Homélie 5e dimanche C
Carmel de Saint-Maur. P Maurice BoissonLc, 5, 1-11
On a connu cette expérience: on a peiné, travaillé, sans aucun résultat. « Ça
n’a pas marché ; pourtant, on s’est donné de la peine, on a « passé
du temps » ! « Toute la nuit », dit Simon… et, rien.
Bredouille. L’échec et ce qui s’ensuit… fatigué, découragé, envie de tout
envoyer promener, en tout cas envie de se reposer. Comme Simon, ce petit
pêcheur et ses associés, Jacques et Jean, au matin d’une nuit de travail.
« On a peiné toute la nuit à la pêche, sans rien prendre ! »
Expérience aussi des nuits d’insomnie, de soucis, de maladie, de travail, de
veille… si on est content de voir le jour se lever, il nous trouve fatigués et
las.
Voilà bien le moment que Jésus trouve pour dire à ses amis de la pêche, qui
n’avaient, certes, pas la pêche ! « Remets ça, Simon, ne reste pas à
la surface, au bord, avance où l’eau est profonde, et larguez les filets.
Jésus nous rejoint toujours, quand il faut, sur nos chemins, dans nos épreuves, nos fatigues, nos découragements, nos échecs. Dans cette barque, on se croirait sur le chemin d’Emmaüs - dont les Sœurs carmélites nous donnent une belle méditation sur le site du diocèse.
Jésus nous rejoint toujours, quand il faut, sur nos chemins, dans nos épreuves, nos fatigues, nos découragements, nos échecs. Dans cette barque, on se croirait sur le chemin d’Emmaüs - dont les Sœurs carmélites nous donnent une belle méditation sur le site du diocèse.
Allez, repars pour une nouvelle tentative de pêche, ne reste pas à la
surface de tes impressions, de ta fatigue, ne reste pas sur la plage de ton
découragement, avance plus loin dans ton énergie profonde, dans la force et la
vie du courant de fond.
Simon a sans doute du mal à entendre ces paroles, à y croire et à s’y
remettre. Comme nous.
Juste avant, Jésus prêchait et parlait !... facile à dire. On connait
quand même notre métier, se disent Simon et ses ouvriers, on est des
pros ! Qu’est-ce qu’il connait à la pêche !
Quand le doute et le manque de confiance se rajoutent à l’échec et à la
lassitude, ça n’arrange rien.
Il y a toujours un ressort en nous. Simon, le spontané, fanfaron,
présomptueux, capable aussi de reconnaitre sa faiblesse -et c’est ce qui le
sauve-, prend Jésus au mot, on n’a rien pris cette nuit, on est K.O.,
fatigués… mais sur ta parole, je vais
jeter les filets… « Sur ta parole « : c’est toujours le sursaut
de confiance qui sauvera Simon, devenu Pierre… « Seigneur, je t’aime, tu
le sais », ce qui sauve Simon, et pour nous c’est pareil, c’est la prise
de conscience que tout seul, ses propres forces, sa compétence, sa générosité, ne suffisent
pas… J’ai pas envie, j’ai pas la force, je ne sais plus, repartir de nouveau.
Sur ta parole, la parole qui fait ce qu’elle dit, en eau profonde, au large,
avançons pour jeter les filets. Non seulement ceux-ci se remplissent à craquer,
mais les filets intérieurs se remplissent de confiance, d’énergie, de
reconnaissance- de ce qui dépasse Simon, il a été petit, ne comptant que sur
lui-même… « Eloigne-toi de moi, Seigneur, je suis un pêcheur, mais surtout
un pécheur ».
Tout cela nous ressemble très fort : notre générosité, notre bonne
volonté, notre savoir et savoir-faire, marqués par l’échec, et la tentation
d’amarrer la barque… Et la confiance, qui nous fait recommencer et
repartir. »Sur ta parole », pas seulement nos propres forces, mais
sur ta parole, et aussi la parole qui nous vient des autres, nous ne pouvons
pas tout par nos propres forces, si fortes soient-elles, nous ne savons pas
tout par nos propres connaissances, si brillantes soient-elles, nous ne maitrisons
pas tout par nos seules compétences, si performantes soient-elles- tout cela
est nécessaire- ça n’a pas suffi à Simon et à son équipe. Nous avons toujours
besoin d’énergie, de lumière, de « ta Parole », pour ne pas rester
sur la plage, à la surface, mais avancer au large, en eau profonde. Avance au
large, jetez les filets.
… Pour une autre pêche, celle-là… désormais ce sont les hommes que tu
pêcheras-que tu pêcheras… que tu sortiras de l’eau. Non pas comme les poissons,
pour les mettre dans son filet, et les faire mourir… mais pour les faire vivre.
Ça vaut la peine, de sans cesse, quitter la rive, d’avancer au large… c’est
la mission de l’Eglise.
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