Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
Isaïe 52,7-10 ; Psaume 97 ; Hébreux
1,1-6 ; Jean 1,1-18
Cette année a connu un
certain nombre de commémorations d’événements divers, d’anniversaires - celui
de la guerre de 14 et celui de Sainte Thérèse d’Avila. C’est important de
garder la mémoire de ce qui a contribué à façonner une nation, une famille, on
ordre religieux, une culture, une histoire…
Quoi de plus normal que de
fêter l’anniversaire de la naissance de Jésus ? Et aujourd’hui, beaucoup
ne savent plus ce qu’est la fête de Noël. La naissance de Jésus, oui, peut-être
encore, mais ce que c’est réellement : « Le
Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1,14).
Dieu lui-même prend corps,
chair, sang et esprit dans notre humanité pour que nous devenions ce qu’il est
lui-même : Dieu.
C’est quand même pas mal
comme perspective d’avenir – non seulement personnel, mais collectif.
On le disait à la célébration
de cette nuit : Dieu met pied à terre pour que nous puissions mettre pied
au ciel - ne pas rester collés, embourbés, paralysés par la nuit…
Noël n’est pas seulement un
anniversaire - c’est une actualité permanente : « c’est Noël
chaque jour », dit un chant – une naissance permanente de la présence de
Dieu en nous et dans le monde, dans la vie.
« En lui est la vie » (Jean 1,4) – de la lumière. La vie est la lumière des
hommes. « Il est la vraie lumière
qui éclaire tout homme » (Jean 1,9).
Il est la valeur absolue de
tout être humain : né de Dieu.
« Nous allons de naissance
en naissance » - écrivait le Frère Christian de Tibhirine. C’est le grand
cadeau de Noël : naître et renaître sans cesse, quel que soit notre âge et
notre situation, à la lumière, à la vie, à l’amour.
Il faut tellement peu de
choses pour que la lumière ne reparte pas, pour que la vie s’arrête, même si on
n’est pas mort ; pour que l’amour s’éteigne, pour que la paix laisse la
place à la violence et à la méchanceté, pour que la justice soit celle du plus
fort, pour que la vérité s’agenouille devant le mensonge.
Nos ancêtres païens - celtes
dans nos régions - avaient tellement peur qu’au solstice d’hiver – aujourd’hui
– le soleil ne remonte pas ! Et le jour reprend le dessus sur la nuit.
Ils fêtaient cette victoire
du soleil invaincu en tournant des tiges de bois enflammées ; une
tradition qui se continue dans mon village, ce soir.
Cette fête païenne a été
christianisée en en faisant la fête de l’anniversaire de la naissance du Christ
– « soleil levant venu nous visiter », selon la belle expression de l’Evangile.
Le jour naît toujours après
la nuit, et de la nuit. C’est une naissance permanente de la lumière en nos
vies. Comme toute naissance, ça peut être fragile, comme l’enfant de la crèche
qui naît dans une mangeoire.
Mais « toute nuit pressent que la
lumière jaillira de l’aube qu’elle attend » (Claude Duchesneau).
Branchons-nous à cette petite
lumière de Noël – pas celle des spots qui aveuglent et éblouissent - celle de
l’intimité de Dieu parmi nous ; lumière qui rassure, comme celle dans la
chambre d’un enfant, ou celle de la chambre d’hôpital.
Ne perdons pas de vue l’Etoile
qui a guidé tout le monde : les pauvres types de bergers comme les grands
savants venus de loin.
Laissons entrer cette lumière
de Noël dans les fêlures - là où la lumière peut passer, il faut pas
grand-chose – de nos existences parfois cabossées, ou cassées, ou blessées.
« En lui est la vie, et la vie est la lumière des
hommes » (Jean 1,4) – lumière
qui les éclaire.
Une grâce de Noël, c’est le
don de la lumière à accueillir, la force de nous battre avec la nuit, pour
faire gagner le jour.
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