Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Isaïe 40,1-5.9-11 ; Psaume 84 ; 2 Pierre
3,8-14 ; Marc 1,1-8
La préparation de Noël
s’active ! On prépare, on fait des courses, on prévoit des idées de
cadeaux, on décore un sapin, on place la crèche. Espérons qu’on a encore le
droit d’en faire une !
Au Carmel, on prépare aussi
sans doute, les célébrations, et la préparation est plus intérieure, dans la
prière.
C’est bien et c’est important
de préparer, pour la joie de tous. Est-ce qu’on a aussi le soin de nous
préparer, de préparer nous, notre cœur, notre tête,… de nous « habiller le
cœur », dit le Petit Prince.
Ce temps, avec l’ambiance de
fête, les lumières, les guirlandes, les décorations, embellit – provisoirement
– la grisaille de la morosité habituelle. C’est bien et ce n’est pas suffisant,
s’il n’y a pas en même temps de la lumière et de la beauté intérieures, de la
fraternité, de l’affection, de la vraie joie profonde d’accueillir le cadeau
qui nous est donné d’une présence, qui est la lumière, la vie, la bonté,
l’Amour.
« Mettez l’intérieur,
disait de Père Chevrier - fondateur du Prado - à ses prêtres, l’extérieur
viendra. »
Préparer, c’est surtout ne
pas oublier de mettre l’intérieur, le sens, l’âme, le cœur.
« Préparez » - c’est l’invitation de ce deuxième dimanche de
l’Avent et de cette semaine qui vient. Elle nous est proposée par les deux
grands porte-paroles de celui qui vient : Isaïe, le messager, et
Jean-Baptiste, le cousin. Ils ouvrent la route à Celui qui vient, non pas avec
des motards, des sirènes et des gyrophares, mais avec des appels à ouvrir nos
cœurs. Car la route de celui qui vient traverse nos vies, nos situations, nos
fragilités et nos désirs, et traverse la vie de notre monde.
C’est ce passage qu’il nous
faut ouvrir, préparer, désencombre : la route de ce qui fait la vie
quotidienne et banale, les joies et les soucis, pour que la grâce de l’Amour
arrive jusque-là.
« Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits
ses sentiers » (Marc 1,3 ;
cf. Isaïe 40,3)… car il vient – « Voici
votre Dieu » (Isaïe 40,9). Il est déjà là et avec lui « un ciel nouveau et une terre
nouvelle » (2 Pierre 3,13) où résidera la justice : l’ajustement
au désir et au cœur de Dieu, non seulement de nos vies, mais de la création et
de l’humanité.
Ça se travaille, ça se
prépare, ça s’accueille activement, maintenant – insistent nos deux messagers –
ils ne sont pas « décalés » dans un autre temps ! Ils pourraient
faire un journal télévisé : rendre droite la route, rectifier ce qui est
tordu, combler les ravins – de la bêtise et de la méchanceté qui tirent
l’humanité vers le trou, les escarpements dangereux, les montagnes qui
dominent, les monts « ego » - ça nous parle, c’est aujourd’hui.
« Préparez, disent-ils, faites des ponts pour relier, des tunnels
pour faire se rejoindre, et ne pas aller dans le mur, prenez patience et
prudence pour passer le nid de poule et les bosses, et arrivez sans tout
casser. »
Préparer la route au
Seigneur, c’est favoriser la relation, le lien, la communication, avec Dieu,
avec les autres, avec nous-mêmes. Il s’agit d’ouvrir des chemins dans nos
cœurs, pour que ce trésor d’Amour qui est la venue de Dieu puisse atteindre le
plus profond de nous-mêmes et de la vie du monde.
La grâce peut difficilement
passer à travers une toile cirée : elle peut pénétrer ce qui est poreux et
perméable à l’amour…
Prions, cette semaine, avec
cette belle prière qui a ouvert notre Eucharistie : « Ne laisse pas
le souci de nos tâches présentes entraver notre marche à la rencontre de ton
Fils, mais éveille en nous cette intelligence du cœur qui nous prépare à
l’accueillir. »
Eveille en nous
l’intelligence du cœur - on en a tellement besoin : ce qui nous permet de
rejoindre l’intérieur, l’essentiel, l’invisible.
Là où peuvent s’ouvrir des
chemins dans nos cœurs pour nous laisser rejoindre et habiter par la grâce, par
l’Amour qui nous est offert en ce temps, préparons ces chemins du Seigneur.
Bonne semaine.
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