Bon Dieu ! Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu pour avoir tout ça !
Quand on ne dit pas : « c’est bien mérité : avec ce qu’ils ont
fait ! ». Un journaliste, lors d’une catastrophe, demandait à
quelqu’un en plein désarroi : Et vous continuez de croire en Dieu avec
tout ça ? A plus forte raison ! Dieu nous veut tellement vivants
qu’il réclame notre vie à la tombe, dit le Psaume, il est tendresse et
pitié !... Ne justifions pas tout à coup de « c’est la volonté de
Dieu », ou de « l’Esprit Saint ». C’est comme l’histoire du
figuier- un jour, des gens- on discute sur cette place, tout près d’un coin de
vigne. Le propriétaire de dire : tu vois, mon figuier, il n’a encore rien donné cette année, ça fait trois ans… j’ai dit à mon vigneron de le couper. –il m’a dit de patienter encore. Il va travailler la terre autour, mettre un peu de fumier, et il pense que ça ira. Sinon, m’a-t-il dit, tu le couperas, toi, le propriétaire, mais pas moi. Le vigneron, mon Père est le vigneron, dit Jésus, ne désespère pas. Pour le propriétaire, les fruits du figuier lui sont dus ! C’est logique dans son esprit, il doit produire du fruit, faire ce qu’attend de lui son propriétaire. S’il ne donne rien, et qu’il n’y a rien à en tirer, il n’est pas rentable, ou utile, il gêne la vigne,, « coupe-le » : on apprend beaucoup en observant la nature. Le vigneron, parce qu’il est proche de ce qu’il cultive, -il a l’expérience, il sent les choses-, le vigneron sait, que ce figuier peut avoir ses chances de redonner du fruit. Pourquoi ? Parce que tout ne repose pas sur le figuier, il n’est pas la cause de tout. Il est planté sur une terre, et si celle-ci ne nourrit plus sa sève, si cette terre n’a pas été aérée, travaillée, émondée, il ne pourra rien tout seul. Le figuier, image de nous-mêmes et des autres, a besoin de soins, d’attention, de soutien, de nourriture, avant qu’on le coupe. C’est l’attitude de Dieu envers nous, qui nous invite à lui ressembler. Il ne veut pas nous punir, ni nous supprimer, même si parfois notre cœur a tendance à sécher… Dieu nous espère, et nous invite à avoir le même regard, la même attitude que Lui… « Les vrais, les seuls regards d’amour, le regard et le soin de Dieu miséricorde, sont ceux qui nous espèrent…
Nous sommes invités cette semaine à passer du découragement à l’espérance,
c’est le message de la parole de Dieu aujourd’hui. Passer du regard et de l‘attitude
du propriétaire du figuier au regard et à l’attitude bienveillante, espérante,
et surtout active du vigneron. Passer de la résignation, du fatalisme, de
l’impuissance, des vérités toutes faites, des habitudes, à l’espérance active qui bêche le terrain, le travaille,
accueille l’engrais de Dieu, et permet de donner du fruit. En buvant à ce rocher spirituel qu’est le
Christ, la source, c’est la 2e lecture. Un jour, des gens, nous
aujourd’hui, ils parlaient des événements de la vie. Il est là, Jésus, avec
eux, avec nous, « Je Suis », comme un feu qui ne se consume pas, un
buisson ardent.
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