Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Genèse 15,1-6 ; 21,1-3 – Psaume 104 – Hébreux
11,8…19 – Luc 2,22-40
La famille est toujours au
cœur des débats de notre société. Elle focalise beaucoup de questions
–fondamentales - touchant des domaines sensibles de l’existence humaine :
l’amour, le couple, homme/femme, l’enfant, la vie et la société elle-même –
puisque - qu’on le veuille ou non - la famille est le noyau de base de la
société ; et tout ce qui touche aussi à l’éducation est un domaine grave
et sérieux qui engage toujours un avenir.
Dans la foulée de la fête de
noël – Noël et famille vont ensemble –, les chrétiens sont invités à fêter la Sainte Famille : une fête
au cœur de la vie et de l’actualité, qui nous apporte quelques lumières.
Sainte Famille !
Etonnante famille ! Qui n’a rien d’un roman à l’eau de rose.
Une famille à laquelle nos
familles ressemblent ! Dans les épreuves et les joies qu’elles
connaissent.
Ça commence mal pour ce
couple qui va se marier : un enfant arrive, dont l’origine pose beaucoup
de questions, surtout dans la société du temps !
Que faire ? Marie et
Joseph écoutent leur cœur, leur conscience, leur confiance en Dieu. L’Amour a
le dessus.
Contre toutes les conventions
religieuses et les rumeurs mondaines, Joseph garde Marie – enceinte – avec lui. Une naissance dans la
précarité, loin de chez eux.
Le bébé en danger de mort, il
faut se réfugier en Egypte.
C’est la situation des
chrétiens d’Irak, de Syrie, des plus pauvres.
La violence était déjà là :
au cœur du plus fort de l’amour, toujours menacé.Et puis, c’est la vie habituelle à la, maison, au village.
Un jour, en pèlerinage avec
ses parents, le jeune Jésus fugue. Ses parents le grondent fort. Il leur donne
une explication à laquelle ils ne comprennent rien !
Invité à un mariage à Cana,
il s’accroche avec sa mère.
Un beau jour, le grand fils
qui devait reprendre l’affaire de Joseph pose les outils, avertit les clients,
les amis, quitte l’atelier, le village, la famille, pour s’installer – façon de
parler… - au bord du lac de Galilée, pas pour du tourisme ; là, il
rassemble quelques amis.
C’est le début d’une nouvelle
vie.
Quelques temps après, la famille
a envie de le revoir. Ils ont entendu parler de lui : il a perdu la tête,
il est devenu fou, faut aller le chercher.
« Ma famille – dit-il à
tout le monde – c’est ceux qui font la volonté de mon Père des cieux »
(cf. Matthieu 12,49).
On connaît la fin, qui n’est
pas la fin : ce fils de Marie,
de Dieu, élevé par Joseph, est condamné à mort comme un bandit. La maman prend
dans ses bras le corps de son fils – Joseph étant probablement déjà mort.
Alors, pourquoi c’est la Sainte Famille , et en plus qui
nous est donnée comme modèle ?
C’est par ce qui a animé les
trois membres de cette famille dans les événements qui arrivaient, dans leurs
relations mutuelles, et leur disponibilité à un avenir qui les dépassait mais
dont ils découvraient peu à peu le sens avec confiance.
Nos familles, nos communautés
religieuses – qui sont des familles, puisqu’on s’appelle frères, sœurs, Mère,
Père – nos familles pourraient s’inspirer de ce qui a animé la Sainte Famille , là où Jésus,
Fils de Dieu, a appris à être humain - de divin qu’il était.
Là où on apprend la grammaire
élémentaire de l’humanité : apprendre à grandir ensemble dans la
différence, à appartenir aux autres, faire l’expérience de la bienveillance -
vouloir le bien de l’autre, et que grandisse ce qu’il a de meilleur en lui -
dans le décentrement de soi et l’ouverture à l’autre.
La famille, qu’elle soit de
sang, qu’elle soit religieuse, amicale, ou qu’elle soit la grande famille des
enfants de Dieu - que Jésus a voulue - c’est toujours le lieu où on apprend à
aimer.
Ça a été l’essentiel de la
vie, de la mission de Jésus ; il l’a appris dans sa famille humaine.
« Pour faire un homme –
ou une femme – mon Dieu, que c’est long ! » - dit une chanson.
On n’a jamais fini
d’apprendre vraiment notre humanité « ensemencée de divin ». On ne l’apprend jamais seul ; Dieu lui-même est famille.
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